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LIVRE EDITÉ CHEZ SYDNEY LAURENT

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le livre de ma vie-robert brummel.

D'après le petit carnet de Madame Buy qu'elle laissa à son fils Robert Buy dit Brummel. Un résumé, des bons et mauvais moments vécus, d'un parcours artistique. Vue sur les scènes et coulisses du Music-Hall, du Casino, des Folies Bergères...

Auteurs: Robert Brummel, Robert Massart, Jean-Paul Andry

LE GRAND VOYAGE - Sur une chanson signée Charles Aznavour
"'Je m'voyais déjà".
Parole: Jean-Paul ANDRY - Interprète: Robert Brummel
Hommage à Charles Aznavour et aux grands mythes de la chansons française
Petit clin d'oeil à Robert Brummel

Robert Brummel chante depuis l’âge de 9 ans, participe à de nombreux concours de chant où souvent il est lauréat. Puis finaliste en 62 au Grand Prix International des Variétés sur RTL, il quitte Namur et monte tenter sa chance à Paris. En professionnel, il chante dans les choeurs du Théâtre du Châtelet à Paris, avec les vedettes Jean Richard et Georges Guétary. Ensuite il devient artiste au Casino de Paris pendant 3 ans, où il connaît la vedette de la revue Mick Micheyl ainsi que Marc Cab qui le parrainent pour ses compositions à la Sacem.

 

Après avoir été engagé comme artiste et doublure du meneur de revue, dans le célèbre Music-Hall des Folies Bergère de Paris, enfin il mènera la revue avec la vedette Michèle Frascoli de retour de Las Vegas. Auteur, compositeur, chanteur, interprète, il enregistre une composition chez les disques Germinal, ensuite Bourbon records, CBS et Vogue, puis producteur d’un LP de ses imitations.

 

Show-man et aussi imitateur des vedettes de l’époque, il a fait de nombreux cabarets à Paris notamment chez « Patachou », « Ma Cousine », sur la butte Montmartre, « Lapin Agile », « Don Camillo », « La Tête de l’Art », « La Belle Époque » et bien d’autres…

 

À présent retraité, la passion de la chanson, et la chaleur du public lui tiennent toujours à cœur. En janvier 2018 il a sorti un album Vol 3 dans lequel il chante des chansons d’Artibano.

 

Son souhait : faire des émissions de Télé, un documentaire, ou un film long métrage sur sa vie. Avec des sponsors sérieux…

PROMO SORTIE DU LIVRE - DERRIÈRE LE MIROIR DU SHOW-BIS

Robert Brummel a le grand plaisir de vous offrir en lecture gratuite, les 30 premières pages du livre de sa vie.  Posez-vous, préparez-vous à un voyage quelque années en arrière, à l'époque où les radios-crochets traversaient la France et montaient les chapiteaux partout dans les villes ! C'est ainsi que le petit Robert s'est affirmé mais confirmation et validation du talent qui l'habitait, aucun des grands noms de la radio, de la télé voire des music-hall et cabarets où il s'est produit, n'a su se manifester pour lui ouvrir la voie de la chanson ! Qu'importe ces animateurs, qu'importe ces médias, nous savons, nous public, que même à l'âge de quatre-vingt-trois ans, la tessiture de voie est toujours puissante et agréable à entendre !

LE LIVRE de ma VIE ou Derrière le grand miroir du Showbiz !

Écrire une autobiographie est un exercice qui demande une attention de tous les instants brider son égo devient une nécessité. Les dérapages, contrôlés ou non, ne sont jamais loin de la plume. Il ne suffit pas d'ouvrir les tiroirs de la mémoire, sortir les souvenirs et les coucher en vrac sur le papier. Il faut pouvoir fermer les volets du présent et adopter une allure de sénateur.

Écrire un livre sur sa vie, c'est creuser, tamiser ses souvenirs comme le ferait un orpailleur. C'est venir et revenir encore sur telle et telle situation c'est pouvoir habiller celles-ci des costumes d'époque avec le contexte de l'époque. C'est fixer le blanc d'un plafond durant des heures en gardant une intégrité digne d'un miroir.

Comme le chantait le grand Charles Aznavour, petit de taille mais énorme de par le talent « Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître », je vais vous faire partager le chemin de vie qui fut le mien. Vous faire partager ces moissons de bonheurs et de malheurs, un destin qui n'a eu de cesse de se nourrir de cette dualité qui ne cessa de se la jouer au ping-pong ; les jours et les nuits se succédant immuables, comme écrits de la main de Dieu. Une valse à mille temps dansés dans la vie parisienne. Les jours et les nuits de cette ville qui traversés par un fleuve appelé Seine où je courais le cachet. De la Seine à la scène parfois pour y nager que peu de temps, parfois pour me noyer dans les tourbillons créés par cette faune parée de paillettes et de strass si éloignés de ce que le public croyait savoir. Côtoyer les étoiles des années 60, regarder vivre ces personnages chanter, danser, jouer la comédie, brûler la vie, être à leur côté pour vivre cette exaltation que procure la gloire, le graal dans lequel j'espérais un jour boire jusqu'à l'ivresse, celle qui vous emporte dans un autre univers. La trépidante course aux succès, voilà ce que fut ma vie de troubadour des temps modernes, ce long chemin de vie, je vais vous le coucher sur papier.

" Le livre de la vie est un livre suprême que l'on ne peut ni ouvrir ni fermer soi-même... ."

 

J’ignore si cette phrase est de mon frère aîné Maurice, qui fut cet homme passionné de cinéma dans sa jeunesse, en tant qu’amateur, réalisateur après la grande guerre et qui mit sur bobine, à la fois scénario et films, tous émanant de son imagination. Toujours est-il que je lui concède cette bien belle phrase qui me semble être justifiée et propre à son individu...

Il faut savoir que mon frère était un passionné de cinéma, comme je fus plus tard un passionné de la musique et de la chanson, c’est pour cette raison qu’il entreprit la réalisation de quelques scenarii et petits films sur des pellicules de 8 et 9.5mm, dont l’un des court-métrages, fut primé au Festival de Cannes.

Pourtant, rien encore, ne prédestinait un tel penchant pour le cinéma. Maurice, horloger, bijoutier de profession à Namur, contrairement à moi, ne pouvait prétendre à « tenter sa chance », abandonnant ce qu’il avait construit, famille et profession, et quand je pense à la dextérité et ce savoir-faire qu’il avait au bout des doigts, je me dis qu’il aurait été certainement musicien hors-pair, à condition bien sûr, de savoir…  « battre » la musique avec tous les instruments qu’on lui connaît, mais cela n’était pas gagné !

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" Le livre de la vie est un livre suprême que l'on ne peut ni ouvrir ni fermer soi-même... ."

 

J’ignore si cette phrase est de mon frère aîné Maurice, qui fut cet homme passionné de cinéma dans sa jeunesse, en tant qu’amateur, réalisateur après la grande guerre et qui mit sur bobine, à la fois scénario et films, tous émanant de son imagination. Toujours est-il que je lui concède cette bien belle phrase qui me semble être justifiée et propre à son individu...

Il faut savoir que mon frère était un passionné de cinéma, comme je fus plus tard un passionné de la musique et de la chanson, c’est pour cette raison qu’il entreprit la réalisation de quelques scenarii et petits films sur des pellicules de 8 et 9.5mm, dont l’un des court-métrages, fut primé au Festival de Cannes.

Pourtant, rien encore, ne prédestinait un tel penchant pour le cinéma. Maurice, horloger, bijoutier de profession à Namur, contrairement à moi, ne pouvait prétendre à « tenter sa chance », abandonnant ce qu’il avait construit, famille et profession, et quand je pense à la dextérité et ce savoir-faire qu’il avait au bout des doigts, je me dis qu’il aurait été certainement musicien hors-pair, à condition bien sûr, de savoir…  « battre » la musique avec tous les instruments qu’on lui connaît, mais cela n’était pas gagné !

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Char "Patton" M 26

Non ! En fait mon frère était voué à une carrière militaire, il abandonna donc les instruments de joaillier pour d’autres instruments plus percutants ! Les seuls instruments dont ils savaient « jouer » étaient ceux, utilisés couramment par les horlogers. Pourtant il se sépara de ces divins outils préférant ceux plus détonnant !

Il se tourna vers une armée de métier et s’enrôla comme guide dans les chars d’assaut « Patton » une histoire qui malgré le contexte de la guerre se termina comme un conte de fée... « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ! ».

Dans ce que l'homme peut créer de plus horrible, les miracles existent ! Ce retour de l'enfer me conforta et m'amena à croire de plus belle, que la vie doit être vécue selon les rêves qui viennent la garnir et qui font naître le désir de les réaliser ! Chacun de nous sur terre, s’il en avait la possibilité, pourrait, comme moi et tant d’autres raconter en quelques lignes les chapitres de sa vie, si tant et qu’elle soit racontable. C’est ce que nous auteurs, saurions analyser et enfin traiter d’un parcours, à la fois sinueux et quelque fois paradisiaque, car bien évidemment nous vivons une vie identique avec ses aléas et ces moments de partage, de bonheur et de joie ! La route que nous nous sommes tracée, a été celle dont le destin seul, nous a fait prendre ! Un chemin menant n’importe où, parfois très long, parfois sans l’ombre d’une issue quelconque, mais le plus souvent, remercions Dieu de cette providence, avec une porte surgissant vers des horizons dont la perspective est plus que bonne.

Je vais donc tenter par le biais de ces écrits à vous faire partager, mes aventures les anecdotes recueillies, çà et là tout au long de mon parcours qui m’amena vers le monde de la chanson. Le fait même, de retracer ma carrière dans ce milieu du « showbiz » sur ces quelques pages, me replonge dans un sentiment que je ne saurai encore m’expliquer, est-ce de l’amertume, du regret, ou est-ce uniquement de cette nostalgie qui nous imprègne, nous artistes lorsque le parcours est signalé vous indiquant « la voix des stars » et que malgré tout vous vous perdez en chemin ?

Ce chemin, je vous le narre dans sa plus grande exactitude avec les rencontres de ces gens illustres partis rejoindre le « paradis des Artistes » et, à qui je voue la plus grande admiration, merci à vous !

ROBERT BUY dit BRUMMEL

Ce livre raconte les moments les plus intenses et les plus vrais de mes aventures dans le monde de la Chanson, du spectacle, du cinéma et dans ma Vie parisienne. Je tiens à ce que vous viviez avec moi ces années passées comme si vous y étiez ! Aussi emploierais-je le présent de l’indicatif dans quelque contexte, pour que mon histoire, devienne pour un temps, de ce moment de lecture, en quelque sorte votre histoire comme si vous la viviez présentement...

C’est par une nuit de décembre, que l’idée d’écrire un livre, ce livre, m’est venu ! Je remercie cet étudiant, qui désirant prendre un peu de repos et s’adonner à une soirée hors des bouquins et cahiers, s’est approché de mon établissement pour y prendre une collation !

Mons est comme toutes les villes, ce soir-là à la merci de « monsieur Hiver qui a revêtu son manteau de neige, de froideur, et de vent, et c’est dans cette ville endormie que soudainement une bourrasque vient le frapper rudement au visage. Le jeune homme s’empresse de trouver un abri et le voilà qui entre dans le cabaret indiqué par un néon multicolore bleu et blanc, dont la réverbération scintille sur le parking de l’établissement... « L’Heribus ». Bienvenue « Chez Brummel » semble lui signifier la musique sourde, presque imperceptible de cet abri de rêve dont il n’espérait plus.

Après un petit coup de sonnette, la porte s’ouvre, et se dégage alors pour le jeune homme, un effluve de chaleur qui, je me doute, lui fait énormément de bien. Les gens dansent, la musique bat son plein, sur la piste, lumières et fumées apportent un plus à cette chaleur tant méritée. Rien ici, ne ressemble à cette petite chambre dernièrement désertée, il en oublie « ses mémoires », ses mémoires qu’il a honteusement abandonnées sur le coin de son bureau et dont il reprendra sans doute le lendemain, à moins que l’ivresse de ce spectacle lui concède une journée de repos supplémentaire.

Tandis qu’il admire les faisceaux projetés de cette boule centrale qui ne cesse de tourner et retourner, un serveur s’approche de lui à pas professionnels, lui propose de s’asseoir et lui pose la question habituelle sur le choix de sa boisson. Le verre de whisky devant lui, l’étudiant contemple la scène, en scrute les coins et recoins tout en patientant de la venue du magicien, jongleur, comique et un peu hot, cabaret oblige ! Puis dans la foulée, celle du chanteur imitateur prévu pour cette soirée. Le jeune homme après avoir bu une gorgée tourne la tête, regardant jalousement les teintures et miroirs, ingrédients dont il n’a pas la primeur dans sa petite chambre, un rapide coup d’œil sur une jolie scène décorée de sunlights plus lumineux les uns que les autres.

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Raymond Devos et Michel Fugain dans les années 70

Se tournant brutalement en direction du bar il aperçoit la silhouette d’un homme, une ressemblance avec un certain Raymond Devos, le célèbre et regretté Raymond à qui l’on doit maints sketchs hilarants. Cet homme à l’aspect sympathique, au physique de rugbyman semble donner des ordres au personnel, soudain il se dirige vers le cénacle de la sonorisation, allume le spot light annonçant à la fois la poursuite. Inlassablement, il suivra, pas et mouvements des artistes, puis à travers le haut-parleur, lance : « Attention, mesdames et messieurs, dans un instant, ça va commencer ! », une phrase reprise d’une célèbre chanson de Michel Fugain. Le rideau bouge, se lève et, devant les yeux éblouis du jeune homme, sous une huée de bravos, le magicien fait son entrée. Son numéro terminé, ce dernier se signe dans une dernière révérence sous les applaudissements d’un public ravi cédant la place à l’artiste suivant, chanteur et imitateur qui n’est autre que Monsieur Brummel en personne ! A savoir que le tenancier, en fin de spectacle, honore son public particulièrement, le remerciant de sa visite dans l’établissement en lui offrant ce spectacle de l’artiste chanteur, et imitateur !

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Bourvil, Louis de Funès, Fernandel dans les années 70

Une première chanson dans laquelle chacun déjà perçoit la montée des graves tel un ascenseur. Le jeune homme est ravi de la représentation offerte par le patron et découvre en lui un étonnant répertoire des histoires contées par les humoristes de l’époque : Funés, Bourvil, Fernandel mais aussi des chansons interprétées par les plus grands de la chanson française, comme Gainsbourg, Luis Mariano, Gilbert Bécaud, Aznavour, Georges Guétary, Daniel Guichard, Yves Montand, Maurice Chevalier. Claude François, Engelbert Humperdinck , Elvis Presley, et tant d’autres encore, sont également présents en la personne de Brummel, un vrai régal ! Sans oublier cette chanson mondialement connue et remarquablement interprétée : « My Way » ! Un délice pour soi !

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Yves Montand, Daniel Guichard, Yves Montand, Maurice Chevalier. Claude François, Engelbert Humperdinck
Elvis Presley, Robert Brummel

Interprétation de My Way, par Robert Brummel et Franck Sinatra

A cet étudiant qui assiste à ces tours de magie musicale, quelques questions se posent… Comment se fait-il que ce monsieur ne soit pas reconnu comme un artiste vrai ? Et pourquoi le monde du spectacle ne lui tend pas les bras ? Qui donc le connaît réellement et qui donc connait son passé artistique ? Il doit bien y en avoir une réponse ! Je dois m’en assurer pense-t-il ! Et bien résigné à rencontrer le patron dans le seul but de pouvoir lui extorquer un petit interview pour ses fameuses mémoires laissées à l’abandon sur le coin de son bureau, le jeune homme se dit, que l’heure de fermeture approche, et que ce sera pour lui le moment propice au bavardage, sans compter qu’il tient plus que tout à le féliciter de la totalité du spectacle. Cela sera d’autant plus facile car le patron ne semble pas rechigner au contact, passant de table en table et engageant la conversation avec ses derniers clients...

Les premières et timides lueurs annonçant le lever de l’aube, font leur apparition, le karaoké lancé après le spectacle signe la fin d’une très belle soirée, le jeune homme est à l’écoute, certes furtive des dernières chansons interprétées par quelques clients restés sans doute pour ce concept, qui à savoir, a été le premier lancé sur la région de la Wallonie par Monsieur Robert Buy, dont le pseudo Brummel, rappelle encore ce grand artiste belge qu’était « le grand Jacques ».

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Jacques Brel dans les années 70

Le cabaret se vide peu à peu, sûrement et, restant l’un des derniers clients, le jeune homme se dirige en direction du bar puis accoste gentiment le patron, le complimente... « Bonjour monsieur, j’ai beaucoup apprécié le spectacle, votre établissement m’a permis de m’y réchauffer, je vous en remercie. J’aurai aimé, si vous me le permettez, et si vous avez un peu de temps à me consacrer, vous poser quelques questions ? J’ai en effet été ravi de vous entendre chanter lors de votre spectacle, pourtant je n’ai jamais entendu parler de vous, ni à la télévision, ni sur les ondes. Je suis en ce moment penché sur un mémoire que j’aimerai rédiger dans le cadre de mon examen de fin d’année. Comment se fait-il que Paris n’ait pas été votre cheval de bataille, avec tout ce talent que vous dégagez ? » - Mais je suis allé à Paris, c’était en 1962 ! je suis resté en France, 22 ans dans le monde du spectacle, le « showbizz » comme vous dîtes !

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Michèle Frascoli remplace Yvonne Menard aux folies Bergères et accueille Robert Brummel, le nouveau meneur de revue, qui disputera le challenge en demi-finale de Belgum Talent

J’ai été doublure, meneur de revue aux « Folies Bergères » avec Michèle Frascoli qui rentrait de Las Vegas et qui succédait au poste de Yvonne Ménard ! ». Le jeune homme semble étonné de ce qu’il entend et poursuit la conversation très à même d’en apprendre beaucoup plus sur la vie de cet homme. Remerciements du patron qui ajoute : « L’on me pose très souvent cette question, à savoir pourquoi ne pas être monté à Paris pour réussir ? On me la posait dans une multitude d’endroits en France, cabarets et autres établissements recevant du public, mais aussi à l’étranger, mais... Si vous connaissiez ma Vie...la vie d’artiste ! Avec ces injustices, ces combines, toutes les difficultés dans ce métier, que rencontrent la plupart de ces gens dont le but seul est la reconnaissance, le succès ! 

Si vous connaissiez seulement le reflet du miroir, l’envers du décor, le secret des coulisses !

Vous me semblez être un garçon sympathique qui à la tête sur les épaules, si vous avez un instant, je peux vous consacrer une grande page de mon histoire. Je vais vous raconter ma Vie... Le jeune homme perçoit à l’instant, en cet homme devant lui beaucoup d’amertume, de rancœur et aussi un sentiment de soulagement et de repos à vouloir se découvrir...

Jacques a dit: "je pars" ! 

Oui, à cet instant, le désir de me découvrir vibrait en moi, lever le rideau qui cachait la scène où se déroula le spectacle, mon spectacle. La présence de ce jeune homme sa soif de savoir, le côté fortuit de sa présence dans mon établissement, dans mon univers, Tout au fond de moi, je sentais que je devais réunir ces deux mondes. Partager, faire de ce jeune homme un témoin. Je me souviens avoir conter à ce jeune curieux de tout, comment fonctionnaient les « crochets « Lui avoir annoncer que les Brel, Brassens ont chanté devant des chaises vides ou chanté dans des salles ou les gens mangeaient sans se soucier de l'artiste. Le premier disque que vendit Brel, ce fut à celui qui allait devenir un des grands amis... Raymond Devos. « MA Vie » ... « Merci au public d’applaudir une nouvelle fois cet interprète qui nous vient de la région de Namur, merci de vous lever et faire une standing-ovation à ce fils du pays » ... Cette phrase, maintes fois je l’ai entendue, en mon fort-intérieur, maintes fois elle a cogné dans ma tête et maintes fois je me suis posé toujours la même question...pourquoi ?

2015 - Casino de Cayeux sur mer
Remise des Trophées Lucy Paule de Marc Gérard

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La première fois où j’ai pu entendre cette phrase sortir de la bouche de Zappy Max, animateur de l’époque au talent exceptionnel... Ce dernier vêtu d’une veste jaune anime le célèbre jeu du « Quitte ou Double ».

Je me présente au Radio-Crochet « Dop » patronné par l’Oréal diffusé et émis par Radio Luxembourg, nous sommes en 1951, je dois avoir entre 12 et 13 ans. La sélection est plutôt drastique, voire draconienne et ce n’est pas la grandeur de la taille pour mon âge qui me permettra le moindre écart à ma candidature ; le résultat est navrant, je suis recalé parce que je n’ai pas l’âge requis par le règlement. Aujourd’hui, l’on s’aperçoit que ce problème n’existe plus et si la production le pouvait, elle irait même jusqu’à chercher les talents dans les berceaux ! L’important dans ce métier restant somme toute le nerf de la guerre et nous savons toutes et tous que ce fléau est celui qui fera pencher la balance, et pas souvent du bon côté, en bref tu as de l’argent, tu vis, tu n’en as pas, tu n’as surtout pas le droit d’exister et c’est ainsi !

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Je connais déjà la musique, je sais gazouiller, la télé peut venir me chercher pour la star Academy !

Après avoir essuyé cet échec, les lois internes et propres au monde du spectacle ont été modifiées, La venue du petit Rodolphe, surdoué du cirque, avait changé la donne, on s’aperçut que voir des enfants dans des représentations, des spectacles ne se faisait plus rare, et que bien au contraire la chasse aux jeunes prodiges était ouverte !

Une organisation de tournées a lieu à travers la France, Marcel Fort, accompagné par Lucien Jeunesse et François Châtelard reprennent ensemble le flambeau pour la musique, sentant le vent en proue qui poussait le navire. Ce fut quelques années après que le retour des cirques et de ses spectacles furent animés. Pendant ce temps Salvatore Adamo enregistrait et lançait son premier disque. Après Zappy Max, cela a bien changé. Les enfants avaient leur ticket d’entrée dans le cirque, comme ce petit surdoué Rodolphe, comme le petit chanteur espagnol Juanito, comme tant d’autres enfants du spectacle... Marcel Fort, accompagné de Lucien Jeunesse, et François Chatelard ont repris le flambeau pour la suite des tournées dans toutes les villes de France. Ils reviendront avec le cirque quelques années plus tard.

Nous sommes au temps du premier disque de Salvatore Adamo qui hélas ne connaîtra pas encore le succès, cela viendra un peu plus tard avec la venue de… « Sans toi Ma Mie ». Un concours de circonstance fait que je me présente à un nouveau radio-crochet et me voilà devant un public assidu et je n’ai vraiment pas envie de me ramasser et de produire un bide... Je chante et je remporte la première place, puis le public et le jury récidivent et me voilà de nouveau le lauréat, cette première place je la garderai cinq fois consécutives. A cette époque, aucun ressenti sur un pseudo quelconque dont je me serai affublé, je chante donc sous mon nom de famille Robert BUY.

ll faut savoir que ce n’était pas une ciné-cure lorsque vous vous présentiez à un concours de « crochet », si le malheur faisait que vous ratiez votre tour de chant, vous aviez droit à un coup de « Gong » comme si vous preniez un crochet par un boxeur professionnel, autant dire que cela vous sonne ! Histoire de vous rappeler que les « canards » provoqués injustement, voire les oublis ou quoique ce soit qui ne soit pas en conformité d’un vrai chanteur, n’avait pas sa place ici et les animateurs coupaient court devant un public qui ne vous faisait non plus de cadeau, donc les canards à la mare, et surtout pas sur la scène ! Pire que tout ! L’orchestre en rajoutait une couche qui vous plongeait plus bas que terre si toutefois vous faisiez partie de ces malchanceux, le coup de gong cédait automatiquement la place à une musique publicitaire que nous avions l’habitude d’entendre sur les ondes et qui vantait la marche d’un shampoing très savonneux d’où ce fameux « Dop Dop Dop » ...

Aujourd’hui nous assistons à peu de choses prêts avec « La nouvelle Star », ou encore « Star Academy », qui utilisent d’autres moyens tout aussi efficaces pour refouler un candidat ou encore pour s’autoriser à la dérision en diffusant les best en matière de ridicule.  Un autre « crochet », permettez-moi cet écart, mais appelons un chat un chat, un autre crochet disais-je est cette fois, enregistré à Charleville, ville frontière de Belgique, non loin de Namur, qui, comme vous le savez est ma ville de prédilection...

 

Je me présente de nouveau à ce crochet avec cette fois l’angoisse qui me tenaille, la peur d’échouer, et puis tout cela mélangé avec un peu de trac, mes yeux rencontrant ceux du public face à moi, heureusement les projecteurs tel un bouclier me protègent de « l’ennemi » ! Imaginez l’état dans lequel je suis ! Et puis...debout sur la scène, une fois plongé dans le bain, mes sentiments sont, en un éclair, dissipés et l’ennemi se transforme en ami, le public devient mon ami, c’est la première fois que je chante devant un public et je suis récompensé de cette première prestation. Je me suis surpassé, puisant et donnant le meilleur de moi-même, je veux simplement me prouver que la voie à laquelle je me destine est bien la mienne et que je convienne à tout public. En fait, un tantinet plus exigeant avec moi-même que ne le sont les animateurs et le public envers les candidats, parfois il faut savoir s’auto-flageller pour rectifier sa position.

Je dois dire que la date de ce premier concert me martelait chaque nuit et dans la peur j’avais tout de même hâte de me retrouver sur la scène. Je ne peux que me souvenir de cette première qui fut pour moi un tremplin enfin à l’époque je le croyais, et je vois encore ma mère qui me donnait ce bouchon de champagne et une patte de lapin dont j’ignore encore aujourd’hui la provenance, mais qui, dois-je le croire aujourd’hui signifiaient un espoir, un présage de bonheur sans doute ? Comme je me souviens de m’être présenté bien avant l’heure, j’en déduis que la peur donne des ailes ! Je me souviens aussi des crampes qui vous nouent l’estomac et qui sont insupportables, des envies d’aller visiter les toilettes les plus proches, autant de frayeur me poussant à travailler ma voix, la situer dans les vocalisations souvent muettes, autant dire si à quel point je me trouvais dans une situation intolérable !

Le grand jour est arrivé ! La représentation va commencer, le verdict va tomber ! Marcel Fort s’adresse au public, et me présente, les mots sont inaudibles, je ne perçois que des brouhahas, je suis au bord de l’évanouissement, je tente l’indifférence histoire de me sentir fort mais rien n’y fait, alors je me concentre, je fais un avec ma chanson que je destine au public, mais à force de concentration et d’un travail sur moi-même je finis par perdre le nord et en même temps les paroles de ma chanson. J’entre alors dans un trou noir, béant et je m’y plonge à l’intérieur sans jamais pouvoir en sortir tandis que Marcel Fort bonimente encore et encore...

Trop tard je ne puis plus maintenant revenir en arrière et abandonner, alors, au moment même où déjà l’orchestre entame les premières notes, je me lance...et le public entend sortir du fond de mes entrailles le « Je me voyais déjà » du grand « Charles ». Ne vous méprenez pas il s’agit du grand Charles de la chanson « l’Aznav » que nous connaissons et qui est l’un des fleurons de la chanson française, si ce n’est l’unique ! Le trou noir qui m’avait habité et dérangé s’estompait peu à peu et ainsi que je l’aurai fait pour réciter par cœur un « Je vous salue Marie », ainsi fut ma chanson dans la justesse de la voix ! L’interprétation mais l’applaudimètre, machine pseudo informatique de l’époque ne vous laissait aucune chance, il est comme le vote du public dans ces émissions de télé-réalité qui tapissent le petit écran et qui ne sont pas forcément le juste arbitre d’une décision commune.

La plupart de ces votes se faisant sur l’état d’âme de « j’aime ou j’aime pas » le physique, j’aime ou j’aime pas les vieux ! Ou encore, j’aime ou j’aime pas la chanson » mais je tiens à porter ma voix parce que j’ai beaucoup de facilité à empoigner mon téléphone, je suis aussi le roi du « Sms » et puis j’ai envie aussi de tout faire basculer ! C’est ma nature, de toute façon le téléphone, « c’est pas moi qui racle, c’est mes darrons ». Vous jugerez sans doute le sens de ces derniers écrits un tantinet trop crus, mais n’est-ce pas là la vérité, aujourd’hui vous êtes jugés par des gens qui de toutes façons feront monter la cagnotte, qu’importe le vote en lui-même, qu’importe même le chanteur, l’essentiel étant comme je le disais ci-dessus, le nerf de la guerre, l’argent !

Voici en quelques mots le genre de phrases, que nous entendrions si nous étions devant ces jeunes, voire très jeunes gens qui prennent le monopole des votes, pour faire avancer quelques fois un artiste, mais très souvent quelqu’un qui n’a rien à faire dans le milieu de la chanson ! Nous avons énormément d’exemple, je vous citerai celui-ci dans lequel l’intéressé lui-même proclame qu’il ne sait pas chanter et que malgré cela les votes ont été pour lui, je parle de Jean-Pascal Lacoste, qui aujourd’hui, a bien évidemment abandonné la chanson pour assurer un emploi de comédien, ce qui est une sage décision...

Après ce petit coup de gueule, revenons à l’époque... Lucien Jeunesse ex-vedette de la chanson est devenu le présentateur du « Jeu des Mille francs », et, ainsi accoutré comme un dandy, le dandy « Brummel » que je suis... Cette idée m’est venue de m’accaparer de cette image pour en faire mon pseudo, mon nom de scène, sachant aussi que je devais me représenter et, cette fois atteindre la première place tant convoitée. J’avais entendu le chanteur qui avait gagné et je savais pertinemment que j’avais fait mieux, la notoriété dans le pays de ce chanteur, était telle que je la savais coupable du verdict qui le rendait à la première place. De plus, je ne faisais pas confiance à cette machine qui relevait le taux d’applaudissement, pour moi ce n’était pas fiable.

Aujourd’hui encore je ne cesse de garder ce pseudonyme, je suis habitué, je l’ai adopté comme les gens de mon entourage qu’ils soient artistes ou de mes proches. Il m’arrive de plaisanter sur la consonance de ce dernier, de dire que cela parait un peu prétentieux d’autant que ce pseudo révèle en lui deux chanteurs de renommée, Brel, puis quelques années plus tard, Bruel, le dandy que j’étais en a fait « Brummel » et je me dis pourquoi pas ! Maintenant avec le recul et l’âge avancé qui m’a laisse percevoir les choses facilement, je me dis que garder mon nom d’origine n’aurait pas été plus mal, « Buy » qui signifie acheter, et qui sort tout droit de l’origine anglaise, et c’est enfin le patronyme qui m’a été donné et appartient depuis des générations à ma famille à qui je dois la vie ! La voix que me donna dame nature, qui me permit de chanter, venait-elle d'un enfant braillard ? Je ne reçus aucun écho en ce sens et même si cela était, je ne vais en aucun cas me nourrir de regrets !

Qui suis-je ?

C’est dans une petite ville proche de la frontière allemande que j’ai fait ma première apparition. Malmedy fut la première ville de mon long parcours, je suis né un 13 décembre de l’année 1938, à dix heures trente exactement, j’ai poussé mon premier cri, je ne sais pas si mes parents savaient qu’un jour ce cri muerait pour donner la voix qui m’a permis de chanter. Jean Marais était également un 13, alors dois-je conclure le malheur ou le bonheur ? Il a réussi dans sa vie, il a vécu heureux et en plus il a passé beaucoup de temps parmi nous sur cette terre, une mort à 85 ans ! Je pense que c’est très bien et que, point trop n’en faut ! Personnellement je ne suis pas à vouloir l’envier car côté bonheur, j’ai bien été servi ! Donc pour moi ce numéro 13 je le dis, est signe de bonheur ! Je fais le compte, et je m’aperçois que dans « Brummel » en ajoutant mon prénom Robert, je totalise 13 lettres, Mais ce chiffre ne s’arrête pas là ! je dois vous rappeler que le choix de ce pseudo « Brummel » était à l’origine choisi en fonction de ce célèbre dandy. Georges Bryan surnommé le beau Brummell, deux « l » en font la terminaison, je ne m’octroyai pas le droit de garder ce pseudo de Brummell, connu sous le beau Brummell, parce que je n’étais pas précisément l’ « Appolon » représentant ce dandy anglais, aussi est–ce pour cette raison que, à mon nouveau corps, je choisissais d’enlever une aile, enfin un « l ». Je ne me suis pas cassé la figure pour autant, je continuais à voler de mes propres ailes et puis après avoir extrait cette dernière lettre, je me réconfortai car je trouvai le nombre de lettres ajoutées à mon prénom et ce chiffre 13 qui me suivrait toute ma vie...enfin c’était écrit !

Après il est si simple de trouver des similitudes, par exemple, je suis entré et ai signé mon contrat aux Folies Bergères un 13, ma loge portait aussi le numéro 13 ! Peut-être existe-t-il encore d’autres circonstances qui font que... mais je me souviens également que ce chiffre 13 a annoncé le décès de mon père bien aimé ...

Mon père était expert-comptable, ma mère ménagère à la maison comme il était souvent de coutume à cette époque. C’était, elle aussi, une femme éprise de passions, ainsi, lorsque son emploi du temps le lui permettait, elle s’adonnait à la musique sur le piano familial, puis elle passait à la peinture. Je l’ai vue poser des vers sur papiers, j’étais très ému lorsque penchée sur la feuille, un stylo à la main elle écrivait ses rimes. Pour me les offrir à lire. Je m'amusais de ces rimes « homme-pomme » « hiver avec Prévert » « bouche avec louche » ...

Elle qui avait pris tant de temps de m'expliquer les finesses et la beauté de la langue française. Convaincu aujourd'hui que ce qu'elle voulait, était de me mettre le pied à l'étrier afin que je puisse galoper dans cette vie que j 'allais choisir ... Maman a passé la plus grande partie de ma vie d’artiste avec moi, même si je n’étais pas à ses côtés, nous étions toujours ensemble, elle était mon mentor, elle savait tout de moi !

Et puis... Ce jour du 13 février 1958... Tout a basculé, la tristesse a envahi nos cœurs, mon père avait décidé de nous quitter pour s’en aller vers d’autres cieux. Je me souviens que Maman tenait un journal et y apposait le suivi de mes déplacements, d’ailleurs quand elle n’écrivait pas sur son « journal », elle était à mes côtés le plus souvent. Je ne puis m’empêcher de verser quelques larmes en repensant à cette mère qui m’a tant aimé, ce père si affectueux et tous deux, je les remercie encore de m’avoir permis ce moment d’évasion dans une autre vie. Celle qui serait Ma Vie !

J'ai perdu plus qu'un père, plus qu'une mère, chez eux l'amour ne se comptait pas malgré le métier qu'ils exerçaient tous deux, à chaque départ c'est un gouffre qui s'ouvrait. Toutes ces heures destinées à notre éducation, à nous démontrer que les valeurs de la vie sont, le courage, l'amour de ses parents, l'honnêteté et la détermination qui doit se cultiver pour réussir dans sa vie.

Une famille bien dans son époque, unie et forte d'un partage entre frères de ce que la vie nous offrait à l'époque. C’est avec un immense plaisir que je vous transmets toutes ses lignes écrites de sa main, les sentiments de joie, de liesses, mêlés à des sentiments bien souvent d’injustice, d’incompréhension et parfois plein de rancœur...  Ces mots que ma mère a laissé sur son journal retracent exactement le parcours de mon aventure dans ce monde difficile d’accès, qui n’est peut-être pas celui que l’on imagine ! Je tiens également à remercier les regrettés Luis Mariano et Mario Lanza pour cette chance d’avoir interprété leurs chansons et qui m’ont permises de remporter ce concours consécutivement cinq fois de suite, « Malaguena » et « Granada » chansons phares de mon enfance.

Aujourd’hui, il arrive encore que je rechante ces si jolies mélodies en hommage à ces chanteurs devant un public de troisième et quatrième âge tout en lui offrant mes imitations scéniques. Mais...Revenons au jour de la finale...

Après ces cinq très bonnes semaines, la finale est devant moi et je ne dois en aucun cas me permettre un écart, tant la compétition deviendra difficile... Alors que j’attendais ma convocation et que je ne voyais aucun courrier dans ma boîte aux lettres, je me suis dit que si près du but il aurait été idiot de manquer celle-ci la faute de cette absence de courrier, je ne voulais pas savoir, une seule chose m’importait, m’y rendre, ce que je fis...

 

Arrivé à Paris, Porte de Versailles, je trouvai rapidement le Palais des Sports, persuadé que l’on m’y attendrait. Hélas ! Tel ne fut pas le cas, l’on me fit comprendre que cette finale se disputait en dehors des Belges ! Quel ne fut pas mon désarroi lorsque j’entendis cette réponse ! Je n’arrivai pas à comprendre pourquoi le candidat qui avait gagné et qui n’était autre que le célèbre Salvatore Adamo avait pu lui, concourir, puisque belge et italien. Il n’est nullement question de lui en vouloir, lui était comme moi, un jeune adolescent en quête de succès.

- « C’est le jeu ma pauv’Lucette ! »

Salvatore Adamo a remporté cette finale que je m’étais réservée, un disque 45 tours lui a été offert « Chez Polydor », qui, hélas ne s’est pas vendu, ce qui me donne le droit de penser « Et si seulement ce crochet avait autorisé l’inscription des belges, n’aurais-je pas alors un peu, voir beaucoup, contribué au grand essor dans la carrière d’Adamo ? Je regrette de ne l’avoir jamais rencontré dans ma vie, moi qui habitais à Hyon–Mons pendant 26 ans, à proximité de Jemappes où Salvatore Adamo a vécu toute son enfance. Si donc, tu venais à lire ce livre, Salvatore, donne-moi ce plaisir de provoquer notre rencontre et pourquoi pas parler du bon vieux temps ! Le jeune homme me coupa la parole, au vu de ce que j'ai pu voir de votre jeu de scène, entendre votre voix, il est surprenant que vous ne soyez pas un chanteur à succès, comme Adamo et tant d'autres de cette époque. « Jeune homme je crois ressentir au plus profond de mon âme, le sentiment que votre vie sera riche de bonheur et de rêves accomplis, notre rencontre de ce soir vient de faire naître en moi le désir d'écrire un livre. » La poignée de main fut chaleureuse et quand la porte de mon établissement se referma sur la silhouette de mon hôte occasionnel, après avoir tourné la clef, je suis resté quelques instants, immobile l'esprit bousculé par un mot « Livre ! »

Mon livre ! Noircir des pages afin de laisser murmurer mes souvenirs comme le doux chant d'un ruisseau, parler le langage de mon cœur sur un tempo tout en douceur, hurler ces instants de joies et de bonheur avec force comme furent les coups de poignard du destin ! Rendre à César ce qui lui appartient... Je rendrais donc à ma « Césarine », ma mère ce qui lui appartient, en étalant ici sur ce livre quelques-uns de ses écrits...

LE JOURNAL DE MA MERE

Je commence aujourd’hui ce que je compte appeler « Le Journal d’une maman ».

J’ai envie de raconter toute ma vie, toute une vie. Cette existence, je l’ai passée en Belgique pendant de nombreuses années, puis à Paris. « Ces Mémoires sont dédiés à mes chers enfants, Maurice, René et Robert ». La rédaction de ces mémoires a commencé en 1963. Ce journal est un document pour mon fils Robert, chanteur professionnel, auteur, compositeur, interprète et imitateur de vedettes Internationales. Il se souviendra ainsi de tout ce que j’ai vécu avec lui depuis cette date. L’inspiration me vient alors que j’écris d’un building au septième étage de l’Hôtel Wilson au Pré Saint Gervais, près de la porte des Lilas à Paris. Bien qu’âgée de presque soixante-deux ans, je vais tenter de me rappeler les souvenirs de ma vie jusqu’à ce jour.

Je suis née le vingt-huit août I901, dans une petite ville touristique et pittoresque, dans un site merveilleux et splendide au fin fond des Ardennes wallonnes : Malmedy. La population s’élevait à l’époque à six mille personnes. C’est à dire que tout le monde se connaissait ou presque ! Je fais ici appel aux souvenirs qui remontent à ma plus tendre enfance. Je me souviens des moindres détails, de la vie agréable vécue entourée de mes chers parents, de mon frère Léon et de ma sœur Simone.

Mon père était un modeste ouvrier sellier bourrelier et ma mère accomplissait le métier de sage-femme, actuellement dit accoucheuse. Elle parcourait la région depuis l’âge de vingt-trois ans. Elle eût une vie très active pendant près de soixante ans. Elle a mis au monde près de neuf mille quatre cents bébés.

Maman adorait son métier. Elle le faisait très consciencieusement. Je crois qu’elle était aimée de tous et rendait de nombreux services. Je peux dire aujourd’hui que je suis très fière de ma mère. Elle était la troisième génération d’accoucheuses dans la famille. Sa grand-mère et sa mère avaient exercé cette belle et noble profession pendant de très nombreuses années.

Nous étions donc deux filles et un garçon. J’étais l’aînée de la famille. Je me souviens de ma petite sœur, Simone. Elle était tellement jolie que tout le monde l’admirait. Mon frère aussi était beau garçon. Léon semblait adorer sa maman. Moi aussi, mais j’avais une énorme affection pour mon cher papa qui ne vivait que pour nous. Je me rappelle les belles heures que je passais en sa chère compagnie. Il n’arrêtait pas de chanter et il avait une voix très agréable...

Le dimanche, nous partions en calèche pour la campagne. C’était bon d’être tous ensemble sur l’herbe. Nous piqueniquions. Maman, je crois était très fière de nous. Elle nous habillait comme de petites princesses, vêtues de robes en dentelle blanche et munies de nos ombrelles.

Lors d’un de ces merveilleux pique-niques, munies de nos ombrelles auxquelles, nous n’aurions jamais voulu manquer. Celui-ci avait été organisé en été. Ma sœur s’était un peu éloignée de nous. Tout à coup, elle sentit quelque chose qui remuait à l’endroit où elle était assise. Quelle ne fut pas notre frayeur lorsque nous aperçûmes une couleuvre qui se traînait dans les hautes herbes ! Prise de panique, nous lâchâmes nos ombrelles et nous mîmes à courir sans plus nous arrêter. Je dois bien préciser que jamais plus nous ne sommes retournées dans ce coin de campagne lors de nos promenades du dimanche.

J’avais alors six ans. Comme maman était souvent partie à cause de son métier, j’étais dès mon plus jeune âge, habituée à la remplacer et à l’aider dans les tâches ménagères. Je faisais de mon mieux pour garder mon frère et ma sœur. Je faisais la vaisselle et j’exécutais quelques menus travaux pour la soulager. Cela m'a beaucoup aidé, je reste persuadé que ma mère aurait posé un véto pour toutes autres activités qui auraient pu m'éloigner de la musique et du chant ; elle en fut dispensée je restais accroché aux notes et au timbre de ma voix comme un naufragé agrippe le morceau de mât qui lui permet de garder la tête hors de l'eau. Le spectacle était déjà vissé dans ma peau, je me souviens avoir pris un fouet pour pénétrer dans le petit poulailler surpris par mon frère René, je lui expliquai que je voulais dresser les poules parce qu'il n'y avait pas de poules au cirque. / ...

La guerre éclatait lorsque nous sommes allés habiter Namur où j’ai passé toute ma jeunesse. Dès l’âge de neuf ans, je me suis mis à participer à tous ces radios-crochets dont j’entendais parler sur les ondes des radios, je m’inscrivais à des concours de chant régionaux. Un jour en sortant du cinéma, je me suis mis à fredonner l’air que j’avais entendu pendant le film, c’était une chanson de Tino Rossi, je poursuivais ainsi jusqu’à la maison et je décidai de la rechanter devant ma mère. Celle-ci fut très surprise d’entendre une voix qui, jusque-là ne s’était pas encore fait connaître. Depuis lors, ma mère m’a suivi dans tout ce que j’entreprenais. Puisque la musique était en elle il lui était facile de me corriger et de me guider sur telle ou telle chanson en fonction de la tessiture de ma voix.

 

« Il allumait les réverbères », faisait partie de cette longue série de chansons que j’apprenais en compagnie de ma mère, toujours émerveillée mais professeur avant tout. Luis Mariano a été le précurseur de mes chansons, je les ai toutes apprises, je n’avais pas trop de difficulté il était mon idole.

Je ne remercierai jamais assez ma mère pour m’avoir toujours encouragé à progresser dans ma carrière artistique. Elle ne cessait de me dire que j’étais le meilleur, aujourd’hui je me pose cette question, était-ce une erreur, je pense que oui certainement, c’était une erreur de me couver à ce point et de me proclamer « the best » ...

Nous savons ce qu’une mère ferait pour son fils, c’est pourquoi je ne saurai lui reprocher ce sentiment de grande affection qu’elle m’attentionnait.

Cet événement cinématique, fut donc, en quelque sorte, la révélation. En découvrant ma voix, je trouvai la voie. Ma mère m’inscrivit donc au Conservatoire de chant, m’acheta un piano « Pleyel », que je garde toujours, elle m’apprit à jouer de cet instrument, peu à peu mes doigts s’en amusèrent, j’avais moi aussi comme elle et mon frère, la même dextérité au bout des doigts. Le solfège qui m’était enseigné au Conservatoire, je dois l’avouer, me barbait sérieusement, j’en étais à ma troisième leçon et je m’ennuyai terriblement, de plus je n’aimais pas ces mélodies que l’on nous rabâchait sans cesse, je préférai celle de mon chanteur Luis Mariano.

Cette première année passée au Conservatoire était en somme une année perdue, avec les cours que je suivais à la maison, j’étais en avance, alors je devenais superficiel, paresseux, et rien ne m’intéressait. La seconde année, même les triples croches je les envoyais valser, si bien que le Conservatoire pour moi n’a pas été vraiment concluant...Que n’ai-je regretté ces années de paresse et ce temps perdu...Je me suis donc tenu au cours de chant et aux vocalises, puis bien plus tard, j’ai décidé d’apprendre en autodidacte le synthétiseur. J’avais la bonne oreille et cela m’a beaucoup aidé.

Ma mère écrit :

…/ « Un jour, alors qu’il avait neuf ans, je l’ai entendu chanter. J’ai été très surprise car il avait une très jolie voix naturelle, je ne me rappelle pas l’avoir entendu, sa voix muait à l’adolescence comme tous les jeunes gens, toujours un timbre puissant pas comme les enfants dans les chorales, il ne chantait pas comme chantent les enfants. Il avait quelque chose d’extraordinaire que je n’ai ressenti que chez lui : l’émotion qu’il faisait passer. Je me suis dit qu’un jour il aurait une voix de ténor.

C’était en 1947. A partir de ce moment-là, je l’ai encouragé à chanter. J’allais lui acheter des chansons à la mode en partitions pour avoir les textes, et je l’accompagnais au piano. J’avais appris seule. J’avais une oreille musicale, bien que ne connaissant rien en musique, je ne me débrouille pas si mal, mais je ne pourrai jamais être une pianiste professionnelle. Toute ma vie je resterai une « tapote » usant de clavier. Avec mon jeu, j’arrive malgré tout à amuser et distraire mon entourage.

 

Je me rappelle que Robert avait dix ans lorsqu’il a chanté la première fois « à capella « lors d’une braderie devant le pont de Jambes, dans la rue Notre Dame au pied de la merveilleuse citadelle de Namur. Il avait interprété la chanson « Maman ». Quoi de plus doux et de plus tendre que dans le cœur d’une maman. ... Il y avait vingt et un participants : onze hommes, six femmes et quatre enfants ; Tous concoururent et c’est finalement Robert qui l’a emporté. Son cadeau, avoir son interprétation gravée en souvenir en 78 tours Pyral par un commerçant technicien Monsieur Roulive qui vendait des appareils Radios dans la rue. Ce fut son premier succès. Plusieurs personnes qui avaient assisté à sa performance en avaient les larmes aux yeux d’entendre un petit garçon chanter aussi juste, et si petit encore, avoir une voix très émouvante. Un Monsieur est venu vers nous pour nous féliciter. Il me dit qu’il fallait absolument que je fasse en sorte que mon fils cultive sa voix, qu’il était rare d’entendre chanter ainsi avec une telle maîtrise. Évidemment, j’ai fait toujours le nécessaire pour le diriger dans cette voie.

Nous avons quitté Malmédy en 1940. La guerre venait d’être déclarée. Je suis resté seule avec mes trois enfants pendant près de trois mois. Je ne savais pas si je reverrai mon mari vivant. Un peu avant nous étions allés nous réfugier à Nieuport, il était question d’un éventuel embarquement pour essayer de rejoindre l’Angleterre. Mon mari avait été obligé de nous quitter pour ne pas être arrêter par les allemands risquant d’être intercepter. Il est parti pour la France jusqu’à Limoges en vélo. Sur les routes quand les avions allemands attaquaient, Il se lançait dans les fossés se mettre à l’abri et en se relevant, constatait qu’il était lui encore en vie et que de l’autre côté des morts et des blessés par dizaine hurlant de douleur jonchaient le sol ensanglanté.

Ensuite, nous sommes allés à Rhode–Saint-Genèse. Les enfants ne s’étaient pas assagis. Jacques, un de leurs copains, avait poussé René dans un étang. Là aussi, il avait eu très peur car il ne savait pas nager. Il avait neuf ans. C’est un autre copain qui l’a sauvé de justesse. Nous avons ensuite continué notre exode. En 1941, nous sommes allés à Namur. Nous, nous y sommes fixés dans une grande maison de la rue Froide bise.

A treize ans, Robert est entré au Conservatoire de musique. Il y a suivi des cours pendant deux ans. Ses professeurs lui trouvaient une belle voix et auraient aimé le garder plus longtemps au conservatoire de Namur, mais Robert n’aimait pas chanter tous ces airs de Mozart et d’autres classiques qu’on lui imposait et qui lui étaient inconnus. Il voulait chanter les chansons à la mode : de Luis Mariano et Mario Lanza. Il avait pour eux une très grande admiration.

Dès leur plus jeune âge, je dirigeais mes enfants vers les arts, la musique et la peinture. Par temps de pluie, mes petits étaient toujours occupés à griffonner, à barbouiller des couleurs et leurs petites mains fabriquaient de belles petites choses inattendues.

Maurice aimait dessiner, mais vers l’âge de dix ans, il se mit à l’harmonica. Un jour, je lui ai offert ce bel instrument tant désiré, aussitôt, il apprit le solfège, seul, d’après une méthode qu’il avait achetée au magasin de musique. Il ne lui fallut pas longtemps pour parvenir à jouer merveilleusement bien, Il aimait aussi beaucoup siffler, et je dois vous dire qu’il est extrêmement rare de siffler avec tant d’élégance et de modulations. J’ai d’ailleurs conservé un enregistrement des « Feuilles mortes » sifflées par mon fils.

René avait également beaucoup de capacités pour le dessin et la peinture. Et, pour le moment il continue à travailler pendant ses loisirs. Ce qu’il fait est très beau. Il s’est mis à la poésie. Il est vraiment romantique, pendant ses périodes d’inspiration, il écrit de beaux poèmes pleins de fraîcheur et de jeunesse. Quant à Robert, c’est la chanson qui a accaparé son cœur. Il ne vit que pour elle. Il est devenu auteur compositeur et chante ses propres chansons depuis l’âge de quinze ans. Il en a maintenant vingt-quatre.

J’étais donc l’heureuse maman de trois artistes nés. Rien d’étonnant à cela puisque mon père possédait déjà une belle voix et le papa de Robert chantait dans l’église de son village à Vielsalm quand il le fallait pour un mariage ou une autre occasion.

Oui, c’est vrai j’aimais beaucoup les arts et en particulier la peinture. Mais le temps ne me permettait pas de faire ce que j’aurais voulu. J’étais très occupée par mon mari et mes trois fils. J’avais une grande maison à entretenir. Les nettoyages, le lavage et le repassage me prenaient beaucoup de temps. En fin de journée, trop fatiguée pour entreprendre quoi que ce soit. Mais les temps ont changé. Cela fait maintenant six ans que j’ai perdu mon mari. Il est décédé le 13 février 1958. Ce fut une grande peine pour moi, car en plus de le perdre, je me suis retrouvée seule.

Tous ont choisi leur voie. Maurice est devenu horloger. Depuis son plus jeune âge, il a toujours voulu faire du cinéma amateur. C’est ainsi qu’il a réalisé un film à scénario intitulé « Nuit de décembre » et bien d’autres dont il est l’acteur principal. Ce film a été entièrement monté par lui, du générique aux effets de lumière. Il l’a présenté à un concours à Cannes et a eu l’heureuse surprise d’obtenir le premier prix pour ce film en 9 1⁄2 dans la catégorie des courts métrages. Il durait à peine une vingtaine de minutes. L’ancien format à perforation centrale est plus ou moins de la même grandeur d’image que le 16 m/m semi professionnel mais la pellicule est beaucoup moins chère en raison du budget. Maurice a été heureux et satisfait de son travail. Il a beaucoup de capacités, mais son métier ne lui permet pas de faire ce qu’il aurait voulu. Il va bientôt réaliser un nouveau film : » Cas de conscience ». Il a entre-temps, quitté la maison et s’est marié avec Suzanne dont il a eu deux filles Michèle et Marianne. Il les adore et elles sont toute sa vie.

René, lui, est marié à la petite Jeannine avec qui il avait été fiancé pendant six ans. C’est une brave petite et suis heureuse de le savoir avec elle. Il a choisi la carrière militaire par amour de sa femme en pays occupé. Il a deux adorables garçons, Jean- Jacques et Christian. En 1976, il est devenu adjudant-chef. Il avait quarante-cinq ans.

Je restais donc seule avec Robert. Il m’a encore tenu compagnie près de quatre ans après la mort de son cher papa. Il continue de chanter..surtout les belles chansons de Mario Lanza. Il possède à présent une voix de ténor, baryton martin, admirable. En plus, il sait faire des imitations de presque toutes les vedettes actuelles. Il chante ce que j’appelle la fantaisie et le charme. Il sait jouer la comédie et danse admirablement bien. C’est un comédien né. Il ne se sent bien que sur la scène. C’est un besoin pour lui que de chanter et de se produire en spectacle. Il adore l’ambiance des coulisses et celle qui entoure le milieu artistique. Seulement, il est très difficile de pousser les portes du succès. Il ne se décourage pas, il continue depuis quinze ans à composer de belles chansons et il espère un jour avoir sa récompense.

D’ailleurs, il en a fait son métier. Après avoir achevé son service militaire à la force aérienne en Belgique dans la police militaire et travaillé pour la Générale de Banque, il est depuis peu devenu professionnel dans les chœurs au théâtre du Châtelet avec Jean Richard et Georges Guétary et artiste avec Mick Micheyl vedette dans la revue « Avec Frénésies » au Casino de Paris en I963.

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J’ai fait mes études à Malmédy en allemand. Je n’ai jamais appris le français à l’école. Je me suis familiarisée à cette langue en lisant et, bien plus tard, je me suis mise à prendre des cours d’anglais. A l’école, il faut bien avouer que je n’étais pas la meilleure élève, mais quand je le voulais, je recevais une très belle image de l’institutrice en récompense de mes efforts ou de ma bonne conduite. Il n’en était pas souvent ainsi !

J’étais une petite fille toujours très gaie et surtout très espiègle. J’adorais le grand air. Mon passe-temps favori consistait à griffonner sur tout. Je me souviens qu’alors j’attrapais des corrections, mais toujours, je recommençais. J’étais aussi très sauvage. Depuis l’âge de cinq ans, je roulais à vélo. Pas toujours très prudemment. Le premier jour de ma sortie avec mon vélo tout neuf, je me suis retrouvée en dessous de deux chevaux en attelage d’un marchand de bière qui stationnait devant la maison. C’était en 1906. Je m’en suis tirée sans une égratignure.

Plus tard, je devenais de plus en plus raisonnable. Je m’appliquais de mon mieux. Et, à mon grand étonnement, je faisais ce que je voulais de mes mains. J’étais très adroite. Lorsque je voulais réussir quelque chose, je la réussissais. Très jeune j’aimais à dessiner. J’aurais tant voulu entrer à l’académie de peinture, mais nous n’en avions pas à Malmédy. Nous habitions la province beaucoup trop loin du plus proche établissement de peinture. J’ai donc dû me contenter d’être mon propre professeur et d’apprendre seule à maîtriser et à projeter ce que je ressentais. Je dessinais de mon mieux ce qui se passait dans ma tête. Mais, tout au long de cet apprentissage, je me suis plus particulièrement intéressée au portrait.

J’ai terminé mes études à seize ans. Je me suis alors consacrée au foyer familial et aux tâches ménagères. J’ai beaucoup appris avec maman. Surtout en cuisine. J’adorais confectionner de bons petits plats et faire de la pâtisserie. J’en ai vite pris l’habitude tous les jeudis. Maman était très sévère avec nous en ce qui concernait les sorties. Nous ne pouvions jamais nous absenter et nous n’allions que rarement au spectacle ou au cinéma.

Vers l’âge de dix-sept ans, je me suis inscrite à un cours de danse privé. Lorsque je suis arrivée, il y avait là une vingtaine de couples. J’étais une fille très réservée. Je me suis assise sur la banquette, un peu à l’écart. C’est alors qu’un très beau jeune homme est venu m’inviter à danser. J’étais un peu timide et je ne savais pas ce qu’il fallait faire pour ne pas paraître trop ridicule. Et c’est à cette occasion que je fis la connaissance de Joseph Ludwig. Il était employé de banque. Joseph est rapidement tombé amoureux de moi, mais je n’éprouvais que de l’amitié pour lui. Il me semblait qu’il était trop bien pour moi. En effet, après deux ans de cette liaison platonique j’ai rompu. Je ne voulais pas lui donner l’espoir de m’épouser. Joseph en a été très malheureux, mais ma décision avait été mûrement réfléchie. Je l’avais prise et ne pouvais plus revenir en arrière. Je sentais que j’étais beaucoup trop jeune pour endosser une si grande responsabilité. J’avais alors dix-huit ans.

Et c’est six mois après que je fis la connaissance de Léon BUY celui qui allait devenir mon futur mari. Nous nous sommes fréquentés pendant trois ans. A mon grand étonnement comme il s’était présenté à moi sous le prénom d’Hippolyte, ce prénom ne me plaisant guère... Il m’expliqua que son parrain avait été vexé à sa naissance qu’on l’avait appelé Léon... Il nécessitait et fallait comme lui, s’appeler Hippolyte et pour lui faire plaisir ses parents l’avaient toujours appelé par ce prénom ! Moi..., tout au long de ma vie, je l’ai appelé « Pol », l’abréviation du nom.

Nous n’étions pas riches et nous avons dû attendre avant de pouvoir nous mettre en ménage. J’avais depuis l’âge de dix-huit ans, occupé une place d’employée de bureau dans une papeterie de la ville. J’y suis restée près de cinq ans. Grâce à ce travail j’avais fait quelques économies. Alors seulement nous avons pu envisager de nous marier. Pendant des années, j’ai économisé cinq francs par mois pour avoir la possibilité d’acheter une bague chevalière à mon fiancé. Il faut signaler que j’ai régulièrement remis mon salaire à ma mère jusqu’à mon mariage, à l’âge de vingt-deux ans... » /

Ma mère était fière de ses origines, les multiples talents qu'elle cultivait avec aisance et en autodidacte faisaient d'elle une source d'inspiration inépuisable. La musique, la peinture, l'écriture, l’excellence dans son rôle de mère et de femme de maison aujourd'hui me réchauffe encore le cœur.

J’ai fait mes études à Malmédy en allemand. Je n’ai jamais appris le français à l’école. Je me suis familiarisée à cette langue en lisant et, bien plus tard, je me suis mise à prendre des cours d’anglais. A l’école, il faut bien avouer que je n’étais pas la meilleure élève, mais quand je le voulais, je recevais une très belle image de l’institutrice en récompense de mes efforts ou de ma bonne conduite. Il n’en était pas souvent ainsi !

J’étais une petite fille toujours très gaie et surtout très espiègle. J’adorais le grand air. Mon passe-temps favori consistait à griffonner sur tout. Je me souviens qu’alors j’attrapais des corrections, mais toujours, je recommençais. J’étais aussi très sauvage. Depuis l’âge de cinq ans, je roulais à vélo. Pas toujours très prudemment. Le premier jour de ma sortie avec mon vélo tout neuf, je me suis retrouvée en dessous de deux chevaux en attelage d’un marchand de bière qui stationnait devant la maison. C’était en 1906. Je m’en suis tirée sans une égratignure.

Plus tard, je devenais de plus en plus raisonnable. Je m’appliquais de mon mieux. Et, à mon grand étonnement, je faisais ce que je voulais de mes mains. J’étais très adroite. Lorsque je voulais réussir quelque chose, je la réussissais. Très jeune j’aimais à dessiner. J’aurais tant voulu entrer à l’académie de peinture, mais nous n’en avions pas à Malmédy. Nous habitions la province beaucoup trop loin du plus proche établissement de peinture. J’ai donc dû me contenter d’être mon propre professeur et d’apprendre seule à maîtriser et à projeter ce que je ressentais. Je dessinais de mon mieux ce qui se passait dans ma tête. Mais, tout au long de cet apprentissage, je me suis plus particulièrement intéressée au portrait.

J’ai terminé mes études à seize ans. Je me suis alors consacrée au foyer familial et aux tâches ménagères. J’ai beaucoup appris avec maman. Surtout en cuisine. J’adorais confectionner de bons petits plats et faire de la pâtisserie. J’en ai vite pris l’habitude tous les jeudis. Maman était très sévère avec nous en ce qui concernait les sorties. Nous ne pouvions jamais nous absenter et nous n’allions que rarement au spectacle ou au cinéma.

Vers l’âge de dix-sept ans, je me suis inscrite à un cours de danse privé. Lorsque je suis arrivée, il y avait là une vingtaine de couples. J’étais une fille très réservée. Je me suis assise sur la banquette, un peu à l’écart. C’est alors qu’un très beau jeune homme est venu m’inviter à danser. J’étais un peu timide et je ne savais pas ce qu’il fallait faire pour ne pas paraître trop ridicule. Et c’est à cette occasion que je fis la connaissance de Joseph Ludwig. Il était employé de banque. Joseph est rapidement tombé amoureux de moi, mais je n’éprouvais que de l’amitié pour lui. Il me semblait qu’il était trop bien pour moi. En effet, après deux ans de cette liaison platonique j’ai rompu. Je ne voulais pas lui donner l’espoir de m’épouser. Joseph en a été très malheureux, mais ma décision avait été mûrement réfléchie. Je l’avais prise et ne pouvais plus revenir en arrière. Je sentais que j’étais beaucoup trop jeune pour endosser une si grande responsabilité. J’avais alors dix-huit ans.

Et c’est six mois après que je fis la connaissance de Léon BUY celui qui allait devenir mon futur mari. Nous nous sommes fréquentés pendant trois ans. A mon grand étonnement comme il s’était présenté à moi sous le prénom d’Hippolyte, ce prénom ne me plaisant guère... Il m’expliqua que son parrain avait été vexé à sa naissance qu’on l’avait appelé Léon... Il nécessitait et fallait comme lui, s’appeler Hippolyte et pour lui faire plaisir ses parents l’avaient toujours appelé par ce prénom ! Moi..., tout au long de ma vie, je l’ai appelé « Pol », l’abréviation du nom.

Nous n’étions pas riches et nous avons dû attendre avant de pouvoir nous mettre en ménage. J’avais depuis l’âge de dix-huit ans, occupé une place d’employée de bureau dans une papeterie de la ville. J’y suis restée près de cinq ans. Grâce à ce travail j’avais fait quelques économies. Alors seulement nous avons pu envisager de nous marier. Pendant des années, j’ai économisé cinq francs par mois pour avoir la possibilité d’acheter une bague chevalière à mon fiancé. Il faut signaler que j’ai régulièrement remis mon salaire à ma mère jusqu’à mon mariage, à l’âge de vingt-deux ans... » /

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Ma mère était fière de ses origines, les multiples talents qu'elle cultivait avec aisance et en autodidacte faisaient d'elle une source d'inspiration inépuisable. La musique, la peinture, l'écriture, l’excellence dans son rôle de mère et de femme de maison aujourd'hui me réchauffe encore le cœur.

Je poursuivais me études à l’Athénée Royal de Namur, je préparais un brevet de sciences économiques, l’équivalent de ce que l’on appelle en France le baccalauréat, et déjà à cette époque, je faisais rires mes camarades en imitant tel ou tel artiste voire les professeurs qui à tour de rôle faisait partie de mon jeu scénique... C’était l’époque où je connus le plus grand malheur qu’un jeune homme puisse connaître, je perdais mon père presque dans mes bras ...

 

Aussitôt, l’on devient un autre homme, tout devient plus important, la vie vous donne une véritable transformation et le comique de service qui amusait la galerie devient tout à coup le jeune homme responsable, réfléchi face à la dure réalité que vous offrent les circonstances de la vie. Ce passage que chacun de nous fait sur terre doit permettre à chacun de choisir la bonne et la meilleure des conduites...

Aujourd’hui, il est aussi à déplorer la perte de Maurice mon frère et de son épouse Jeannine, qui eux aussi ont quitté ce monde à mon gré bien trop tôt mais c’est ainsi, le calendrier est perpétuel quand il nous faut rejoindre l’éternité. Le temps n’est plus au passé, aux regrets, la vie malgré tout continue et, ainsi que le disait... je ne sais qui d’ailleurs, Quoiqu’il en soit, le spectacle continue !

Tournons cette page qui restera un souvenir indélébile à jamais gravé dans ma mémoire...

Je restai donc seul avec ma mère, mes frères plus âgés, avaient une famille à gérer. Nous n’étions pas très riches, l’amour et la tendresse de mes parents ont été ma seule richesse, et dois dire que de ce côté, « Crésus » n’avait rien à prétendre. L’heure de l’appel a sonné pour les jeunes qui comme moi devaient obligatoirement effectuer leur service auprès de la nation. De retour du service militaire, je cherchais un emploi, je me suffisais de ceux trouvés, quand un jour je suis entré à la « Générale de Banque » où quelques années plus tard comme vous le savez, je donnais ma démission pour tenter ma chance à Paris et chercher à épouser la profession de chanteur-artiste.

A cette époque, il était encore très facile de dénicher un quelconque travail et je me confortai le sachant, au cas où ma chance devait m’abandonner...Il y aurait toujours une porte de secours, si je loupais celle des artistes.

Il ne suffit pas de rêver de succès, rêver de gloire, voir son nom illuminer la façade d'un grand cabaret de mille éclats couleur or ! Souvenez-vous, la chanson du grand Aznavour « Je me voyais déjà ! » Un bateau à prendre, mais on craint l'eau, un train à prendre, mais il s'arrête à la gare ou vous n'êtes pas ! Je crois que c'est le grand Jacques qui, déclara un jour à un journaliste « Vouloir partir oui c'est bien, le plus dur étant de le faire sans se retourner ! »

Ma mère écrit :

…/ « Après dix-huit mois de mariage j’ai eu mon premier enfant. Nous l’avons appelé Maurice. C’était un adorable petit gosse. Il était joufflu et tout bouclé. J’adorais mon petit et ne vivais que pour lui et mon mari. A l’âge de deux ans et demi, il a été opéré d’une péritonite. Il a lutté près d’un mois entre la vie et la mort. Mon moral était alors bien bas, après tant de souffrances endurées pendant cette période malheureuse et si triste. Moi-même j’avais été opérée de cette affection en 1927, un an avant. Mais, fort heureusement, cela n’avait pas été aussi grave. Grâce à Dieu, mon petit Maurice a été guéri. Et je dois remercier Sainte Thérèse qui je le crois me l’a sauvé.

Cinq ans plus tard, j’attendais mon deuxième enfant, René. C’était aussi un bébé adorable, aux boucles blondes et aux yeux noirs. C’était un enfant très espiègle et remuant. Il me jouait toutes les farces possibles. Je devais constamment le surveiller sinon, j’étais sûre d’avoir des ennuis. Un jour, vers l’âge de deux ans et demi, il était assis sur le seuil de la porte quand tout à coup un orage terrible éclate. Je me précipite alors pour rentrer mon petit René, mais je m’aperçois qu’il n’est plus sur le seuil. Je traverse la pluie qui tombait comme des hallebardes à la recherche de mon fils…

J’ai couru vers la gare car quelques temps auparavant, il m’avait demandé où était son père. Je lui avais répondu qu’il était à Bruxelles.  René n’était pas au café de la gare. Je me suis alors dirigée du côté opposé : le centre de la ville. Je vois alors un monsieur qui le ramenait à la maison. Il était trempé jusqu’aux os, comme si, il était tombé à l’eau. Par la suite, lorsque je lui ai demandé où il était allé, il m’a répondu qu’il voulait aller chercher son papa à Bruxelles… Et ce n’est pas tout ! A dix-huit mois, René est tombé dans un tonneau rempli d’eau. Il jouait dessus pendant que je réparais la porte du poulailler. Heureusement, il a été sauvé à temps.

Une autre fois, il devait avoir dans les huit ans. Maurice vient m’avertir en courant que son petit frère avait grimpé très haut sur un arbre et qu’il ne parvenait plus à en descendre. Quelle ne fut pas là mon angoisse en apprenant cette nouvelle. Finalement, il est parvenu à trouver la branche qu’il lui fallait pour descendre, et en revenir sain et sauf à la maison.

René a même repris le scénario qui s’est joué avec Maurice. Vers l’âge de trois ans et demi, il a été opéré d’une hernie étranglée, mais pour lui, tout s’est bien passé. Si bien que dix jours plus tard, il jouait, dans une poussette avec deux petits chiens blancs que son grand père lui avait offerts et il les promenait en courant comme un beau diable.

Plus tard encore, mes deux fils étaient allés jouer avec un de leur copain, Emile, dans son jardin. J’ai appris que « Mimile » comme on avait l’habitude de l’appeler, avait bloqué René pendant plusieurs minutes en dessous d’un tonneau de vin, alors qu’il n’avait que sept ans. Il a eu si peur que jamais plus, il n’a voulu jouer seul avec Mimile.

Voilà ! J'espère que ces quelques pages qui vous ont été présentées, vous auront mis en appétit et vous donneront l'envie de poursuivre ce parcours qui a été le mien ! 

Vous connaissez maintenant toutes ces gens qui m'ont entourées, ma maman, mon papa, mes frères, une famille regrettée qui s'en est allée rejoindre les oies sauvages. Je me dois, une fois encore, remercier cette maman, qui m'a toujours accompagné et qui, a laissé son petit carnet où les souvenirs se ramassent à la pelle, Des souvenirs qu'elle aura recueilli et noté pour la pérennité.

En vous procurant ce livre de ma vie, "Derrière le miroir du show-biz', vous serez aux premières loges à la fois sur les scènes du tout Paris, mais également dans les coulisses de ces cabarets et Music-Hall, où paillettes et strass ne brillent que pour vos yeux ! Seule, une étoile, dans ce grand firmament, scintille, le temps de disparaître en un éclair dans cette nuit sombre qui vous entoure...

Je vous souhaite, dès à présent une bonne lecture, amis lecteurs, amies lectrices. Votre dévoué Robert Buy dit Brummel !

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