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LA  LEGION ETRANGÈRE DE 1831 À NOS JOURS ...

MADAGASCAR 1895 -1896

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L'expédition vers Madagascar 

1895, le protectorat qui lie Madagascar avec la France, n'est pas respecté par le gouvernement Hova qui à profit, comment des exactions contre, les ressortissants français. La France décide donc d'intervenir militairement, elle veut ainsi affirmer ses droits, mais aussi la sécurité de ses ressortissants menacés par des attentats en nombre. En janvier 1895, le ministère de la guerre, en appelle à la Légion étrangère qui fera appui sur le 19ème corps. Ce tout nouveau régiment, prendra le nom de "Régiment d'Algérie".

Deux bataillons seront ainsi formés, pour constituer l'élite de ce nouveau Régiment d'Algérie. Le premier bataillon comptant en son sein, 2 compagnies du 1er régiment Etranger, sous les ordres du commandant Barre.

Un second bataillon, qui lui abritera à la fois, 2 compagnies du 1er Régiment de Tirailleurs Algériens et deux autres compagnies du 2ème RTA sous les ordres du commandant Lentonnet. Puis un troisième bataillon constitué de l'ancien 2ème bataillon du 3ème Régiment de Tirailleurs Algériens, commandé par le commandant Debron.

Le colonel Emile Oudri prendra la totalité du commandement de ce nouveau Régiment d'Algérie. Il est depuis deux ans le chef de Corps du 2ème Régiment Etranger de la Légion, et il est un vétéran chevronné et aguerri  des guerres de colonie, dont l'Algérie, La Tunisie, Les Territoires du Sud, Le Tonkin et l'Annam.

 

Personnage très estimé de ses légionnaires qui ne jurent que par leur chef et le surnomment "Le père Oudri". Mais un autre surnom lui est donné , cette fois par les Tirailleurs Algériens dont il parle couramment la langue... "Le colonel bono-bézef".

 

Nous allons suivre les aventures du Régiment d'Algérie dans un climat hostile et meurtrier, la campagne de Madagascar.

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5 février, dans le port de Philippeville, montent à bord, du "Shamrock", le 3ème bataillon du Régiment d'Algérie et le général Metzinger commandant la première brigade. Ce sera lui, qui aura l'honneur de fournir l'avant-garde du Corps expéditionnaire le 28 février à Majunga.

22 mars, avant d'embarquer le colonel Gillon, Commandant en chef du régiment de marche du 200ème RI,  accompagné de son état major, est amené à se rendre à Sathonay, Le 28, il reçoit des mains du président de la république Félix Faure, le drapeau du Régiment d'Algérie.  Le 1er avril, de retour à Alger, l'Etat-Major au complet embarque sur le "Cachemire" et le 2ème bataillon.

Ce n'est que le 4 avril que; le premier bataillon de la Légion étrangère quitte Oran et embarque sur le "Liban". il débarquera le 28 du mois à Majunga. Les compagnies rassembleront 200 hommes arborant un uniforme semblable à celui de l'Infanterie de Marine...Pour les hommes de rangs: Paletot de molleton bleu, pantalons de flanelle de même couleur, collet à capuchon, paletot de toile cachou, pantalons de treillis, casque colonial timbré de la grenade de cuivre ( le casque sera porté dès que les hommes seront sur la mer rouge)... Les officiers, quant à eux porteront la vareuse et pantalons de flanelle anglaise bleu roi, au collet, la grenade d'or sur écusson garance, puis une tenue de tolie cachou ou blanche et le casque colonial.

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1er mai, l'ensemble des troupes débarquées concentrées à Miadana, forme la colonne prête à traverser les marais. Le lendemain la colonne se scinde en deux, attaquant et enlevant Maroway, le combat engageant l'artillerie sera court !

 

La voilà qui, cette fois, tente une avancée dans les marécages, les canons de la Marine , élevés à bout de bras, autant que les caisses de munitions de vivres et divers matériels qui seront utilisés le moment voulu. Pour éviter ce climat hostile et la chaleur torride qui l'enveloppe, et les moustiques . Ordre est donné de lever le bivouac dès 2h00 du matin... La colonne se met en route, déloge sans cesse les hovas après des attaques lancées sur elle. Les pistes, les chemins ne sont pas précisément les accès à ce parcours, les hommes suivront-ils les lits des ruisseaux...

 

A la tombée de la nuit, un brouillard dru et dense plane au dessus des rizières, humidité et fièvre menacent les hommes sans compter que quelques heures de repos sont troublés par les moustiques et les fourmis rouges, envahissants le bivouac. La nature se veut capricieuse, elle ignore ce climat humide, les rizières, les moustiques pour donner le change à un sol brûlant, rocailleux, une steppe aride dans un environnement poussiéreux.

Savoir s'adapter en toutes circonstances est aussi dans les cordes de ces hommes, qui, malgré ces climats capricieux continuent coûte que coûte leur avancée.

La Bestiboka est large de 450 mètres, d'une profondeur n'atteignant pas plus de deux mètres, ce qui malgré tout n'est pas enrichissant pour franchir ce fleuve avec tout le matériel lourd, c'est pourquoi sur la canonnière  des engins de chantier permettront la constructions de ponts et la destruction des arbres qui font obstacle à la marche. Le 6 juin la canonnière est passée, repoussant les attaques de ses canons-révolver.

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La canonnière sur le Marovoay

Deux colonnes fondent sur Mevatanana défendue solidement par les hovas, le 9 juin, les rebelles seront délogés ! Depuis le départ de Majunga, les vivres  viennent à manquer, la chasse est ouverte à travers la brousse, les hommes doivent impérativement trouver les animaux pour se nourrir. Si les vivres manquent, les routes elles , également ! Aussi les célèbres "voitures Lefèvre" en provenance de France, ont été chargées à 5000 sur les paquebots. , Même si celles-sont attelées aux mulets, le fait de l'absence des routes rend impossible leur utilité.

Le  12 juin, le "journal de marches" révèle:" Commencement des travaux de route"... Durant trois mois les mêmes écritures avec la mention "travaux" sur le journal de marches. Le fusil posé près de chacun des hommes, la pelle et la pioche seront les seuls outils pour la construction des routes. Ces deux outils portatifs sont baptisés par les légionnaires et portent le nom de "Fusil Modèle 1895". Tandis que les travaux s'effectuent, les hovas par vagues intermittentes, tenteront pas de petits assauts de les ralentir à jamais. Mais très vite le "fusil modèle 1895" laisse place au seul et vrai, destiné à détruire au lieu de construire. Les bivouacs se forment lentement au fur et à mesure que les routes se construisent. Les légionnaires, bâtisseurs assument cependant l'appui du 40ème bataillon de Chasseurs, qui ne brille plus, son effectif réduit par les fièvres.

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Le 24 août, le bivouac est attaqué par des vents d'extrêmes violence et glaciaux, les tentes arrachées, les gourbis renversés et ce remue-ménage affecte les militaires au point où le sommeil leur est interdit. La Légion marche sur Andriba, défendus par les hovas, qui ne tarderont pas à abandonner toutes leur défense et batteries d'artillerie sur la place  où elle avait été implantée.

La colonne ne dispose que très peu de vivres, les vêtements ne sont plus distribués, les souliers quant à eux affligent les pieds des hommes.

Le 3 septembre, Le Régiment d'Algérie se retrouve au camp de le "Pierre levée", les routes sortent maintenant des terres, les fièvres  et les assauts répétés des hovas ont réduit l'effectif d'origine de 818 hommes à 458 pour les 4 compagnies.

 

Le général Duchène, commandant en chef du Corps expéditionnaire décide d'en terminer avant que l'effectif de ses hommes, ne s'écroule, Il fait organiser une colonne  légère en hommes qu'il lancera sur Tananarive. Auparavant, une visite sommaire exécutée par les médecins du bataillon, éliminant les élément inaptes à entreprendre l'effort considérable qui sera demandé à cette nouvelle colonne. En effet de nouveau elle devra parcourir ses 200 kilomètres qui la sépare de Tananarive, avec le précieux et lourds chargements que chacun devra porter y compris ce qui vient de leur être ajouté, un sac de 4 jours de vivres et 140 cartouches, tout cela en plus de leur matériel individuel.

 

L'effectif recompté, le Régiment d'Algérie, dispose de 54 officiers et 1395 hommes de troupe, dont 17 officiers et 452 hommes pour le bataillon de la Légion. Avant de se mettre en route, il recevra 3 autres officiers et 141 légionnaires envoyés le 3 août d'Alger par le 2ème Etranger. Les mulets ont en charge le transport pour la colonne de 18 jours de vivre et d'orge pour nourrir les mulets. 

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Le 14 septembre, la colonne reconstituée prend la route, la Légion à sa tête. Le lendemain, sur le plateau de Tsinainondry, l'avant-garde essuie une pluie d'obus  de l'artillerie des hovas, la colonne n'ayant pas encore reçu les canons de 80 malgré tout en route, fait fie de cette attaque et le bataillon se lance à corps perdus à la poursuite des rebelles et contre-attaquent...le bataillon enlève la position.

17 septembre, Les monts Ambohimenas se détachent du paysage, 1500 mètres d'altitude à franchir. Les cols défendus par de nombreux ouvrages dotés d'une bonne artillerie? La Légion lance une attaque de front, tandis que les autres bataillons effectuent des mouvements tournants...le passage est forcé ! La colonne en est déjà à la moitié du chemin. Au loin, les monts franchis s'estompent et laissent envisager de meilleurs auspices, débouchant sur des riches et fertiles plaines. Mais Ranavalo et ses troupes veillent assumant une défense coûte que coûte...

Le Régiment d'Algérie est cité à l'ordre, particulièrement son premier bataillon:

 

"Bataillon qui a fait preuve de la solidité et du sang-froid, qui fait de la Légion, une troupe d'élite, en tirant au commandement à découvert, certaines sections debout, contre un ennemi retranché à trois cent mètres".

29 septembre, la colonne poursuit son ascension sur Tananarive, la première brigade en tête  évitant les rizières  difficiles à franchir . Dans la nuit du 29 au 30, formation pour la phase terminale...Les 2ème et 3ème bataillons du Régiment d'Algérie en avant-garde. La Légion quant à elle restera en soutien.

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Tananarive dernière étape...et déjà, une ville qui, aux premiers abords semblent imprenable de par sa défense naturelle qui la sépare par trois crêtes rocheuses. La ville en hauteur, est protégée par une disposition de batteries allant crescendo sur tous les points dominant des alentours. 3h00 du matin le 3ème bataillon franchit la crête sous un feu nourri de l'artillerie, sur les flancs, les hommes sont touchés pour la plupart par les tirs ennemis.

 

Cependant malgré les pertes, le 3ème bataillon met en fuite les tireurs qui laisse l'Observatoire aux mains des Français. Le 1er bataillon fonce en direction du palais de la Reine, le second lui fonce sur la cathédrale. Les canons de 80 se mettent en action vers 15 h 00 et les 6 colonnes attendant les ordres...

 

A 16H00, le pavillon royal qui flottait sur le grand mât, tout d'un coup fait place à un drapeau blanc. Aussitôt des parlementaires portés sur des filanzanes sont amenés devant le général en chef qui accepte leur soumission.

16h30, le général Metzinger, une section du 2ème bataillon, un détachement du génie suivi du 1er bataillon, son colonel et le drapeau du  Régiment d'Algérie, une compagnie du 200ème RI, qui elle a complètement été exterminée, tout ce petit monde se dirige vers la ville de Tananarive et y entre... Sur leurs pas, Le colonel commandant la 1ère Compagnie de la Légion, drapeau en tête, pénètrent à l'intérieur du Palais de la Reine...le drapeau est déployé.

En fin de journée, l'Infanterie de marine vient relever la Légion qui peut alors bivouaquer près de l'hopital anglais.

Total des pertes de la journée pour le Régiment d'Algérie: 6 tués et 19 blessés dont plusieurs grièvement.

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La France restitue la couronne de la Reine Ranavalona III

Le colonel Oudri fut promu général de brigade en mars 1896 et  même si la Reine avait abdiquer, de nouveaux mouvements insurrectionnels cette fois, dans le sud de l'ïle  progressaient. Le 19 juillet, l'ex-colonel , actuel général prenait le commandement de la 3ème brigade d'Infanterie d'Algérie. il allait retrouver "ses" légionnaires ! Il devait terminer une carrière bien remplie, totalisant 36 campagnes en qualité de commandant en chef du 3ème Corps d'armée. Dès août 1896, le 1er et le 2ème Régiment étranger étaient soudés et constituaient les éléments ajouytés au bataillon de marche, renforçant ainsi les troupes à Madagascar et contribuaient à la pacification sous les ordres de Galliéni.

Le général Duchène s'adressera aux légionnaires le lendemain: " C'est bien à vous que nous devons d'être ici. Si jamais j'ai l'honneur de commander une expédition nouvelle, je demanderai d'amener avec moi au moins un bataillon de la Légion Etrangère". 

 Le général Gallieni commandant de la Grande île ajoutera sept mois plus tard...

"Je demande six cent légionnaires, afin de pouvoir le cas échéant, mourir convenablement. "

Il sera exaucé  ! En 1905, il y aura à Madagascar, un régiment complet de la Légion Etrangère .

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