top of page

VICTOR -MEA CULPA

In-this-CountryMehdi Roy
00:00 / 04:19

1916/2023

MESAVENTURES&

 AVENTURES

Victor.png

Comment un enfant de 11 ans, peut-il lutter contre le froid, sinon qu'en tentant de se réchauffer, par les moyens qui sont les siens et qui ne sont pas forcément bénéfiques à une communauté ?

Capture d’écran 2021-08-08 à 21.41.04.png
PRÉFACE DE L'AUTEUR

Jean-Paul ANDRY

Aujourd'hui, je dédicace ce roman, à mes enfants et petits enfants, qui m'auront apporté tout ces instants de bonheur d'être à la fois père et grand-père ! A mes enfants, Rudy et Chris, les antagonistes, David, Aurélia, ainsi que mes petits-enfants Mehdi, Cassandra, Lola, Tiago et Raffaël​ ! Puissiez-vous transmettre mes écrits dans leur totalité à vos enfants, une fois que je ne serais plus ! En vous souhaitant le meilleur ! N'oubliez jamais que là où je suis je veillerais sur vous ! Je vous aime !

Il y a plus de quarante ans, l'idée m'est venue, puisque nous étions à la veille de Noël, d'offrir un cadeau à mes enfants Rudy et Chris, et bien entendu, joindre l'utile à l'agréable en me comptant parmi les intéressés. Je choisis donc de donner à chacun un outil tel que l'informatique et qui donc peut nous apporter cette joie de réunir à la fois jeu et travail sinon qu'un ordinateur ? C'est décidé, je commanderai cet ami pour mes petits gars et moi ! 

Lorsque l'Amiga pris place dans la maison, quelques disquettes de jeu achetées au préalable devaient et je le croyais apporter à mes enfants paix et sérénité pour chacun d'eux ! En fait il n'en a rien été et les petites disputes continuaient de plus belles, à qui aurait la part belle dans les tournois ; Mais je ne vais pas ici dans cette préface, vous narrer comment tout a commencé ! Je vous propose d'entamer cette lecture, contant les aventures de Victor !

Page 1

Chers lecteurs!

Tel que je vous l’annonçais, ce roman est une fiction, cependant il rassemble quelques souvenirs qui ont existé, sans doute votre perception intuitive saura vous aiguiller vers le vrai et l’histoire fictive!

Aussi je ne pouvais pas faire le récit historique de l’époque, puisque l’histoire de Victor débute en 1916, j’ai donc modifié certains évènements en rapport avec l’époque, bien entendu, les noms ont changé ainsi que certaines dates afin de me conforter dans la conformité...

Exemple : 

LA BATAILLE DE PHU-TONG-HOA 25 JUILLET 1948
Evènement Impossible en 1916 !

1.png

Page 3

Dans ce roman, vous rencontrerez l’Amitié au travers des péripéties et de cette grande aventure que Victor découvrira parce qu’un jour...où il était seul, un jour où il avait froid...

Il se sentait désemparé, provoqua un gigantesque incendie mais aussi une large déchirure pour lui, sa maman, et toutes ces gens qu’il côtoyait...

Cela , simplement, parce qu’il faisait froid; et parce qu’il voulait juste se réchauffer!

J.-P. A

LAEPH.jpeg

QUI M’AIME AIME MON CHIEN !

L'amitié est partout! Elle est autant chez l’être humain et tous genres confondus, elle se retrouve entre le monde humain et celui animal, et plus que jamais, avec les animaux entre eux. L’amitié fait fie des différences, cette dernière restera l’intrus qui viendra se positionner dans une histoire où seul le sentiment et l’empathie tiennent leur place! 

L'Amitié, comme je le dis, c’est aussi dur que bois! Si pour la rompre, il te faut une hache, faut-il encore que tu en possèdes le manche! Garde-toi de chercher, ni la hache, ni le manche ! Trouve le bois dont elle a été faite!

JPA

Page 5

Il était une fois...

1.png

Extrait vidéo de “La guerre des boutons” (1962-Yves Robert)

Il y a de cela quelques années, mes enfants, devenus depuis longtemps adultes aujourd’hui, se disputaient les jeux... ”Je veux celui-là - non tu ne l’auras pas c’est le mien!”, bref autant de bruits et de frictions auxquels il me fallait remédier! Noël approchait et c’est ce qui m’a permis de trouver la solution, j’ai donc choisi l’outil indispensable qui permettrait à tous de jouer ensemble, évitant les chamailleries! Quel pouvait être cet outil arbitraire?

 

Vous avez deviné... Un ordinateur !

( Bien que je vous l''ayez déjà écrit! )

 

Bien entendu, et pensant à mes enfants, je dois dire “humblement” que je pensais aussi à moi, et de voir ainsi ce tout nouvel et premier ordinateur entrer dans la famille, j’étais assez content et ne pouvait que remercier mes enfants de ne jamais tomber d’accord... je faisais d’une pierre deux coups et ainsi tentait de joindre l’utile à l'agréable!

Page 7

ordi-anniversaire.gif

Page 2

LIVRE.gif

L’auteur , vous expliquera en premier lieu, pourquoi ce titre? Il vous expliquera, quelles ont été les raisons qui l’ont poussé à écrire ce roman de fiction dans lequel, lignes après lignes, certaines réalités d’un passé raconté ou vécu se sont matérialisées s’il peut dire ainsi, et donner vie à quelques personnages du roman. Lesquels se sont métamorphosés comme ses propres souvenirs extraits d’une vie passée!

Souvenirs et fiction se seraient croisés laissant croire à chacun ce qu’il veut bien! Enfin tout ceci pour ne faire qu’un avec le héros principal de l’histoire! Victor!

L’auteur se situera à la fois, sur des plans réels et imaginaires, où il sera à la fois l’acteur principal et à la fois celui qui surplombe les scènes, et ce, suivant les évènements et les situations!

Sarcasme, tristesse et humour seront au rendez-vous...mais aussi la musique qui est une de ses passions et qui, comme chacun le sait, est une thérapie qui, dit-on, adoucit les mœurs! Aussi apercevrez-vous quelques titres de chapitres dont les noms ne vous seront pas insignifiants.

A sa chanson, son titre! Je choisirais parfois celui qui sied le mieux au chapitre. Plongez-vous dans ce roman tout comme son auteur, l’écriture de ce dernier vous conviendra je l’espère, bien que quelque peu déconcertante parfois dès les premiers chapitres!

Ce qui peut se comprendre, lorsque la mémoire s’efface et qu’un retour vers le passé reste la solution pour ne pas perdre le nord! Vous avez en main votre boussole? Cap sur notre destination en compagnie de Victor...

Page 4

La différence est tel, ce candidat qui se serait invité sans avoir été mentionné sur la liste!

Elle n’a qu’un seul et unique but ! Monter sur le podium, et qu’importe si elle doit être première, seconde ou troisième, car elle fera tout pour amener la discorde en toutes occasions!

 

Beaucoup et bien trop de gens, restent sur des aprioris tels que...

Les araignées portent malheur, idem pour ce qui est d’un chat noir, quand d’autres préfèreront attendre la seconde pie pour espérer un tant soi peu au bonheur... à ces personnes je leur demande de se poser et réfléchir et ainsi prendre momentanément la place de l’animal , en tout cas de celui ou celle qui, déjà condamné serait le mauvais à leurs yeux, est-ce celui qui mordra ou piquera!

Penserez-vous après, vouloir haïr l’être humain? Pour sûr! Si la différence tue l’homme, elle tue l’animal, l’insecte, tout ce qui fait partie de l’environnement de la nature, cette nature créée par Dieu si l’on considère que Dieu est Amour!

Aimer les animaux c’est aussi aimer le gens, notre superstition arriverait-elle à nous faire écraser des personnes, ou nous faire changer de trottoir lorsqu’une personne est de couleur noire? Voyons donc les animaux comme des humains et le monde n’en sera que bien meilleur!

Page 6

Nous voici donc avec ce nouvel ordinateur ‘l’Amiga” pour ne pas le nommer, il portait généreusement son nom puisqu’il nous offrait son amitié! Le nouvel ami de mes enfants qui devenait le mien, fut installé et livré aux mains des deux garçons! Finies les batailles de chiffonniers, tout était, pour le mieux, chacun jouait quand venait son tour, et même lorsqu’ils n’étaient que deux à jouer!

Enfin, c’est que je croyais... Mais la trêve ne fut que de courte durée et je devais me positionner comme arbitre de touche si j’ose dire...

L’idée me vint alors, de leur démontrer qu’un ordinateur n’était pas conçu uniquement pour des jeux mais qu’il pouvait aussi permettre à chacun d’écrire, et que tous trois, nous pouvions essayer de poser des mots, l’un après l’autre, ces mots donnant ainsi naissance à des phrases, qui elles, donneraient naissance à une histoire, un roman...

Comment raconte t-on une histoire? Quelle est la phrase rituelle que tous conteurs prononcent pour débuter une histoire?

Telle était la question d’emblée, que je leur posais. Et l'aîné de me dire: “Il était une fois”! et le plus grand de me dire “Il était une fois”... lui aussi!

Bravo! ... là ! Nous tenons notre première histoire! A toi maintenant...Il était une fois.... bla bla bla....

je ferais silence sur le bla bla bla, qui, au fur et à mesure que mes enfants partageaient leur science infuse, nous frôlions un début d’histoire abracadabrante, c’est pourquoi, je préfère donc faire abstraction du dénouement de cet épisode!.

Je ne sais quelle mouche me pique dans la seconde, j’étais l’arbitre et en temps que tel, je devais être entendu! La sentence se fit soudaine et sans négociation... je pris place et lieu sur ce trône qui restait maintenant vide et qui m’était offert. Bien cambré dans ce fauteuil, face à l’écran, je faisais trembler les touches du clavier...

Page 8

L'ALGÉRIE PERDUE

En Vente: 8,90euros

JOYEUX ANNIVERSAIRE “ VICTOR” !

Pourquoi aujourd’hui encore ce roman reste-t-il encore inachevé? Je vous l’ai dit, les enfants aujourd’hui, devenus des adultes et parents à leur tour, m’ont permis d’écrire les première pages de ce roman, et depuis cette fameuse date anniversaire de Victor, les textes ont soigneusement été gardés dans des fichiers informatiques, qui, au fil des changements, ont déménagés suivant ainsi le progrès!

L’ “Ami...Ga” a cédé sa place depuis à d’autres de mes amis, cette fois “Sophie & Stiqué”, Présentations faites, de matériels sophistiqués !

Aujourd’hui, mon nouveau copain “Mac” a grande envie de faire connaissance avec Victor, lâchement abandonné... Que voulez-vous !...les aléas de la vie!

Passons donc maintenant à la suite de l’écriture de ce roman de bientôt quarante-ans, qui a hâte d’être lu et apprécié, j’ose le croire. Ce sera le premier et je n’espère pas, le dernier ! ( Malgré tout, on peut toujours se tromper, mais on ne peut être échaudé maintes fois, à moins que l’on soit complètement abruti et croire que “tout le monde il est beau il est gentil !”

Pour terminer...

Profitez et lisez ici ! C'est un cadeau !


PROMOTION DES LIVRES ÉDITÉS AUX ÉDITIONS

SYDNEY LAURENT DE PARIS ET DANS LES LIBRAIRIES

EN VENTE !

A l’instant, où je reprends la lecture et la correction entière du roman de Victor, je puis confirmer, en effet, que deux autres livres ont été édités aux Éditions Sydney Laurent ». Le premier livre, étant une biographie de mon ami Robert Buy dit Brummel, racontant son parcours artistique sur les scènes des grands music-halls, les « Folies bergères », « le Casino de Paris » ainsi que de fabuleuses rencontres de ces artistes de l’époque.

Page 9

Un troisième livre ? « Le Roman de Victor » ! Encore inachevé ! et je vous avoue n’être pas certain de fêter son anniversaire, car même si les écrits sont, le livre, quant à lui, n'est pas prêt de naître ! Trop déçu du résultat navrant du premier livre !

 

Je ne me considère pas comme étant un auteur, ni encore moins compositeur de musique, pourtant, j’ai posé une centaine de textes bien souvent, dits “engagés” sur des chansons originales et connues, c’est d’ailleurs ce qui m’a donné envie de persévérer dans l’écriture et faire ainsi en premier temps, un « ebook », ou, livre électronique, et enfin un livre au format papier par la suite !

Deux autres projets sont en cours, sans doute au format livre, vous serez prévenus sur ce roman de Victor.

Vous pouvez me joindre sur le réseau russe

« Vkontact ».

Pour vous faciliter la lecture du livre au format papier, et me faciliter l’écriture, je jouerai avec les époques tout en essayant de garder un présent de l’indicatif, l'imparfait et le passé simple en fonction de la narration. Vous lirez ce roman comme si nous étions tous ensemble, le sujet principal, ses amis, vous et moi dans la même cour récréative. Pour ce qui est du format électronique, Je tiens également à remercier ces parfaits inconnus à qui j’ai soustrait, photos, musiques et quelques citations, puisées çà et là au cours de mes recherches sur la toile, merci donc à vous, de me permettre d’étoffer ce roman signé “Victor mea culpa”.

 

J'ai également pensé qu'il serait bien pour vous, amis lecteurs de vous permettre de prendre un peu de distance avec la lecture en vous dirigeant sur une chanson en rapport avec le titre d’un chapitre. Ainsi, vous pourrez reprendre à souhait la lecture du Roman de Victor.

EDITION SYDNEY LAURENT

Le second, quant à lui, édité et paru en novembre 2020 . Un roman fiction franco-russe, dans lequel Arnold Forward, de son nom d'auteur, collabore à l’idée, puis l’écriture et les graphismes. C’est l’histoire d’un pays perdu, pour les communautés des Français d’Algérie dont je suis !

Son titre « L’Algérie perdue » ! Le roman présente les questions de l’analyse d’un jeune journaliste venant de Lyon, pensant interviewer sur cette terre d’Algérie, quelques jours après l’indépendance, les quelques autochtones rebelles et belliqueux, mais, rien ne se passera comme il le prévoyait...Cette collaboration franco-russe, nous fait découvrir un artiste au don sans pareil...Arnold Forward dont les dessins ont tous été réalisés de sa main, au stylo à bille ! Un pur chef d'œuvre ! Ce roman comporte uniquement 50 pages, ce qui ne laissera aucune équivoque quant à un éventuel manque de temps pour sa lecture !

Arnold Forward, né à Saint-Pétersbourg, dont la couverture d’ailleurs portera son empreinte.

Vous pourrez apprécier son coup de crayon sur son projet « Nexus-D25 » vous n’aurez qu’à juger de ce dernier! Un coup de crayon certes, mais à billes ! Il est possible que l’on vous demande de vous inscrire sur ce réseau russe Vkontact, où vous pourrez, à souhait, admirer ses graphismes!

Je remercie mon éditeur de la publicité offerte sur Youtube pour la promotion de notre livre, paru et édité entre autres dans cette même édition Sydney Laurent...

L'ALGÉRIE PERDUE

Page 10

Dès à présent, je vous souhaite une bonne lecture en musique !

JPA

Découvrez également sur mon site, quelques pages qui vous raviront, je le pense! Au rendez-vous de l’amitié, la musique, l’histoire! Vous trouverez aussi un livre d’or dans lequel, vous pourrez à souhaits commenter, partager vos appréciations, les critiques sont acceptées dès qu’elles sont constructives !

LE SITE

Je tenais à vous informer sur ce site, qui, aujourd’hui, n’a plus de raison d’être lié à un nom de domaine tel qu’il l’avait été auparavant ! En effet, nous sommes loin des 500 visiteurs par jour, qui, hier encore, venaient étancher leur soif de connaissance ! Aussi pourquoi continuerais-je à entretenir ces quelques exceptions, leur apportant un meilleur confort de visibilité sans publicité, et payer de mes deniers? Non! Aujourd'hui je change mon fusil d’épaule, car il me pèse, cependant je continuerai à travailler sur mon site car s’il ne porte plus de vif intérêt sur une grande majorité, il reste néanmoins mon héritage à transmettre à ces gens qui m’aiment et qui sont de ma famille !

Page 11

craquer une allumette.gif

Un jour, un feu se déclare au moment où la misère sévissait déjà depuis trop longtemps dans ce quartier. Telle, la colère du volcan, tel le torrent de boue, telle l’avalanche, tel l’incendie ! Rares, seront les gens du peuple, pouvant échapper à ce fléau ! A l’exception d’un petit garçon que rien n’atteint...ou presque !

C’est ce moment que je choisis pour vous raconter l’histoire de ce jeune enfant de onze ans. C’est l’année avant guerre, l’année de nos pères, de nos mères, de nos grands-mères pour celles et ceux qui ont à peu près mon âge...Le 30 avril je fêterai mes 70 ans !

Mais avant d’entrer dans le brûlant de cette histoire, je tiens cependant une fois encore à vous faciliter la lecture de ce roman, car vous vous apercevrez de différents prénoms qui n’ont rien à faire dans le roman, la suite vous permettra de comprendre à quoi je fais allusion, mais pour cela, il vous faut lire...

C’est un peu comme la découverte de nouveaux amis, à ajouter à son agenda, car je tiens à faire mentir ce vieil adage, qui nous dit que les amis ne se comptent pas sur les doigts d’une main...Je dirais ...

Non! parfois sur deux! C’est possible ! Dès l’instant où fidélité et honneur ont un sens, Alors, oui, seulement dans ce cas vous contribuerez à faire mentir ce vieil adage dont je fais mention ci-dessous ;

Choisissez vos amis en tissant une toile qui jamais ne se déchirera, qu’importe le vent, la pluie, la tempête, prenez vos ami avec ses qualités et ses défauts . Ne jugez quiconque dans votre entourage, ni personne en dehors car si vous devez rencontrer ce dernier, il viendra déposer son empreinte sur votre toile. 

Elvis-You dont' have to say you love me.png

Dès l’instant ou vous acceptez de vivre avec vous

et ce qui est en vous,

agissez de même avec ce qui est chez autrui!

Page 13

AH! COURS PLUS VITE...
CHARLIE... CAMILLE, JULIEN, REMI...

ah cours plus vite charlie.png

... La boutique se trouve là maintenant juste devant le garçon, et il sait qu’il devra bientôt passer à l’acte, qui, entre nous, ne le rebute guère ! Il pousse la porte alors que la sonnette tintinnabule, se mouvant de gauche à droite ou vice et versa...je n’ai plus souvenance ! D’un bond, d’un seul, le voilà qui s’élance, décroche de la potence, un bon gros jambon qui d’ailleurs semblait l’inviter à le prendre dans ses bras, pour danser ou tout simplement le manger...

Puis il tire violemment la porte vers lui ! De nouveau...la sonnette se fait entendre...

Les « Au voleur » fusent autour de lui. Il se met à courir, tandis que déjà, une foule le poursuit, puis se noyant dans un écran de poussière, elle disparaît... à mesure qu’il attaque le sol des pieds. Il court, court encore...

Un coup d’œil furtif à l’arrière, le renseigne très vite sur la situation présente et à venir, qui d’ailleurs n’est pas de bonne augure. Un nuage poussiéreux stagne maintenant à hauteur d’homme. La reddition vient d’être signée, les farouches guerriers viennent de cesser la chasse à l’homme et semblent battre maintenant en retraite... Julien court toujours et ce n’est pas l’unique fois qu’il prend les jambes à son cou...

Le voici, qu’il termine cette course folle dans les bras d’une vieille grand-mère, l’embrassant ainsi de plein fouet... Imaginez un instant... Faîtes cet effort... Imaginez, des jambes, précisément, celles du petit garçon chapardeur, se mettre à étrangler, petit à petit, le cou de ce dernier.

Oui ! il faut avoir le cerveau bien dérangé pour cela, et pourtant, avec un peu d’imagination...

Mais voilà ! Non seulement, vous n'imaginez pas, mais en plus, vous penserez...“il” est fou ! et... vous n’auriez pas tort. Sauf...sauf, si je tentais de vous donner une petite explication quelque peu rationnelle...dans l’irrationnel certes, ce que je peux concevoir ! Complètement dingue ce type ! il est à la masse...continuez à penser!

Page 15

IL FAUT RANGER TA...TES JOUETS !

il faut ranger.png

Une des portes du couloir était restée grande ouverte, avant que la dame ne puisse la fermer à l’approche du petit, ce dernier, y avait déjà jeté un furtif coup d’œil. Le contenu de la pièce aurait certainement fait sortir de leurs tombes... Ali-Baba et ses quarante voleurs, si bien sûr, ses compères et lui avaient eu un semblant de vie.

La grand-mère, un peu gênée, tire la porte à elle, et tous deux pénètrent dans la dernière salle destinée à devenir la chambre de Victor. L’enfant d’abord, mitrailla la pièce, puis à la minute même, où il se retrouva seul, la vieille femme ayant regagné la cuisine, il inspecta cette fois, méticuleusement les nouveaux lieux... Il s'attardera sur les meubles, et les divers bibelots qui, la clarté aidant, réchauffent cette grande salle, il le fera comme le fait un touriste lorsqu’il visite le Musée du Louvre ou le Palais de Versailles, ce qui n’est pas trop! L’enfant appréciera d’un regard coquin, les nombreuses estampes cochinchinoises, toutes aussi coquines les unes que les autres, tapissant les murs... Toutefois, quelque chose d’anormal, montre un contraste avec le décor de cette pièce...de jolis meubles, une très belle clarté, de jolies estampes, des bibelots, et ce...

(Pardonnez-moi, il me faut remédier à une petite envie passagère, le temps pour moi, d’aller boire un verre d’eau. Merci !)
C’est le seul moment qui soit vrai dans ce roman fiction ! Vous me croyez ? Et bien, peut-être oui, peut-être non, mais vous aurez raison!..

Boom! Badaboum Boom Aïe! m.....de! ...

(Traduisez selon vos désirs). Oh là là !

Je viens à l’instant, de me ramasser un joli gadin, digne des meilleurs cascadeurs, et ce sur un O.R.N.I (Entendez par là, objet roulant non identifié).

Page 17

JE PENSE DONC JE SUIS!

je pense donc je suis.png

Je n’avais pas eu le temps de voir l’un de ces jouets appartenant à je ne sais quel petit enfant de mon entourage qui venait nous rendre visite et ainsi s’adonner aux joies des jeux solitaires, toutefois sans penser à ranger ses affaires une fois qu’elle soit repartie avec ses parents ! En effet, la petite gardait en elle cette fâcheuse manie de laisser traîner ce dont elle s’était servie auparavant !

Enfin ! Ne vous inquiétez pas, rien de grave...L’hôpital n’était pas encore prêt à recevoir les plaintes, ni mes cris de douleurs ! Il est vrai que pendant, un court instant, le plafond de la cuisine, était à ma vue, parsemé d’étoiles multicolores, mais je suis vite redescendu sur terre, et ce voyage dans l’Univers m’a sans aucun doute apporté quelque chose de bon.

Figurez-vous que je suis en ce moment même, en train d’assister à une métamorphose de l’esprit, et j’aperçois actuellement une ribambelle d’images, flottant dans les airs, les unes se rencontrant, telles des auto-tamponneuses, les autres comme des marionnettes suspendues à un fil, se balançant, agitant des pancartes au bout de leurs bras de bois...

J’aperçois des noms gravés tels que ... Camille, Julien, Rémy, Victor, Guerre, Terre, Dostoïevski, Stendhal...et tant d’autres...j’en oublie...Encore !

Ah ! non cette fois cela suffit, je dois retrouver mes esprits ! Bref ! ce revirement restera en moi ! Ce fut un instant mémorable et on ne peut plus...

formidable ! Je retrouvais en un instant ce que j’avais perdu depuis si longtemps !...
(Taisez-vous ! je vous vois venir, avec : (« Vous n’avez qu’à faire attention à vos affaires !) Enfin ! j’étais très heureux ! j’avais retrouvé la mémoire ! Et je tiens de

suite à vous le prouver, en énumérant tous ces prénoms qui m’ont obsédé durant une partie du chemin où j’avais peine à écrire ce que vous lisez actuellement.

J’avais bien envie de laisser ce roman une fois de plus inachevé, mais non je n’en avais pas le droit, d’autant que vous vous y accrochiez et je dirais que ...c’est tant mieux ! Merci à vous donc d’être resté !

Page 19

TU RANGES TU MANGES !

tu ranges tu manges.png

- Nous avons à discuter mon garçon, mais avant, tu vas me mettre un peu d’ordre dans cette pièce, je n’ai pas eu le temps de ranger ce matin, et puis je ne savais pas que j’aurai un nouveau pensionnaire, je t’appellerai lorsque le repas sera prêt. ...

Elle caressa le chat, la chatte, elle ne m’en a rien dit, lui lança un regard complice, puis sortit de la chambre, esquissant un sourire aux lèvres...

Victor, bien malgré lui, s'exécute et commence un rangement ...à sa façon, du genre, si les coins en veulent, qu'ils viennent au milieu. Tout d’abord, il entreprend de soulever le lourd édredon, mais il n’y arrive pas. Aussi se met-il à tirer à lui ce dernier, à la force des bras et puis le laisse retomber à même le sol. Il tente de récidiver cette fois avec le matelas de laine, mais en vain, il finit par y renoncer. Trop lourd dit-il !

C’est ainsi qu’il se souvint de cette fameuse devinette que son père lui ressassait dès que l’occasion était propice et que son fils se trouvait dans une impasse. Lorsque cette « impasse” devenait trop lourde pour lui, son père disait : “Qu’est-ce qui est plus lourd, un kilo de plumes ou un kilo de laine ? Ou, ce même père lui racontait une histoire de verre à demi plein, à demi vide et Victor ne comprenait rien ! Dans l’impasse il se perdait et dans le verre plein, vide ou à demi, il se noyait...

Victor regretta malgré tout que ce matelas ne soit pas lesté de plumes, sachant aussi qu’un matelas peut-être une excellente cachette pour qui veut y enfouir un trésor à l’abri des regards, voire des mains trop baladeuses. Ce matelas, décidément trop lourd pour lui, était de ce fait, resté sur place !

Le garçon tenta bien d’y passer la main, (n’y voyez rien de coquin avec la phrase de dessus, c’est arrivé ainsi...), mais manquant de relation, le bras n’étant pas assez long, il abandonna également... Bien sûr, lorsque vous disposez de relations, il est dit que vous avez le bras long ! (Il va falloir vous habituer à mes sornettes).

Les bras lui tombèrent le long du corps, il était exténué ! Il n'était pas le vainqueur de ces deux batailles et cela l’inquiétait énormément, lui qui rarement se sortait de toutes les situations, mais il n’avait pour autant perdu la guerre ! Il décida donc de s’intéresser cette fois à ce qu’il avait dédaigné auparavant parce que trop lourd...l’édredon marron...

Page 21

VOULEZ-VOUS DANSER GRAND-MÈRE?

Un cri venant de loin, le fit émerger et se relevant d’un bond, il s'approcha de la porte... Grand-Maman, est là, juste devant lui ! La peur aurait pu submerger le gamin, comme son front aurait pu laisser échapper quelques perles de suée, mais Victor n’était pas de ces enfants qui prennent peur pour un rien.

Aussi le petit dégourdi, prit le bras de la dame puis penchant la tête, l’entraîna en direction du couloir, il fallait qu’elle sorte de la pièce et tant qu’à faire s’il devait pour cela la tirer de force...ce qu’il fit !

Tandis que tous deux rejoignent la cuisine, ce court instant suffit à Victor à percuter son petit cerveau, analysant la situation puis la jugeant critique...

comment pourrait-il expliquer ce qu'il vient de faire ? et si jamais grand-mère découvrait le pot aux roses ! Une solution, la seule, la meilleure ! Redonner vie à l’amnésie qu’il avait contractée et qui lui avait bien servi pour se sortir d’une situation embarrassante et d'autant de questions toutes aussi embarrassantes auxquelles il devait répondre !

« Archimède », fier de sa trouvaille, se dit qu’il en serait ainsi ! Il redeviendrait...amnésique !

(Ce mot vous rappelle-t-il quelque chose ? Moi, oui !)

Dieu seul sait ce que ces “enfants” perturbants du début du roman sont devenus, mais comme disait, je ne sais qui, “s’il n’en reste qu’un je serais celui-là”! C’est pourquoi Victor qui maintenant était connu, risquait encore plus de l’être si la mamie découvrait ce petit larcin bien innocent... Mais n’oublions pas Victor même s’il semble être ce petit gars débrouillard, il n’est encore qu’un petit “nenfant” ! Redevenir l’enfant sans défense !

Allez ! il est l’heure de se replonger...dans le temps, et rejouer de cette amnésie qu’il avait contractée ce dix-sept-avril de l’année 1916...

Page 23

FAIS DU FEU DANS LA CHEMINÉE

FAIS DU FEU DANS LA CHEMINÉE.gif

Ce jour-là, comme très souvent, Victor était resté seul chez lui, la porte verrouillée à double tour, tandis que sa maman s’en était allée rendre visite à son mari, pensionnaire dans le sanatorium de la ville voisine, située à quelques kilomètres de l’habitation. Elle s’octroyait ainsi une heure par quinzaine à une visite dans ces lieux, le reste du temps, c’était des allers et venues à la frontière pour y acheter cigarettes et chocolat qu’elle revendait au marché noir ! Le papa de Victor séjournait dans cette maison dite spécialisée, depuis qu’il avait reçu un éclat d’obus. L’un des poumons avait été gravement affecté.

Depuis, son épouse, tous les quinze jours, à la même heure, empruntait irrémédiablement le même chemin pour retrouver son bien aimé. La route était longue, la traversée pédestre des bois, ralentissait la marche de cette pauvre femme, aussi rentrait-elle très tardivement à son domicile. Victor, savait qu’il ne reverrait sa mère qu’à la tombée de la nuit. Aussi ne s'alarme-t-il pas lorsqu’il se retrouvait seul dans la pièce. L’enfant, était donc resté une fois de plus, bravant toutes les situations d’un adulte, face à ce qu’une journée peut représenter pour un enfant de cet âge. Dehors il faisait un froid à couper au couteau, la pluie, le vent vous glaçait littéralement et le pauvre petit Victor se gelait...

Le froid n’avait pas demandé l’autorisation d'entrer, il s'était invité, pénétrant de force, dans les encoignures de la fenêtre de bois et au travers de la vitre fissurée ! Cette même fenêtre qui, dès qu’elle le pouvait était capricieuse ; vouloir la fermer était, pour la maman de Victor, un vrai parcours du combattant, soit elle y arrivait seule, soit son mari autrefois présent, venait à son secours.

FEU.gif
FEU.gif
FEU.gif

Page 25

A QUI LA FAUTE?

A QUI LA FAUTE.png

C’était le papa de Victor, qui avait ramené cette couverture de l’armée, elle lui avait été remise spécialement par le sergent fourrier. Cette même couverture ayant été frappée du tampon « HS » (Hors-série), et tant qu’à penser à devoir la jeter voire même la brûler... (Ironie du sort).

Son épouse l’avait nettoyée, repassée, puis l’avait utilisée en guise de rideaux et de paravent, la vitre de la fenêtre étant fissurée, aussi cette couverture était, elle, la bienvenue. Cela n’empêchait pas le papa de Victor, malgré les multiples réprimandes de son épouse, de faire briller ses chaussures avec les pans de ce nouveau rideau confectionné... pas tous les jours certes, le dimanche seulement ou quand il était de sortie et qu’il se mettait sur son trente et un ! On disait alors, « s’habiller en dimanche » !

Après la messe, il se rendait au café dans ses plus beaux atours et s’en aller à des discussions avec ses amis, un verre de genièvre à la main, parfois dans les deux, la tournée ayant été lancée, voilà pourquoi « cul sec » !

Il lui arrivait aussi, lorsque son épouse avait fait une belle recette de la vente au marché noir, de s’autoriser un petit plaisir, aussi, commandait-il un café et un verre de genièvre. Les deux breuvages réunis dans la même tasse, donnaient alors un fameux nectar digne des habitants du Nord de la France, principalement à Wambrechies, maison mère du genièvre...c’était alors ce que l’on appelle la « bistouille ».

Les habitués de ce genre de procédé, prononçaient “Bichtouille” en patois, et mixture se retrouvaient dans la région du Pas-de-Calais là où mines et corons étaient représentés ! De quoi vous réchauffer pour le reste de la journée...hélas, Victor était un peu trop jeune et puis de toute façon, il n’y avait pas de genièvre à la maison !

Page 26

MON DIEU AIDEZ-MOI !

brodequins.png

La couverture se mit à noircir, laissant échapper une odeur âcre qui maintenant, irritait la gorge de l’enfant. Un courant d’air fit soudainement irruption à travers la vitre brisée, et une flamme en jaillit subitement de l’étoffe. Victor, impassible, malgré ses petites quintes de toux irritées, pensa simplement à ses pauvres doigts engourdis qu’il se devait de réchauffer au plus vite.

S’approchant alors de la couverture, il se frotta les mains par-dessus, ne cherchant même pas à vouloir étouffer la flamme, il en avait bien le temps... il se dit qu’il suffirait de verser juste un peu d’eau dessus et hop plus de feu ! Hélas, le rideau imprégné de graisse de chaussures s'enflamme très vite, et c’est ainsi, que, très vite, devrait naître ce qui deviendra le plus gigantesque des incendies...

Le feu était présent, la couverture se consumant, recrachait des flammes qui très vite se propagèrent dans la maisonnée ne laissant aucune chance au mobilier de fortune ; lorsque l’enfant réalisa, il était désormais bien trop tard pour intervenir. Il n’était plus question de penser à verser la moindre goutte d’eau.

Devant lui, une torche de plus de deux mètres de hauteur, presque trois fois sa taille, en quelques secondes, celle-ci avait embrasé ce qui était à portée d’elle, puis, ce fut une seconde et une troisième torche qui prirent naissance...bientôt le mobilier n’était plus que cendres...

Résigné, par ce mauvais coup du sort, attaqué à la fois par une chaleur suffocante et une fumée aveuglante qui lui raclait le fond de la gorge, il se réfugia vers le fond de la pièce encore épargnée, et alla se tapir contre le mur... Un fracas étourdissant s’ensuivit, toutes les vitres claquèrent à l’unisson, Victor, se recroquevilla de plus belle, et telle l’autruche, enfonça la tête plus profondément entre ses genoux...

Page 28

LE COMMENCEMENT DE L'EXODE

LE COMMENCEMENT DE L'EXODE.png

L’invitation était lancée, la porte lui tendait les bras, il se leva alors péniblement, les muscles encore endormis ralentissaient son élan. Il se mit à ramper le long du corridor. Quelques mètres l’éloignaient du brasier... sur le palier commun, il respira un grand coup, toussa, cracha, envoyant une série de coups de pieds dans le vide, redonnant vie à son petit corps d’enfant. Le sang reprit alors une circulation des plus normales, puis comme un bolide, il se jeta dans les escaliers. Victor, aurait tant aimé, prévenir, frapper aux portes, en criant « Au feu ! », mais pour lui, le compte à rebours avait commencé... (cette fois, 4,3,2,1...).

Dans quelques instants, ce qui avait été sa maison, ne serait plus que cendres et bois calcinés, en même temps que toutes les autres habitations, qui n’étaient autres qu’une succession de pièces collées les unes aux autres, toutes séparées d’une timide paroi murale où les bruits prenaient un malin plaisir à irriter les travailleurs des lendemains.

Un mur identique que la providence aura placé pour chacun, afin de pouvoir sauver sa vie. Providence, oui ! parce que cela nous convient ainsi de l’appeler, mais, était-ce seulement la providence ? N'y avait-il pas la pauvreté également qui ne donnait pas le choix d’une construction saine et solide ? Ce sera tant mieux ! car personne n’aura laissé sa vie dans cet incendie...

Le feu attaquait maintenant l’étage du dessous, la toiture n’était plus ! Le ciel laissait entrevoir de gros nuages grisâtres, les rangées de gouttes de pluie déferlantes drues et avides, refroidissant peu à peu les dernières braises qui petit à petit, se mouraient.

Page 30

APRÈS LA COHUE...LE CHAOS

APRES LA COHUE LE CHAOS.gif

Dans le grand escalier, un régiment de matelas et de couvertures défila au pas de gymnastique, les hommes dévalant les marches quatre à quatre !

C’était une vision à la fois comique et triste, mais nous n’étions plus au temps des plaisanteries, les chiens , les chats, également tentèrent de sauver leur vie..., les uns, courant de ci de là “kaï kaï”... “whoa,whoa” les autres faisant irruption... “kaï kaï, whoa whoa, miaou”,

(Alors ! Qu’en dites-vous, toujours réussi ?) sortant des habitations déjà attaquées par le feu, d’autres hélas, plus âgés, pour la plupart, invalides, malades, voir même mourants, tentaient quant à eux, de trouver une échappatoire sur un quelconque piédestal à l’abri des flammes.

On ne parlera plus jamais de ces pauvres chiens et chats qui choisirent le mauvais perchoir... C’était le cauchemar, l’Apocalypse...

J'oubliai... Victor ! Vite ! Allons donc le retrouver au bas de ces escaliers...Victor ? Plus de Victor ! Où était-il ? Une bonne âme l’aura certainement recueilli...Dehors ?

Pas de Victor, seulement des pauvres gens affolées, désorientées, les matelas roulés sur l’épaule, les couvertures sous l’aisselle, certains portaient sur la tête ce lourd matelas, s’abritant de cette pluie glaciale et des bourrasques de vent qui leur cinglaient le visage. Les enfants suivaient les parents tant bien que mal, les plus grands aidaient le père à supporter le matelas, les plus petits s’abritaient quant à eux, dans les larges jupes et les grands tabliers à carreaux des mamans.

Toutes ces braves gens se retrouvaient dehors, seules, désarmées, en quête d’un abri de fortune. La solidarité fit que des gens du voisinage étaient venus, armés de leur charrette à bras, aidant ceux qui en avaient le plus besoin...ces grandes familles tout à coup délogées, à qui il fallait trouver très vite un abri pour passer la nuit...

Victor ! Mon garçon, il vaudrait mieux pour toi, que l’on ne te découvre pas trop vite !

Page 32

UN PARCOURS SINUEUX

le parcours sinueux.png

Une fois, dehors, totalisant un autre exploit à rajouter à son palmarès, il était de nouveau prêt à affronter une palpitante aventure, car la vie de Victor, depuis qu’il avait connu la rue, lui réservait chaque jour des moments fastidieux, pleins de rebondissements. Victor collectionnait autant d’exploits que Bonnie Parker et son inséparable Clyde Barrow, Fort Heureusement, encore bien jeune, pour ne pas rassembler toutes les polices de France et de Navarre derrière lui (C’était en Amérique ? Ah bon) !

Mais le sort, l’époque, lui avaient choisi ce tracé, et chaque fois le petit faisait face aux embûches. Souvent, très souvent, il lui fallait patauger dans de sales bourbiers, parfois, jusqu’à hauteur de cou mais il trouvait toujours une corde où se raccrocher... Tentons de retrouver le petit incendiaire...

Après la chute mirobolante, dans les escaliers, personne n’avait revu Victor, pas âme qui vive l’ayant aidé à se relever, et pour cause...le bâtiment n’était plus, seul le sous-sol avait été épargné...

En glissant sur le ventre, l’enfant, ramenant à lui sa cheville, se dirigeait tant bien que mal vers la lourde porte en fer restée entr’ouverte, la cheville, maintenant tuméfiée, lui causait d’horribles douleurs mais, souvenez-vous, l’enfant n’était pas de ceux qui versent des larmes facilement et cette fois encore, malgré cette cheville qui le faisait atrocement

souffrir, il ne pleurait pas ! certes il lui arrivait de gémir et de dire « j’ai mal » mais rien de plus ! Si le bâtiment n’était plus qu’un brasier agonisant, le sous-sol avait échappé aux flammes, à croire que, Attila et ses Huns avaient sous-estimé leurs adversaires...car la cave avait été épargnée !

Victor s’y était engouffré, certain que personne ne penserait à l’y chercher...

Page 34

LA CROIX, C’EST LA FOI ET C’EST CROIRE !

la croix.png

Page 12

Donc, en ce temps-là, vit un enfant sale et chétif, errant dans l’un des quartiers d’une ville que je vous laisserais deviner... Une cité, située à quelques lieues d’une frontière...au travers de laquelle, serpente un canal dont le nom m’échappe encore ; mais, ce dont je me souviens à l’heure d’aujourd’hui, c’est de sa couleur. En fait, ses deux couleurs ! Impossible dans ce cas de me tromper !

J’avais lu, il y a de cela ... ?

Bref ... Un roman de Dostoïevski...Par chance, je me souviens du nom de l'auteur.

 

L’eau, tantôt rouge, tantôt noire, cependant, les gens s’en accommodaient aisément et ne s'inquiétaient guère ni de sa couleur, ni de la pollution que ce fleuve entraînait avec lui...

L’enfant, un peu comme l’auteur, ne se souvenait en rien de son nom !

Par ailleurs, les habitants de... ??? Ah ! zut, depuis cette fameuse journée où j’étais tombé de cette satanée branche... la mémoire, parfois me jouait encore quelques indélicatesses...

CHAQUE PLACE À SA CHOSE CHAQUE CHOSE À SA PLACE

chaque chose .png

Donc, en ce temps-là, vit un enfant sale et chétif, errant dans l’un des quartiers d’une ville que je vous laisserais deviner... Une cité, située à quelques lieues d’une frontière...au travers de laquelle, serpente un canal dont le nom m’échappe encore ; mais, ce dont je me souviens à l’heure d’aujourd’hui, c’est de sa couleur. En fait, ses deux couleurs ! Impossible dans ce cas de me tromper !

J’avais lu, il y a de cela ... ?

Bref ... Un roman de Dostoïevski...Par chance, je me souviens du nom de l'auteur.

 

L’eau, tantôt rouge, tantôt noire, cependant, les gens s’en accommodaient aisément et ne s'inquiétaient guère ni de sa couleur, ni de la pollution que ce fleuve entraînait avec lui...

L’enfant, un peu comme l’auteur, ne se souvenait en rien de son nom !

Par ailleurs, les habitants de... ??? Ah ! zut, depuis cette fameuse journée où j’étais tombé de cette satanée branche... la mémoire, parfois me jouait encore quelques indélicatesses...

Où donc en étais-je ? ...Soit ! Victor, nous le surnommerons ainsi tout au long de notre histoire... Le gamin errait dans cette ville où la richesse côtoyait à grands coups de bâton, les miséreux, pourtant très nombreux, qui, aux dires d’une certaine statistique, ne formait qu’un nombre insignifiant dans cette bourse géante... Mensonge ! Pur mensonge que de vouloir digérer une telle absurdité!

Camille entre dans une boutique dont l’étal aurait fait baver les plus gros molosses de notre planète « Guerre » ! Guerre ? Que vient faire la guerre ici ? C’est maintenant insupportable ! La voilà qui fait encore des siennes, et qui serait bien capable de me faire prendre des ‘’ messies pour des lanternes’’. Non ! je ne pense pas que ce soit les bons termes... Comment est-il permis d’oublier à ce point ? Que puis-je faire pour remédier à cela ?

Attendre ! Peut-être que, avec le temps... bien qu’il soit dit que l’on soigne le mal par le mal, mais je n’ai aucun mal, juste une mémoire quelque peu capricieuse...

Non ? Vous n’êtes pas d’accord ?

Bien capricieuse? Oui sans doute !

Bah ! je ne m’en souviens pas...

Page 14

LIBÉRÉ, DÉLIVRÉ !

libéré délivre.png

Attendez ! ne partez pas !

Encore quelques lignes s’il vous plaît !

Explication...

Tandis que Grand-Maman, aspirait le gosse, elle terminait alors, ce que les gambettes du garçon avaient si bien commencé... Cette vieille dame, serrait si fort l’enfant, que ce dernier s’en trouvait proche de l’asphyxie. Je dois vous dire que Rémi, avait cette fâcheuse habitude, de chaparder et une course en entraînant une autre, voir, commissions, emplettes... et ces dernières, oh ! combien, frénétiques et périlleuses, à travers la ville, ne se comptaient plus, depuis déjà longtemps, sur les doigts de la main. Aussi, prenait-il si souvent les jambes à son cou...d’où cette piteuse explication de ce sordide étranglement, et du manque d’air.

Merci ! Ouf ! Si vous êtes arrivé jusqu’ici, merci de votre confiance ! J’en déduis que vous voulez que je continue d’écrire et vous, de lire !

 

Puisque vous insistez, ce sera avec plaisir, poursuivons... Vraiment ? Vous insistez ? On ne peut rien vous refuser, alors c’est entendu !

 

Bonne route donc, en compagnie de Victor !

Est-ce bien de Victor dont il s’agit ???

OH MAMIE SI TU SAVAIS...

Page 16

Oh mamie si tu savais.png

Après cette étreinte, le jeune enfant retrouvant peu à peu ses esprits, (vous me direz, il n’avait qu’à faire attention à ses affaires !) est brusquement happé et emmené illico et presto... La vieille dame pousse la grille en fer forgé devant elle. Une grande demeure est plantée au centre d’un grand terrain, sur lequel une petite allée de gravillons se dessine, ceinturant le pourtour de la propriété, le tout étant protégé d’un épais mur de briques. Sur le devant, un perron habillé de marbre, donnant sur un petit sas...l’entrée.

(J’ai cherché mais en vain, je n’ai pas trouvé sur la toile cette demeure, alors, faute de grive on mange de merles et vous devrez également vous contenter de ma modeste demeure)...

Tous deux s’engouffrent, empruntent un long vestibule plongé dans la pénombre arrivant enfin dans un large hall vêtu d’un abri de véranda découvrant les rayons du soleil ! Tout autour débouchent de multiples pièces pourvues d’immenses fenêtres protégées par de puissants barreaux d’acier torsadés !...

La vieille dame, s’adresse alors à “Rémi” : “ Sois le bienvenu dans ta nouvelle demeure, mais je te demanderai de ne rien prendre ici, que tu ne m’aurais demandé auparavant, car alors, j’en serai fortement irritée, et, il me serait fort désagréable, de te renvoyer là d’où tu viens » ! ajoutant ... « j’en connais plus d’un qui serait certainement très heureux de pouvoir te retrouver, n’est-ce pas ? Je pense que tu m’as bien comprise !” Viens ! suis-moi, je m’en vais te montrer ta nouvelle chambre, celle que tu occuperas durant quelques jours, le temps de te trouver autre chose ».

Quel beau « parlement » se dIt Victor.

Page 18

QUAND LE CHAT N'EST PAS LÀ...
MAIS QU'IL EST BIEN PRÉSENT

QUAND LE CHAT N'EST PAS LÀ.gif

Devant ses yeux ébahis, Victor, alias Camille, Julien, Rémy... dans cette chambre, dont le lit disposé en travers reflétait la grandeur de la pièce, crut se trouver un moment dans son environnement, celui qu’il venait de quitter si précipitamment. La literie, à même le sol, recouverte d’un gros édredon de couleur marron, souillée de certaines choses que je ne saurai nommer, tant de détritus l’on pouvait voir !

Sur la colonne de la cheminée, entre les deux chandeliers d’argent, pourvus de sept branches, un vilain matou au poil hirsute, se tenait prêt à bondir sur une tendre et jeune proie...

 

La mémé fit irruption et de suite, le chat cessa toutes investigations à l’encontre de Victor... Encore une fois, il était sauvé. Sauvé d’une situation qui, sans aucun doute, ne lui présageait qu’un mauvais devenir. Bienvenue à Madame la fée ! Carrabosse peut-être ! mais fée tout de même ! Chaque fois, elle se trouvait à deux pas d’une mauvaise intention de la part d’ennemis quelconque, à moins qu'il ne s'agisse là, d'une simple coïncidence ? Permettez-moi de douter !

 

Le gros chat, rengaina son artillerie, les griffes rétractées, retrouvant instantanément leur habitacle, les poils dressés dans un garde à vous impeccable, le doigt sur la couture du pantalon, puis l’animal se figea dans un repos tout aussi militaire une main sur le ceinturon, ne laissant apparaître qu’une paisible toison au pelage lisse et soyeux. Les pupilles dilatées, doucement, cédaient la place à deux jolies petites billes sereines... ; « et les ronrons chantèrent... un truc qui colle au corps et au cœur”.. 

(Je plaisante, j’aime tellement les chansons que je ne puis me dispenser de quelques écarts).

Maintenant, que j’y pense, le chat, était peut-être une chatte, voilà pourquoi la chanson...

Page 20

OUI J'LADORE, C'EST MON AMOUR C'EST MON TRÉSOR!

S’approchant de l’épais tissu, il saisit ce dernier à bras le corps et le plaqua durement sur le matelas, et hop un premier de hanche avec projection instantanée au sol... A cet instant, un léger bruit comme un roulement se fit entendre, quelque chose s’échappa de l’édredon, se mit à rouler sur lui-même et très vite termina sa course sur le rebord de la cheminée... “Cling ! Cling! Bang! Ping ! Plaf” ! (Assez réussi, pour un habitué du bruit) !

L’étrange locataire de l’édredon roula à terre et se cogna contre le mur de la cheminée. Victor se retournant, aperçoit le vilain matou enserrant dans ses griffes le locataire devenu la proie ! Oh ! Le bougre d’animal, s’amusait bien avec ce nouveau jouet brillant de mille feux, et ce monstre terrifiant aux griffes acérées, n’était pas près de sitôt, de laisser à Victor le soin de s’en emparer...

Je m'aperçois et peut-être, me trompe-je, assurant ainsi ma façon de penser quant à l’animal, en effet, le chat, qui peut-être, n’est pas ce vilain matou que je pensais qu’il soit, vient à l’instant d’abandonner sa proie puis, s’en est allé se percher entre les deux ménorahs posés sur la tablette de marbre de la cheminée, s’apprêtant je pense, à une grande toilette.

La cheminée devait être à la fois son coin de repos, son mirador et sa salle de bains... L’enfant s’approche timidement de l’âtre, momifié, pétri à la vue des éclats étincelants que lançait cette grosse bague qu’il pouvait distinguer maintenant...

Le bijou serti d’une grosse pierre transparente, ne cessait d’envoyer ses rayons rutilants à travers la pièce... « Ouah ! Un diam ! » lança l’enfant. Il le fit tourner puis retourner entre ses doigts, et aussi rapide qu’un éclair, il empocha son précieux butin, se remettant à la tâche...rangeant tant bien que mal les meubles, refaisant le lit et s’assied accroupi sur le sol, admirant son travail d’emménagement. Ce travail de Titan, il venait d’y goûter, et ce n’était pas à vrai dire, sa tasse de thé !

oui je l'adore.gif

Page 22

LE DESTIN S'IL EST ÉCRIT ET QU'IL A GRAVÉ
A VIE EN NOIR ET BLANC, PEUT-ÊTRE, ALORS
DEVRAIS-TU PENSER À LA PEINDRE EN PASTEL ?

LE DESTIN S'IL EST ECRIT.png

Peut-être, Victor n’ira pas jusqu’à rassembler ses petits copains d’antan ...

Julien, Camille, Rémi...Amiga et Mac... heu ! Non !

Ca c’était mes copains d'hier et d’aujourd’hui !

Des petits “nenfants” qui déjà se comportent comme des hommes, il est vrai que de tout temps, la cigarette a fait l’homme ! Le whisky aussi et les petites pépées, mais cela, c'est pour le petit d''homme devenu adulte...

Chaque chose en son temps ! Pour l’instant c’est le temps des copains, et de l’aventure et plus que tout, celui de l’amitié naissante ! N’est-ce pas une belle image ci-dessus qui nous montre l’amitié ?

Trois enfants, pas même encore adolescents, et pourtant qui déjà, se prennent pour des hommes...Et pourquoi pas ! Puisqu’ils agissent en tant que tels et qu’ils se souviendront de ces jours où ils firent connaissance, tout comme ils se souviendront de ce pacte qu’ils scellèrent ce jour-là, en ce serment d’amitié ! “Croix de bois, croix de fer si je meurs je vais en enfer”... mais ils n’y iront pas, si la trahison n’a pas lieu d’être chez chacun de ces bambins.

N’est-ce pas une belle image ci-dessus qui nous montre l’amitié? Trois enfants, pas même encore adolescents, et pourtant qui déjà se prennent pour des hommes...Et pourquoi pas ! Puisqu’ils agissent en temps que tels et qu’ils se souviendront de ces jours où ils firent connaissance, tout comme ils se souviendront de ce pacte qu’ils scellèrent ce jour-là, en ce serment d’amitié ! “Croix de bois, croix de fer si je meurs je vais en enfer”...Mais ils n’y iront pas si la trahison n’a pas lieu d’être dans chacun d’eux!

Tu cesserais  de fumer que tu ne cesserais pas d'être cet ami de toujours, briser l’amitié ce serait comme une trahison, et trahir, c’est aussi mourir un peu! Tout comme renier ses parents, ce n'est pas beau et pourtant...

mais penser à renier son ou ses ami(es), c’est pire que tout, c'est comme abandonner son honneur et avilir ses pensées!

 

J’aimerais ici mettre un terme à ce vieil adage “Les amis, il faut les compter sur les doigts de la main”, nous avons autant de doigts sur une main et pour arriver à poser chacun de ses amis, sur un doigt il faut aussi montrer que vous avez de l’empathie et que vous êtes de ceux qui partagent! Ainsi vous aurez plus d'amis à compter sur vos doigts

N’est-ce pas une belle image ci-dessus qui nous montre l’amitié? Trois enfants, pas même encore adolescents, et pourtant qui déjà se prennent pour des hommes...Et pourquoi pas ! Puisqu’ils agissent en temps que tels et qu’ils se souviendront de ces jours où ils firent connaissance, tout comme ils se souviendront de ce pacte qu’ils scellèrent ce jour-là, en ce serment d’amitié !

“Croix de bois, croix de fer si je meurs je vais en enfer”...

Mais ils n’y iront pas si la trahison n’a pas lieu d’être chez chacun d’eux!

Page 24

JUSTE UNE POUR ME RÉCHAUFFER !

JUSTE UNE POUR ME RECHAUFFER.png

Le froid atteignait maintenant, les joues et les mains de Victor. Il eut alors l’idée de faire du feu, oh ! Juste de quoi se réchauffer un peu, il fallait donner à ce corps une autre température que celle qu’il connaissait actuellement. Victor, ne s’était jamais assis sur un banc d’école, il n’avait donc pas été présenté à Monsieur Palissy, Bernard de son prénom, qui aurait pu lui promulguer quelque bon conseil sur « Comment allumer un feu ? ». Mais à quoi bon ! C’eût été peine perdue, puisque la maison ne disposait d’aucun mobilier, juste, quelques caisses d’oranges faisant office de vaisselier et de garde à manger et de bloc-fenêtres, ce que nous venons de voir !

BERNARD PALISSY.png

Pourtant, il se mit au travail, détachant çà et là des petits morceaux du plancher de bois de la maison. Il ne mit guère de temps à amasser sa collection de brindilles... Le bois, heureusement sec, était rongé depuis de longues années, les termites avaient pris possession des lieux et en avaient fait leur usine, tout ceci rendait la tâche plus facile pour le petit... Il se mit en quête d’un morceau de journal ou de papier quelconque, ce qu’il trouva dans le casier d’une des caisses à oranges, unique armoire à rangement de la maison.Quant aux autres caisses, constituant ainsi le reste du mobilier, il n’y toucha pas ! Elles restaient ces précieuses étagères qui servaient à empiler les bonnes choses que sa maman ramenait du petit magasin précédemment visité par notre ami.

Prenant alors la boîte d’allumettes qui était posée sur l’appui de fenêtre, il en sortit difficilement l’une d’elles qu’il laissa tomber sur le sol. Ses doigts ne pouvaient rien tenir, car, trop engourdis par le froid. Réitérant son geste, tremblotant, il frotta cette fois l’allumette contre le morceau de toile rugueuse, mais les doigts transis de froid ne surent retenir celle-ci qui, enflammée, alla se figer sur le rideau de la fenêtre à proximité. Prenant alors la boîte d’allumettes qui était posée sur l’appui de fenêtre, il en sortit difficilement l’une d’elles qu’il laissa tomber sur le sol.

Ses doigts ne pouvaient rien tenir, car, trop engourdis par le froid. Réitérant son geste, tremblotant, il frotta cette fois l’allumette contre le morceau de toile rugueuse, mais les doigts transis de froid ne surent retenir celle-ci qui, enflammée, alla se figer sur le rideau de la fenêtre à proximité.

Page 27

UN PETIT DÉGOURDI

petit dégourdi.gif

Il ferma les yeux, se mit fortement à tousser, puis cracha et releva un instant les yeux rougis emplis de larmes. Il esquissa un regard furtif et piquant vers la croix suspendue au-dessus du lit, puis, se souvenant soudainement des prières quotidiennes qu’il récitait avec sa maman...Il se met à murmurer les premiers mots divins...

Chaque jour avant de prendre le repas, quand sa maman était présente, et chaque soir avant de se mettre au lit, tous deux récitaient une prière ; la même ! Elle commençait toujours par... : « Notre père, qui êtes aux cieux... Victor leva timidement la tête, joignit ses mains entre elles tout en fixant sa croix puis... « Notre père, qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanct... A cet instant le Bon Dieu, fut projeté hors du mur et retomba sur le sol embrasé, il avait entendu le petit l’appeler au secours. Il venait de lui offrir les deux portes de la providence, celle d’entrée, et à paroi murale, le même mur sur lequel l’enfant était adossé. Ce dernier fut soudain pris d’un tremblement, laissant apparaître d’abord une légère fissure, puis dans la foulée, une brèche ! C’est La fin du monde, se dit Victor, je vais mourir ! Non ! Ce n'était pas possible, lui, Victor, ne pouvait mourir maintenant, malgré ses onze ans, il avait traversé des situations périlleuses, et il s’en était toujours sorti indemne et victorieux ! Impossible ! D’ailleurs, n’était-il pas « immourable » ? comme il se prêtait à dire autour de lui et devant ses copains...

La seconde issue providentielle suivit.... Le mur déstabilisé, avait fait céder les gonds de la porte, celle-ci à son tour déstabilisée, s’ouvrait doucement laissant échapper des bruits de crissement. Cela fit sortir Victor de sa torpeur. Levant les yeux en direction de la croix qu’il ne voyait plus, il se mit à se frotter énergiquement et rapidement les yeux, les essuyant du revers de la manche, la suie recouvrant bientôt son visage. Les yeux étaient certes irrités, eux aussi, rouges et larmoyants, mais les larmes étaient dues seulement aux attaques de la fumée, non pas au repentir qu’il aurait pu laisser entrevoir au travers de ses pupilles, et encore moins à la peur qui aurait pu l’habiter durant cette petite aventure.

Victor ne pleurait jamais, les seules fois où il s’était mis à verser quelque larme, c’est lorsqu’il était encore un bébé, mais ses pleurs étaient courts, il suffisait qu’on lui remette un objet quelconque dans les mains, pour que ces cris et ses pleurs cessent ! Cela nous rappelle le fameux doudou que réclame les enfants ! Le petit, restait ainsi des heures à triturer ce que tous lui donnaient, le retournant, le mordillant, tentant de comprendre l’utilité de ce dernier, déjà, en bas âge, il faisait preuve d’invention et tous savaient d’ores et déjà que le petit d’homme aurait un avenir palpitant, et qu’il serait débrouillard...

Ce bébé, déjà possédait une âme pure, et le partage chez lui restait une façon de montrer qu’il aimait tant les humains que les animaux, la question... quel sera son avenir, seul le destin lui apprendra car tout est écrit !

Page 29

LES HUNS CONTRE LES AUTRES

1111 Ou l’invasion des 1

LES HUNS CONTRE LES AUTRES.gif

Une fumée agonisante, teintée de bleu et de noir, s’évanouissait avant de regagner le ciel, les étages inférieurs étaient attaqués à leur tour, laissant derrière eux un décor que, seul, Attila et sa horde de Huns avaient laissé lors de son invasion contre l’empire d’Orient en 44. (Quelque 1900 ans, avant la date à laquelle vous pensiez !

Le gamin, nous le savons, s’il ne connaissait ni Bernard Palissy, ni Molière, connaissait encore moins...Archimède ou Descartes, quant à être féru d’histoire de France... le petit ? Ne nous attardons pas sur une réponse qui ne viendrait pas ! Autant de petites lacunes dont il ne se souciait certes pas ! Lui, était plutôt du genre débrouillard, et la nature qui n’était pas avare, le lui rendait bien ! Elle offrait au petit d’homme, tout ce dont il avait besoin pour être ce grand homme qu’il devait devenir ! Ce qui s’appelle suivre le cours de la vie ou l’avenir !

Le feu ravageait tout sur son passage. Tandis que l’un rasait les obstacles ne permettant aucune entrave, sur son chemin dévastateur, l’autre, quant à lui, avalait la trentaine de marches de ces escaliers infiniment trop longs...Tantôt une marche, tantôt deux, puis trois, difficile de suivre cette cadence pour les petites jambes de Victor, il s’enchevêtra alors les pieds, l’un avec l’autre, et, de la position verticale où il se trouvait, en une fraction de seconde, se retrouva à l’horizontale, après avoir embrassé une à une les marches de l’escalier de bois...

La dégringolade fut heureusement de courte durée, mais, notre petit ami, atteignit le niveau zéro avec une panoplie d’hématomes et une cheville qui ne tarda pas à le faire atrocement souffrir...pendant ce temps dans l’immeuble...

Des bruits tumultueux, des cavalcades, des cris de désespoir, rien, ni personne ne manquait au guet-apens que seul l’enfer offrait. Une panique s’était emparée de toutes les bonnes âmes de ce bâtiment...

Quand les enfants réclamaient leur maman, les adultes eux, réclamaient des matelas, des couvertures, car ils savaient qu’une fois sains et saufs, il leur fallait de nouveau affronter un tout autre cataclysme, celui de la rue, avec ses nuits longues et froides.
Victor, mon petit Victor, cache-toi vite...

Page 31

LA VIEILLE DAME ET L’ENFANT

LA VIEILLE DAME ET L'ENFANT.png

Tous deux attablés, c’était alors l’heure de vérité tant redoutée par le gamin, et la vieille dame de dire :

« Je m’appelle Annie, alors ! mon petit, raconte-moi ce qui a pu se passer tout à l’heure ? Qu’est-ce que ce monde qui te courait après ? Où sont donc tes parents ? ».


Les questions fusaient, Victor ne suivait plus, il était trop embrouillé. Quand il eut la possibilité d’en placer une, qu’il eût droit enfin à la parole (il s’en serait bien passé !), il prétexta une migraine, un mal de crâne, ajoutant qu’il ne savait pas ce qu’il faisait, que parfois son esprit était troublé et très confus, que ces symptômes du reste pouvaient être le résultat psychologique de que qu’il avait enduré, et toutes ces séquelles, l'habitait encore et parfois refaisaient surface, bien entendu quand cela l’arrangeait et ce, depuis le jour de l’incendie...

Victor expliqua la cause en ses termes, mais la vieille dame semblait bien connaître le langage des enfants ! Elle venait de tout comprendre. La bonne dame coupa court, un instant, prise de remord, puis s’excusa tout d’abord de l’avoir bombardé de questions, simplement pour satisfaire à sa curiosité dit-elle, et que par conséquent elle en avait oublié un tant soit peu, les bonnes manières, qui lui avaient été inculquées, ajoutant même, que la santé de son nouveau protégé la préoccupait... Elle alla donc dans la chambre, afin d’y chercher un médicament contre les maux de tête...

Ce moment inspira Victor, et sans attendre une seconde de plus, il se rua vers la porte de la cuisine, comme un bolide, emprunta le long corridor qui menait à la liberté... à la rue ! La clef restée dans la serrure, fut habilement et rapidement manipulée, “un dernier petit tour...et...plus de Victor” !

Enfin, cette liberté tant attendue accueillit le gamin fuyard. Sans perdre un instant, le petit se mit à courir comme il en avait l’habitude quand le moment s’en faisait sentir. Il lança furtivement un regard vers l’arrière et conclut ainsi, que la maison était déjà loin pour freiner sa course folle, puis haletant, il se mit tranquillement à marcher...

UN CONQUICOURT.gif
Le conkicourt

Page 33

LA CAVE AU SOUPIRAIL

J’ai fait le choix d’afficher cette croix pour deux raisons, l’une parce que je suis friand de musique, l’autre parce que j’ai passé la plupart de mes années d’enfance avec Johnny, indirectement! Pourtant je ne suis pas fan de ce personnage qui me semble s'être tourné vers le diabolisme! Cela ne regarde que moi!

Une fois, dehors, totalisant un autre exploit à rajouter à son palmarès, il était de nouveau prêt à affronter une palpitante aventure, car la vie de Victor, depuis qu’il avait connu la rue, lui réservait chaque jour des moments fastidieux, pleins de rebondissements. Victor collectionnait autant d’exploits que Bonnie Parker et son inséparable Clyde Barrow, Fort Heureusement, encore bien jeune, pour ne pas rassembler toutes les polices de France et de Navarre derrière lui (C’était en Amérique ? Ah bon) !

Mais le sort, l’époque, lui avaient choisi ce tracé, et chaque fois le petit faisait face aux embûches. Souvent, très souvent, il lui fallait patauger dans de sales bourbiers, parfois, jusqu’à hauteur de cou mais il trouvait toujours une corde où se raccrocher... Tentons de retrouver le petit incendiaire...

Après la chute mirobolante, dans les escaliers, personne n’avait revu Victor, pas âme qui vive l’ayant aidé à se relever, et pour cause...le bâtiment n’était plus, seul le sous-sol avait été épargné...

En glissant sur le ventre, l’enfant, ramenant à lui sa cheville, se dirigeait tant bien que mal vers la lourde porte en fer restée entr’ouverte, la cheville, maintenant tuméfiée, lui causait d’horribles douleurs mais, souvenez-vous, l’enfant n’était pas de ceux qui versent des larmes facilement et cette fois encore, malgré cette cheville qui le faisait atrocement

souffrir, il ne pleurait pas ! certes il lui arrivait de gémir et de dire « j’ai mal » mais rien de plus ! Si le bâtiment n’était plus qu’un brasier agonisant, le sous-sol avait échappé aux flammes, à croire que, Attila et ses Huns avaient sous-estimé leurs adversaires...car la cave avait été épargnée !

Victor s’y était engouffré, certain que personne ne penserait à l’y chercher...

LE DON D'UBIQUITÉ.png

Page 36

LES REMORDS DE VICTOR

C’était une question qui demandait une réponse ! Hélas sa maman seule aurait pu lui donner, mais voilà, elle n’était plus là et il ne savait pas ce qu’elle était devenue en rentrant du sanatorium.

Beaucoup d’eau coulera sous le pont avant qu’il ne la revoie...

 

Victor laissa retomber « l’intrus » et faisant mine de s’essuyer les yeux, releva la tête, et parcourut en boitillant le long couloir vers le soupirail central. Les barreaux de ce soupirail n’existaient plus depuis longtemps déjà, ils avaient été remplacés par une planche de bois à l’aspect pourri.

Victor connaissait cet endroit pour l’avoir emprunté des milliers de fois, lors de ces escapades nocturnes, sans jamais s’aventurer plus loin que cette petite salle. La planche quant à elle, venait de ses copains et lui, qui l’avaient posée, espérant ainsi noyer le poisson, ainsi personne ne savait que cette cave recèlerait de temps à autres des petits fureteurs, mais aussi des petits fumeurs, même si ce fumoir improvisé pour enfants pas très sages c’était aussi une bonne cachette pour partager le butin de folles expéditions, tout ceci , bien entendu dans le silence du sage!

Personne, excepté lui et quelques potes, ne connaissaient cet endroit ! Il écarta alors la planche et après s’être hissé péniblement, au niveau du soupirail, quelques secondes suffirent, et il se retrouva à l’extérieur du bâtiment en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire !

La mission était de s’exfiltrer le plus rapidement possible et rejoindre l’un des quartiers qu’il connaissait bien... le quartier des courées ! Ces courées encore inconnues du grand monde, celui qui n’était pas la tasse de thé de Victor, ce monde d’ailleurs dans lequel il sévissait et où les fric-fracs abondaient, histoire de lui apprendre à vivre, comme ceux qui connaissent sans cesse les difficultés !

Page 38

LE TOUBIB (Gaby) ,
LE GOSSE ET LE PATOIS !

LE TOUBIB.png

Apercevant le portail peint en vert et rouge, son regard se fixa sur une barrière sur laquelle pendait une grosse cloche et qui n’était là que pour avertir de la venue des visiteurs. Inutile de sonner, il n’y avait pas de sonnette, un son de cloche, il va sans dire se fit entendre...Dans la seconde qui suivit, une tête se profila au travers de la lucarne du premier étage... Victor reconnut le toubib qui n’était pas seul. Il était accompagné de sa fidèle carabine à canon scié, mais l’enfant connaissait les deux, ce qui ne l’inquiéta pas le moins du monde !

Pourtant, on ne pénétrait pas ainsi dans la propriété du toubib, il fallait avant toutes choses montrer pattes blanches, tirer sur le cordon de la cloche bien sûr. Au son résonnant de cet avertisseur ingénieux, le toubib regardait le miroir accroché à l’extérieur de la lucarne et savait si oui ou non, il sortait accompagné de son fidèle « ami » ou s’il manipulait la corde, elle-même enroulant une poulie. La poulie en action quant à, elle, offrait l’ouverture du lourd portail ! Là où l’argent n’est pas, pullulent les idées ! Et quand ces idées émanent d’un vieux baroudeur, tout laisse à penser qu’elles sont et resteront productives ! Pour cet ancien légionnaire et médecin, cette “sentinelle” de faction 24x24 donnait ainsi accès aux visiteurs connus. Quant aux éventuels intrus, il valait mieux qu’ils ne restent pas dans les parages ! Propriété privée ! qu’il disait le toubib ! 

Mais il existait une troisième option car il est à rappeler que n’entrait pas qui veut et cette dernière option était réservée à des individus ayant fait connaissance avec le toubib, dans le cas où ce dernier les avait appréciés sans pour cela les compter dans sa liste d’amis.

Il suffisait donc pour eux de se présenter devant la porte située à la droite du grand portail, une longue corde reliait le portillon au seuil de la porte d’entrée de la maison, il suffisait d’agripper ce relais, somme toute, une fois de plus très ingénieux et bénéfique, sur lequel une série de clochettes étaient suspendues, laissant retentir pour chacune d’entre elles, un son différent.

Mais fallait-il encore que le nouveau visiteur ait obtenu soit de la part du toubib ou d’une personne de confiance désignée par ce dernier, le code qui restait nominatif ! Actionner la seule clochette du premier coup évitait ainsi la présentation de l’ami fidèle du toubib. A chaque nom un nouveau son de cloche ! Autrement dit, il existait trois possibilités d’entrée...

Je récapitule...

1ère option, l’ami qui lui, n’a aucun code, seul le toubib et son fusil autorisent l’accès après reconnaissance visuelle, en cas de “pour parler” seul le fusil répondra aux questions !

2ème option : le “nouvel ami” à qui un code personnel sera transmis par le toubib en personne, voire indirectement mais en toute confiance.

3ème et dernière option : Le visiteur inconnu qui accède soit au grand portail soit au portillon, mais qui n’a aucune obligation... À lui de montrer pattes blanches dans sa présentation, option à prendre avec sérieux !

OPERATION.gif

Page 40

LA DOULEUR A LA CHEVILLE

Raconte comment cela t’est arrivé ? » demanda Gaby.

Le gosse se mit à narrer ses mésaventures devant la Jeannette et son ami Toubib. Victor se perd dans une foule d’explications, débitant toute sa rocambolesque aventure, la vieille, le chat, l’incendie, le Bon Dieu, et enfin la regrettable chute dans les escaliers, rien ne manquait... Pourtant il n’avait pas parlé de la bague volée chez la grand-mère...

Le sympathique couple, ne perdait pas un mot du récit du petit, cependant tous deux furent consternés d’apprendre la position indélicate de la maman de Victor, et de savoir que celle-ci se trouvait à la rue, sans l’aide de quiconque, leur était insupportable....

Il y eut un silence, puis, Victor de reprendre : « Mes amis, aidez-moi, recherchez après ma mère, elle aura dû retourner au sanatorium, je suis certain que là-bas les gens l’aideront et lui trouveront de quoi se loger ! »

Lorsque vous la verrez, ne lui dîtes pas que vous m’avez vu, remettez-lui ça, et dîtes-lui qu’elle aille voir « la fourgue », joignant alors le geste à la parole, l’enfant sortit de sa poche, le bijou, le jouet du chat, subtilisé auparavant et le tendit à son ami...Gaby, regarda la grosse bague scintillante, et ajouta : « C’est bien ce que tu fais là, avec ça, ta mère est tirée d’ennuis pendant un bon bout de temps ! »

Je mets des potes à sa recherche et je m’occupe de retrouver ta mère, répondit directement le “Toubib”.

– Merci, Gaby il se peut qu’à ton retour tu ne me revois plus, dis-lui aussi que je ne reviendrai, que lorsque j’aurai fait fortune, et qu’elle saura alors, me pardonner. Tu connais ma définition de faire fortune, ce que j’en pense, je n’ai nul besoin de m’enrichir comme toutes ces gens qui ne pensent qu’à cela et qui pactisent avec le diable pour avoir la renommée, la puissance et la richesse, non !

Je tiens simplement à ce que ma mère et mon père soient fiers du chemin accompli dans ma vie, de vivre celle-ci à l’abri du besoin et toujours aider mon prochain, telle est la conduite que je veux absolument tenir en respectant ce monde qui le mérite ! Tu me connais assez même si je suis encore un enfant que je mettrais ma peau au bout de mes idées et cela en hommage à nos anciens ! Mais crois-moi je ferai de ma vie celle que j’ai choisie !

L’enfant alors, se retourna, du côté mur et cette fois replongea dans le sommeil qui ne lui pouvait qu’être bénéfique, comme s’il était chez lui, et, pour sûr, il y était ! Gaby ne lui refusant rien !

Pendant ce temps, la « Jeannette » l’épouse et fidèle amie de Gaby, s’en était retournée, ramassant la lourde bassine d’eau, pour la vider de son contenu dans la rigole devant la porte d’entrée...Le gosse dormait profondément, malgré des soubresauts dus à la douleur d’une cheville, certes bien serrées, malgré l’intervention de son ami le toubib, qui n’avait de “toubib”, outre ses compétences, que le surnom qui lui avait été donné par cette catégorie de gens de la « basse ».

Gaby, venant ainsi toujours en aide à celui ou celle qui dans la courée le lui demandait... Tandis que Victor rejoignait Morphée, Gaby lui sirotait une bouteille de bière qu’il avait au préalable sortie du seau d’eau réfrigérée.
Un repos du guerrier de chaque côté, en somme bien mérité !...

Page 42

L'ATELIER

L'ATELIER.png

Ce grand bâtiment semblait désert, Victor l’avait ressenti, alors il s’enfonça un peu plus loin, avec la prudence d’un chat, et déboucha sur une porte à battant. Il poussa cette dernière et découvrit une grande salle en terre battue d’où l’on apercevait de multiples rondins de bois, des ustensiles de jardinage, des pelles, des lames de scie, des pioches, et divers outillages complémentaires, bref ! C’était certainement l’atelier du propriétaire, cela ne l'intéressait pas et il continua son chemin.


Poussant alors une autre porte, il se retrouva dans un vaste couloir sur lequel débouchaient trois autres portes côte à côte, trois petites portes en bois, un bois, dont l’aspect vermoulu, renseigna l’enfant sur la vétusté de la maison. Sur l’une des portes, celle du centre, quelques traces de poudre blanche incitèrent Victor à connaître la raison de cette présence poudreuse. Le petit amena son doigt sur la porte, l’index fit une virgule et très vite fut imprégné de poudre blanche qu’il porta à la bouche...

Beurk ! Du sel !

Mais pourquoi du sel sur une porte ? Pour chasser les mauvais esprits ? A part le sucre, la farine, quel pouvait être, et à qui pouvait appartenir cette couleur blanche ? Victor ne pensa pas que le sel était blanc lui aussi, et de même structure si ce n’est que seul, le goût était tout autre !

Jamais, le gosse n’aurait pensé au sel ! qui plus, était saupoudré sur une porte ! Quelle idée !

Maintenant qu’il était fixé, il fallait qu’il sache, pour ce sel sur la porte...Impossible ! se dit Victor, je veux en avoir le cœur net ! Il entreprit donc de pousser cette porte mystérieuse...

LE SEL ET SES VERTUS

LE SEL ET SES VERTUS.png

Enfonçant timidement la porte salée, il jeta aussi timidement un regard, à travers la pièce, puis très rapidement sachant qu’il n’y avait âme qui vive, la voie était donc libre ! Des centaines de magasins précédemment visités, lors de ses escapades avec ses amis, jamais il ne s’était trouvé devant un tel trésor, il lui semblait que tous les commerces de la ville et des environs étaient réunis ici dans cette pièce.

Victor contemplait, ébahi, les yeux écarquillés, la cave dont les marchandises, en grand nombre, avaient à elles seules, fait oublier à Victor qu’il avait faim.

Seule, la vue de ce spectacle lui avait un tant soit peu empli l’estomac, virtuellement dirons-nous, mais l’enfant n’y pensait déjà plus, la faim avait cédé la place à la gourmandise. Quel spectacle !

 

Rien à voir avec cette petite boutique visitée quelque peu auparavant, où il avait décroché à la sauvette et sans coup férir, le beau gros jambon, le seul, l’unique qui avait inspiré son geste ! Cette fois le gamin était devant l’embarras du choix à moins que ce ne soit le choix de l’embarras, mais ce qui était sûr, c’est qu’il devait débarrasser la grange de toutes ces belles choses et par la même, penser à débarrasser très vite le plancher !

Les yeux du gamin balayaient de droite à gauche et de gauche à droite, du regard de long en large et plus que cela, le pourtour, les côtés, la surface de cette pièce étrange dans laquelle étaient amoncelés, saucissons, jambons, et quelques trésors de charcuterie, qu’il ne connaissait pas ! Il savait maintenant, pour cette porte blanche et salée !

Page 44

A L’ASCENSION DU “MONT BLANC” !

ASCENSION 1.png
ASCENSION2.png

Victor comprit très vite le fonctionnement de cette poulie, et déjà, ôtait le bout de bois, qui bloquait la course de la corde, puis la retenant sans effort aucun, il allongea le bras, tirant vers lui la petite ficelle... Les dix saucissons tombèrent d’un coup.

Victor tira un peu plus violemment sur la corde et une fois celle-ci à sa place, bloque la poulie avec le bout de bois. Heureusement, les saucissons restèrent silencieux contrairement aux clochettes suspendues chez Gaby ! Ce silence permit à Victor de poursuivre son méfait sans se soucier d’une éventuelle venue ! Ni vu ni connu, pensa l’enfant.

Ramassant le paquet de charcuterie, il s’approcha des gros morceaux de viandes pendant aux esses, s’amusant à les bousculer, et surtout à les éviter, un peu comme un boxeur qui s’entraînerait sur un sac de frappe. Durant quelques secondes, il se prit au jeu, et le petit esquissa quelques pas sautés, et très vite, suivis de crochets et uppercuts sur ces nouveaux “ punching-ball”... Puis, son regard se tourna vers de grosses assiettes en faïence de couleur bleue, dans lesquelles émergeaient de grosses mottes de beurres... Du saindoux jaune ! s’exclama Victor.

Victor ne savait plus à quelle date il avait mangé du beurre. Encore était-ce seulement du beurre ? Il se souvenait que la forme y était, en effet, c’était un peu comme une petite montagne, la couleur ? Peut-être pas !

Lui, ce qu’il avait mangé ! semblait ... plus opaque, de couleur blanche, certes !
Pas comme ce beurre pourtant qui lui aussi était blanc tirant sur le jaune. Non ! Cela ne pouvait être que du beurre !

L'INSTINCT DE GOURMANDISE

LA CHEVILLE.png

En effet, rares étaient les personnes, pouvant se payer une demi -livre de beurre, en revanche le prolétariat avait droit de se fondre dans le saindoux, de la graisse de lard fondue, à qui l’on pouvait donner la forme que l’on désirait ! Ce qui permettait de le vendre en de belles occasions, tout comme le chocolat qui était travaillé artisanalement pour la bonne cause disait-on !

Une jolie façon de se jouer de la cupidité des gens ! Mais pour ce qui, du chocolat ou du saindoux, tu n’avais le droit, toi le prolétaire, de le manger dans l’état de vente naturel, sans artifice ! La tour Eiffel, la tour de Pise !

Regarde et surtout ne touche pas ou bien paie !

Seule, sa maman, si elle avait été encore à ses côtés, aurait pu lui dire, qu’il avait mangé du saindoux, et non du beurre ! D’ailleurs, sa mère elle-même, n’en avait jamais mangé ! Elle l’avait transporté ce beurre, certes oui ! mais il n’était pas pour elle, la mission qu’elle s’était imposée, consistait à le vendre et surtout ne pas penser à le goûter.

 

Le petit déjeuner qu’elle prenait chaque matin se composait d’un quignon de pain, tartiné de saindoux qu’elle plongeait dans le bol de café noir sans sucre, accompagné d’une gousse d’ail. “C’est bon pour le sang !” qu’elle disait...

L’enfant avait soif de connaissance, hormis celles que l’on apprend à l’école, il avait faim ! Doucement le ventre reprenait ses tiraillements, alors il porta le doigt dans l’épaisse couche puis, émergeant ce dernier, il se délecte du nectar, léchant et pourléchant ce doigt graisseux. Passionné, il replongea l’index via le « Mont Blanc » et réitéra son geste.

Ah ! Quel délice !

Essuyant recto-verso le doigt grassement imprégné sur le pantalon court de velours côtelé, se tourna vers des étagères sur lesquelles, il y avait, soigneusement empilées, une colonie de tablettes de chocolat noir. Répondant à cette seconde invitation, l’enfant se rua sur une des tablettes et après avoir cassé quelques morceaux, les enfouit un à un dans sa petite bouche. Point trop n’en faut, après la cheville qui encore lui rappelait qu’elle existait, de par les petites douleurs subsistantes et ce, malgré l’intervention du Toubib, il n’était pas question d’avoir en plus, des maux de ventre !

Page 46

LES ENFANTS DE LA MISÈRE

L'ENFANT DE LA MISÈRE.png

Une chanson d'abord on l'écoute attentivement et seulement ensuite, on peux la comprendre, qu'importe le sujet qu'elle traite ou défend, mais il est une , parmi celle ici présente, qui vous remue les tripes du début à la fin, car la morale ici de l'enfant est particulièrement prenante ! Des coups? Oui, mais qui? Personne , en tous cas,  pas venant de  ma maman 

Le gamin, revit le jour où ses parents et lui, avaient si souvent apaisé leur faim, en croquant un quignon de pain gris sur lequel un peu de saindoux flottait. Cette image suffit pour laisser entrevoir un petit sourire mesquin du petit, sourire qui en disait long sur la suite des évènements...

A la volée, il s’empara, inopinément de quelques plaques de chocolat, qui rendirent visite aux anciens locataires “in his pocket”. Pour ce faire, Victor les cala fortement dans la ceinture de flanelle de son pantalon de velours côtelé, prenant soin de ne pas les briser, puis il reprit le chemin de la sortie.

Cependant il tint à jeter un dernier coup d’œil aux deux autres portes, et puis il calcula que ces deux portes se devaient d’être visitées par deux personnes plutôt que par lui seul.

Aussi s'interdit-il de perdre un temps précieux ! La première des choses... Distribution gratuite de son fric-frac et aller à la rencontre de son pote, son compère et binôme engagé comme lui dans de maints succès...


Et le voici dans une nouvelle course, cette fois, sans que personne ne lui court après, mais il fallait faire vite, pour éviter l’éventuelle éclosion de cet œuf, déposé par la poule d’or ! Il traversa à vive allure et le corridor et l’atelier afin de se retrouver libre comme l’air...

Page 48

LE DEAL

le deal.png

Julot cria vivement : « Attends ! je descends ! » Le garçon dépassait d’une encolure, Victor, il s’approcha, les mains dans les poches. La chemise qu’il portait, l’incita un instant à entrer les pans dans son pantalon de coton de velours côtelé, c’était une façon de s’assurer et de ainsi montrer qu’il était le maître auprès des copains de la bande, seulement, Victor ne s’en laissait pas compter, et puis après tout, ils étaient amis !

- J’t’ai dit de plus t’radiner ici !
-T'as envie qu’la « Rousse » nous met l’grappin d’ssus?
- Pourquoi qu’c’est, qu’t’es v’nu ?
-Attends Julot ! J’ai queq’chos qui pourait ben t’intéresser, si tu vois c’que j’veux dir !

 

Victor, s’approcha, puis tel un vendeur de montres à la sauvette, déboutonna sa chemise de coton, se mit à empoigner un saucisson comme un cow-boy dégainant son arme, mis en joue le petit Julot qui d’un coup, eût un effet de recul. La chemise ouverte laissait entrevoir, les tablettes de chocolat précédemment mal acquises prisonnières dans la ceinture du pantalon.

Julot rétorqua : “Y'ena encore? C’est où?

Viens! on y va! ”...L’apprenti cowboy, se transforma en un éclair, en exhibitionniste et souleva la chemise après avoir opéré d’un quart de tour, découvrant cette fois un dos nu, le reste du butin était là...

puis, il ajouta : “ Ça se troque non ? Alors ? On fait un deal ? Top là cria Julot !

Page 50

LES GALERIES LAFAYETTE !

Julot fit quelques pas, accompagné de son précieux outil et après avoir soulevé une dalle dans la cour, déposa ce dernier, puis refermant la dalle, il attrapa Victor par le bras et tous deux se mirent à courir, vers le palais des mille et une nuit...
Une vingtaine de minutes plus tard, les deux comparses se retrouvèrent face à la grange.

Victor porta le doigt aux lèvres et chuchota - “ Ferme la et suis moi » ! ”. ...
 

Les voici tous deux, devant les cent magasins de la ville, le grand garçon, après avoir inspecté les lieux, rapidement se met au travail, enfouissant saucissons et jambons, et encore saucissons et jambons, chocolat, saucissons et jambons...
Je vous en avais déjà touché un mot ? Autant pour moi ! Mais vous savez, que lorsqu'on aime, on ne compte pas et puis, je ne sais plus qui disait : “Tout est bon dans le cochon ! ”...Tandis que Victor tentait de découvrir autre chose qu’il n'avait jamais vu auparavant. Il laissa donc Julot à sa tâche, et se mit à investir le couloir...

 

Dilemme, il restait deux portes ! Laquelle choisir ? Les deux étaient sans doute bénies de la providence, pourtant il n’avait que l’embarras du choix, ce fameux choix de l’embarras qui revenait sans cesse ! Le temps était compté, il ne fallait pas abuser de « Dame Chance ». Il finit par opter pour celle la plus à gauche... poussa la porte... Étrange ! Aucune porte jusqu’à maintenant n’avait été fermée à clé, aucun cadenas, aucune chaîne ne les retenait, surpris mais curieux il lui fallait en avoir le cœur net, que renfermait cette porte ?


Pour Victor, lorsqu’une marchandise est étalée, c’est qu’elle est, comme une invitation à saisir ! C’est une des raisons qui a fait ce larron, qu’il est devenu ! Le commerçant étale sa marchandise, le gosse la voit et la prend ! “T’as qu’avait pas à m'inviter" ! Ce qui laisse entendre que, derrière une porte, si elle n’est pas fermée, soit il n’y a rien, soit c’est de l’inconscience !

Victor aurait tout aussi pu naître avec une cuillère en argent dans la bouche comme tous ces gosses de riches qu’ils ne côtoient pas, mais qu’il croisait souvent à la sortie des écoles bourgeoises ! Le destin ne lui a pas laissé ce choix, lui, il était né pour se battre s’il devait manger et il se battait comme il le pouvait... Allons-y tout doux pensa le garçon...

Sans un bruit, il poussa légèrement légèrement cette porte qu’elle se mit à geindre doucement, mais rien de bien alarmant, il continua ainsi sur sa lancée, puis s’arrêta à la vue d’un très joli bureau, planté au milieu de la pièce ! Une salle énorme dans laquelle, et ce, sur toute la circonférence ressortaient des armoires à tiroir, une vraie bibliothèque ! Un peu comme celle de l’école bien que plus grandes et plus hautes !...

 

La cour de récréation de l’école, n’’était pas inconnue du garçon, la salle de cours et ses bancs, il connaissait aussi, excepté la bibliothèque où il n’avait mis les pieds que peu souvent, malgré cela Victor imprimait très vite les lieux, juste au cas où...

Décidément la salle avait beau être spacieuse, jolie avec ses armoires, pour autant elle restait indifférente, ce n’était ni plus ni moins qu’un vaste bureau pour la comptabilité et du secrétariat ! Pas intéressé le gamin, aussi ne s’attarda-t-il pas et passa à la seconde porte...

 

Pourtant quelque chose lui fit dire qu’il passait à côté, il le sentait et donc agissant par instinct, de nouveau il poussa la première porte et s’engouffra dans la pièce, se dirigeant vers l’armoire face à lui.
Ouvrant le premier tiroir, une odeur âcre titilla son sens de l’odorat, le nez lui piquât ;

il se mit à éternuer ! Cette odeur il l’aurait reconnu entre mille, ce ne pouvait être que du tabac !

Page 52

EN ROUTE VERS L’AVENTURE ...

La vie de Victor, sa vie ! Elle lui appartenait, et il criait à qui voulait l’entendre !

Ses pas le portèrent devant une vieille bâtisse, qui avait dû subir les charges de l’envahisseur, il ne restait que quatre murs et un vestige de soutien de plafond, pour y passer juste une nuit, c’était plus qu’il n’en fallait pour le gamin ! Demain et les jours suivants, il trouvera mieux !

De la ville, il était éloigné de trois ou quatre kilomètres, ce qui lui aurait été aisé de retourner au hangar pour terminer son exploration. Un voleur, quoiqu'on en dise, revient toujours sur ces traces, peut-être parce que ses traces n’ont pas encore été souillées, sinon pensez-vous qu’il récidive là où il a opéré ? Non ! La rue vous apprend à tenir longtemps et elle ne fait aucun cadeau pour celui qui fait un faux pas ! L’enfant cependant était un habitué des risques, il reviendrait sur les lieux priant toutefois que Julot et son équipe n'aient pas commis une razzia !...

Si Victor pensait, tout comme son ami Julot y retourner, c’est parce qu’il se pose des questions sur ce hangar où il ne reste qu’à se servir et ce n’est pas dans les annales du petit ni de ses potes de laisser ainsi à l’abandon une grange pleine de trésors ! Il y a anguille sous roche et à Victor de le découvrir !

Cependant même si Julot est son ami, il ne connaît pas ceux avec qui son pote se lie et cela n’arrange pas ses affaires, de peur que la poule aux œufs d’or ne meurt après la visite de la bande ! C’est pourquoi, Victor se devait d’y retourner avant, ne serait-ce que pour connaître la suite de l’histoire ! Toute histoire a une fin et le garçon, quoiqu’il advienne, doit savoir quelle est cette fin...

Victor, de nouveau, était seul ! seul avec ses deux fardeaux, celui qu’il portait... deux saucissons et quelques paquets de tabac, qu’il avait gardés pour sa consommation personnelle, et le second, le plus lourd, celui qui, de plus en plus l’éloignait de sa mère, de ses amis. Il reprit le chemin de l’aventure, s’amusant encore de la bonne blague qu’il avait joué à ce « riche », maintenant qu’il avait le couvert, il lui fallait le gîte. Il quitta peu à peu la ville et s’enfonça dans ce qu’on appelait les remparts.

La nuit, légèrement, tombait, et la fatigue prenait maintenant possession de ce petit corps d’enfant, turbulent, sauvage, mais enfant tout de même. Le froid commençait à couvrir peu à peu l’atmosphère, quelques nuages firent masse pour laisser place à̀ une pluie fine et grandissante, l’eau était glacée, les gouttes déferlaient, cinglant brutalement le visage de Victor. Il accéléra le pas...

 

Victor avait souvent eu très peur de la faim, de la soif, de la misère, mais nous ne lui connaissions pas la peur d'avoir peur, ce n’est pas non plus qu’il avait un grand courage, il savait parfois fuir devant le danger, mais il agissait surtout en dépit de tout, en téméraire, bravant les interdits et sans inquiétude, il était comme ce bélier qui fonçait tête baissée, sans même se soucier de l’après-coup ! L’avenir ? Pour l’instant il s’en moquait, seul comptait le présent. Il lui fallait penser à se reposer et il se mit à explorer les lieux....

 

Quelques branches de bois mort, jonchaient sur la terre battue, un tas de feuilles sèches, c' était un matelas de fortune qui permettrait de dormir. Il se cala dans un angle du mur de soutien et parvint rapidement à s’endormir... Les lieux étaient encore inexplorés, vides de toutes âmes qui vivent, il décida donc de s’enquérir d’un saucisson et de cacher soigneusement ses deux sacs sous un épais buisson de feuillages, il serait toujours grand temps de le récupérer après...

Je ne suis pas chanteur, j'ose ! Mais lorsque le son n'est pas approprié, en ce cas tu n'as plus qu'à demander l'indulgence de celui ou celle qui écoutera ! Ce que je fais !

Page 54

JEUX DANGEREUX !

jeu dangereux.png

Victor, lorsqu’il n’était pas au travail avait lui aussi envie de jouer, comme tous les autres enfants, mais trop petit, pour les jeux de société, et fallait-il encore qu’il en ait! Il était aussi trop grand pour d’autres jeux qui l’ennuyaient fortement, aussi choisissait-il ses propres jeux d’aventure, qu’il partageait entre copains.

Lorsque les commerçants ambulants effectuaient leur tournée, les charrettes étaient providentielles à ces jeux dangereux, à chacun de s’accrocher comme il le pouvait, et tous ces voyageurs clandestins, gagnent quelques mètres et parfois les mauvaises réceptions sur les pavés étaient le résultat de quelques bosses en plus de pantalons déchirés ce qui avait pour conséquence, quelques coups de ceinture et bien entendu les mêmes et sempiternelles remontrances. Un jour, la maman de Victor, voulait corriger son fils, le papa encore brillait de son absence, je ne sais pour quelle raison cette fois... l’agilité du petit empêchait les coups de balais, l’enfant s’étant réfugié sous la table de cuisine.

Celui-ci avait quelque peu sous-estimé la maîtresse de maison qui, poussa la table brusquement contre le mur, le petit dès lors, était coincé et pris à son propre piège. Victor eût ainsi la mauvaise idée d’empoigner le manche du balai et de lui faire faire de multiples rotations!

Ces vigoureux allers et retours provoquèrent une vive douleur dans l’épaule de sa mère, un déchirement musculaire instantané la fit lâcher prise, depuis ce jour, sa maman vivait des moments horribles de ces séquelles ; Je pense que ces tractages sauvages auxquels le gamin s’adonnait ont donné naissance à une courte trêve, mais le mal était fait !

Si la charrette n’était plus un jeu, elle restait un moyen de locomotion bien pratique et gratuit. Chassez le naturel, il revient au galop...

Arrivé en ville, Victor, choisissait les ruelles bien pentues et toujours avec cette dextérité qui lui était propre, il s’accrochait là où il pouvait sur l’attelage, puis, la destination atteinte, il sautait allègrement ! Ce n'était plus un jeu d’enfants, mais une façon pour lui d’user des moyens de locomotions gratuitement !!

C’était on ne peut plus simple pour lui, mais cela restait somme toute, souvent assez périlleux, d’autant plus lorsque le conducteur s’apercevait de la présence du passager clandestin.


Victor ne prêtait aucune différence dans ce moyen de locomotion, qu’il soit à cheval, à chien ou même à bras, en revanche, le gosse n’allait jamais bien loin, car bien souvent très vite repéré, prendre alors la poudre d’escampette était alors salutaire !

En effet, les occasions ne manquaient pas dans cette ville, d’abord il y avait le laitier avec sa charrette, tirée par deux chevaux robustes.

 

L’homme annonçait son arrivée à qui l’attendait par ce cri que chacun « Ooolé » comprendre « Au lait », il y avait aussi le marchand de charbons, lui criait « Carrrbooon ! ».

Chacun avait choisi son cri de guerre pour le commerce, qu’importe le cri, pourvu qu’ils aient de quoi contenter les clients.

Page 56

LA BELLE AFFAIRE !

la belle affaire.png

Victor, lorsqu’il n’était pas au travail avait lui aussi envie de jouer, comme tous les autres enfants, mais trop petit, pour les jeux de société, et fallait-il encore qu’il en ait! Il était aussi trop grand pour d’autres jeux qui l’ennuyaient fortement, aussi choisissait-il ses propres jeux d’aventure, qu’il partageait entre copains.

Lorsque les commerçants ambulants effectuaient leur tournée, les charrettes étaient providentielles à ces jeux dangereux, à chacun de s’accrocher comme il le pouvait, et tous ces voyageurs clandestins, gagnent quelques mètres et parfois les mauvaises réceptions sur les pavés étaient le résultat de quelques bosses en plus de pantalons déchirés ce qui avait pour conséquence, quelques coups de ceinture et bien entendu les mêmes et sempiternelles remontrances. Un jour, la maman de Victor, voulait corriger son fils, le papa encore brillait de son absence, je ne sais pour quelle raison cette fois... l’agilité du petit empêchait les coups de balais, l’enfant s’étant réfugié sous la table de cuisine.

Celui-ci avait quelque peu sous-estimé la maîtresse de maison qui, poussa la table brusquement contre le mur, le petit dès lors, était coincé et pris à son propre piège. Victor eût ainsi la mauvaise idée d’empoigner le manche du balai et de lui faire faire de multiples rotations!

Ces vigoureux allers et retours provoquèrent une vive douleur dans l’épaule de sa mère, un déchirement musculaire instantané la fit lâcher prise, depuis ce jour, sa maman vivait des moments horribles de ces séquelles ; Je pense que ces tractages sauvages auxquels le gamin s’adonnait ont donné naissance à une courte trêve, mais le mal était fait !

Si la charrette n’était plus un jeu, elle restait un moyen de locomotion bien pratique et gratuit. Chassez le naturel, il revient au galop...

Arrivé en ville, Victor, choisissait les ruelles bien pentues et toujours avec cette dextérité qui lui était propre, il s’accrochait là où il pouvait sur l’attelage, puis, la destination atteinte, il sautait allègrement ! Ce n'était plus un jeu d’enfants, mais une façon pour lui d’user des moyens de locomotions gratuitement !!

C’était on ne peut plus simple pour lui, mais cela restait somme toute, souvent assez périlleux, d’autant plus lorsque le conducteur s’apercevait de la présence du passager clandestin.


Victor ne prêtait aucune différence dans ce moyen de locomotion, qu’il soit à cheval, à chien ou même à bras, en revanche, le gosse n’allait jamais bien loin, car bien souvent très vite repéré, prendre alors la poudre d’escampette était alors salutaire !

En effet, les occasions ne manquaient pas dans cette ville, d’abord il y avait le laitier avec sa charrette, tirée par deux chevaux robustes.

 

L’homme annonçait son arrivée à qui l’attendait par ce cri que chacun « Ooolé » comprendre « Au lait », il y avait aussi le marchand de charbons, lui criait « Carrrbooon ! ».

Chacun avait choisi son cri de guerre pour le commerce, qu’importe le cri, pourvu qu’ils aient de quoi contenter les clients.

Page 58

CE BON VIEUX OPINEL !

la cave au soupirail.png

La lourde porte d’entrée ne résista pas aux saccades répétées du petit, qui depuis quelques minutes s’acharnait dessus, jusqu’à ce qu’une ouverture se créa, l’invitant à se glisser à l’intérieur...Cet accès à la liberté lui offrait de circuler sur une allée qui semblait interminable et qui forcément, peu à peu s’assombrissait à chaque pas claudiquant...

 

Le couloir n’était pas très large et les parois rugueuses n’évitaient pas les éraflures qui, très vite, marquèrent les épaules du gamin. Il ne suffisait pas que la cheville soit atteinte et le fasse souffrir, maintenant il grimaçait et sa peau bien éraflée brûlait fortement...

Cependant péniblement, il avançait en direction d’un autre couloir plus étroit où il fit très attention de ne plus se frotter contre ces parois assassines, lorsque, enfin, il déboucha sur une toute petite pièce de deux mètres carrés, celle ci-était éclairée timidement mais sûrement...Toutes les salles contigües à la cave, étaient plongées dans une même obscurité, à l’exception d’une seule, où la lune avait su percer.

En entrant, Victor comme à l’accoutumée, tente un regard oblique vers un éventuel quelque chose, qui aurait pu lui servir pour s’abriter du froid... Oui ! encore ! car bien entendu, le froid persistait d’autant plus lorsque la saison s’y prête, l’hiver, tout est froid sinon gelé et Victor était transis ! Rien pour de nouveau se réchauffer et il n’avait plus envie d’allumer un feu, aussi entreprit-il de continuer ses recherches et remercia de temps à autre la lune qui encore et toujours timide offrait une légère lueur de clarté ! Quant à offrir un peu de chaleur au gamin, c’était sans doute trop lui demander !

Victor poussa une autre porte, la pièce était humide mais éclairée passablement par Dame Lune, qui semble t’il, s’était introduite par le soupirail présent. L’enfant ne trouva rien d’un semblant de bonheur et que pourtant, il souhaitait ! Il se dit que demain y pourvoirait, que la lumière serait là et donc, il n’avait d’autre choix que de rester là, de nouveau s’adosser à un mur et tenter de s’endormir au plus vite !

Le mur puissant était là, l’enfant s’approcha, s’y adossa, prit une position en chien de fusil et joignant les mains entre elles, les enfoui à l’intérieur des cuisses, puis s’endormît profondément...

Page 35

LA FORCE DE VOLONTÉ !

LA FORCE DE VOLONTÉ.png

Le garçon était armé de volonté, et sa curiosité, elle, était insatiable et malgré cette cheville qui continuait à handicaper Victor, il chercha encore autour de lui, espérant dégoter un outil qui le tirerait d'affaires et satisferait sa curiosité.

La chance lui fit le gros dos cette fois, à part ce morceau de ferraille, il n’y avait rien d’autre. Il explora tour à tour, les autres pièces de la cave, et finit par trouver ce dont il avait besoin.
Au-dessous du soupirail, traînait à même le sol une écuelle à peine rouillée et tout encore humide d’un aliment liquide qui avait été versé quelque peu avant. Victor s’en saisit, essuya sur son pantalon court déchiré, et se mit ainsi à tenter de dégrossir les impuretés de sa trouvaille...

Au fur et à mesure qu’il éliminait la crasse graisseuse de l’engin, il lui semblait plus facile de lui donner une forme. Seule persistait cet enduit de rouille Quand enfin, le travail fut presque terminé, il resta un moment hébété à la vue d’une croix.

Cette croix, qui devrait se trouver normalement au chevet du lit de sa maman, voici qu’elle se retrouvait ici... Il ne comprenait pas ! Sa maman lui avait pourtant dit qu’il n’existait qu’un seul Bon Dieu, alors comme était-ce possible ?

Victor ne connaissait pas ce don d’ubiquité qui était propre à un esprit sain, et pourtant il était en train de se rendre compte du fait accompli ! son Bon Dieu pouvait aller et venir où bon lui semble et quand bon lui semble. La croix fixée au chevet du lit de sa maman se retrouvait ici dans cette cave, peut-être avait-elle souffert de l’incendie, ce qui pourrait expliquer le pourquoi de la vétusté et aussi de ce voyage dans le temps !

L’enfant se souvint de cet instant où il se retrouva coincé, adossé au mur de la maison.
Un arrêt sur image, à l’instant même où son Bon Dieu tomba sur le sol et que, l’instant d’après, l’enfant fut à la fois libéré de son carcan et sa prière exaucée... Cette fois il ne comprenait plus !
Sa maman ne lui avait-elle pas ressassé des centaines de fois, qu’il n’y avait qu’un Bon Dieu, et la croix devant laquelle il récitait chaque soir ses prières, était bien la preuve !


De deux choses l’une, pensa Victor, soit effectivement il se devait de croire à un miracle ou bien il existerait deux Bons Dieux, une analyse qu’il se devait de résoudre, mais ce n’était pas le moment choisi, pour le moment il était devant deux croix dans ses pensées !

Page 37

FENÊTRES SUR COUR

FENETRES SUR COUR.png

La rue, c'était son affaire ! Il arpenta donc ces ruelles qui ne lui cachaient aucun secret. Clopin-clopant, les yeux baissés, le menton légèrement retombant sur le cou, il adopta cette façon de marcher, car il était hors de question pour lui, de faire une mauvaise rencontre. Il se fondit bientôt dans un bain de foule et s’évapora dans le « quartier des courées » ...

D’abord tu entres, et tu ne sais si tu en sortiras à moins qu’un habitué ne t’y accompagne, mais là n’était pas le problème. On entrait dans une cour, on en sortait de l’autre, souvent, croisant sur son chemin quelques copains, qui bien souvent n’y habitaient pas ! C’était comme ça, chacun allait et vaquait à ses occupations quelles qu’elles soient !

Dans ce quartier où les cours se mélangent avec les boutiquiers, tout ce petit monde qui grouillait se connaissait. Chaque ruelle portait une plaque indiquant la cour dans laquelle tu pénétrais...bien souvent ce nom avait été choisi, comme le plus ridicule qui soit... Va savoir pourquoi ? « La cour à vaque », (vaches) « Cour des Ros », (Rois), Cour au brun », (à excrément ...disons-le, n’ayons pas peur des mots... “à merde”).

Vous pouviez, à cette époque, également rencontrer certaines courées, ayant quant à elles été baptisées de noms de saints, de saintes... J’ai idée que faute avouée est à moitié pardonnée et donc que les bien-pensants seuls, désiraient un tant soit peu, se faire pardonner de ce qu’ils faisaient, affublant de noms gratinés à la manière de la « haute », de telles sortes les lieux, dans lesquels il était évident qu’ils n’y poseraient jamais les pieds.

D’après les riches de la ville, toutes ces cours renfermaient une nation de gens peu fréquentables, pourtant c’était bien en ces lieux, que Victor trouverait son toubib. L’enfant, maintenant, ne craignait plus d’être reconnu, bien au contraire ! Aussi redressa-t-il la tête, fier de ce qu’il représentait aux yeux, de qui le croisait !

Page 39

A L’INFIRMERIE !
(Gaby & la Jeannette)

INFIRMERIE.png

Victor se tenait face à un grand gaillard, mal rasé, les cheveux en bataille et le teint d’un visage pas assez clair pour qu’un savon de Marseille, de France ou de Navarre lui ait tanné la peau. Dans la minute l’enfant décolla du sol, arraché par deux bras puissants et

amicaux. Le colosse venait à l’instant de coller sa grosse bouche humide sur le front, c’était Gaby, son pote Gaby !

Quand le gosse se retrouva enfin sur le plancher des vaches, il poussa un cri foudroyant qui surprit Gaby et lui demanda : « Miard de Diou, qu’oc t’as à gueuler comme cha, p’tiot Vic ?

Le patois étant une langue rurale, issue d’un milieu ouvrier, et caractéristique à une région, qui peut être lue et comprise difficilement, aussi, vais-je interrompre par sympathie pour vous, cette écriture. Ayant omis expressément de vous citer la ville dans laquelle, vous pouvez suivre toutes les péripéties de notre jeune héros, je pensais bien que vous élucideriez ce petit mystère, et je crois bien que c’est fait.

Le patois de Roubaix, est assez plaisant à entendre, quant à sa lecture, il est possible qu’elle soit quelque peu agaçante, je m’abstiendrai donc, dès cette ligne, et traduirai directement...

Victor montra sa cheville enflée, et désigna la porte d’entrée de la maisonnette... De ses bras puissants, Gaby souleva de terre son ami et pénétra à l’intérieur de la maison, intimant l’ordre à sa compagne de préparer des linges et de l’eau bouillie, celle-ci s’exécuta sans mot dire. En quelques secondes, le pansement était étendu sur la table et la marmite d’eau recevait des mains expertes de Gaby une copieuse poignée de sel. Déjà, le doux ronronnement de l’eau sur le feu se faisait entendre...

Pendant ce temps, la Jeannette, déroulait prestement l’une des nombreuses bandes de gaz, provenant sans doute de l’hôpital voisin... Gaby, une épingle de sûreté pincée entre les lèvres, était affairé à nettoyer la cheville bleutée.

Estimant alors celle-ci, suffisamment, aseptisée, il en ôta le ruban blanc que lui avait tendu la Jeannette, le posa délicatement sur le point sensible et commença les allers et retours, jusqu’à épuisement de la bande. Il faut dire que Gaby excellait dans la pose de pansements et de bandes en tous genres, et son ami Victor ne pouvait que le remercier de cette prise en charge. Gaby, en outre, était pour qui le connaissait et qui avait besoin urgent de ses services, un excellent chirurgien !

Les divers champs de bataille sur lesquels il avait opéré en tant que soldat et infirmier , lui valurent le fait d’être reconnu par son corps d’armée, pour ses compétences en matière de chirurgie de première nécessité en temps de guerre, de là à devenir le toubib, il n’y avait qu’un pas et le toubib l’avait franchi aisément, même si les diplômes manquaient à l’appel Maintenant que la cheville était compressée et bien bandée, le garçon avait droit de se reposer, la nuit qu’il avait passée avait été quelque peu mouvementée et le réveil fut des plus alarmants au petit matin, cette douleur avait depuis, la chute dans l’escalier, élu domicile ! Drôle de locataire ! Une locataire, une squatteuse dont Victor se serait bien passé !

Tout ceci, était réglé comme une horloge ! Tandis que l’infirmière vaquait aux occupations paramédicales, le Toubib, lui, s’occupait admirablement du patient...

Le petit s’était déjà endormi, cependant alors que les questions pressées demandaient des réponses. Victor trouva la force de leur dire, “je vous expliquerai après” ! puis, il retomba dans un sommeil profond et bien mérité, tant il était fatigué...

Une petite heure après, l’enfant avait tant soit peu récupéré...

MAL AU CUL.png

Page 41

LA DECOUVERTE DE LA CAVERNE

epicerie.png

Le “Toubib” prit soin de poser un vieil édredon en plumes d’oies, un de ces édredons récupéré après un larcin de quelques potes, pour service rendu ! Gaby et sa femme étaient connus de tous dans ce quartier des courées, ils étaient les premiers à qui l’on pensait, lorsqu’une épine du pied voire une balle devait être extraite. Tous deux étaient de bons conseils pour ces enfants de la rue !

Quant à leur conduite, elle expliquait le pourquoi de ces débordements d’empathie envers ce couple adulte ! Victor, après s’être reposé, s’empressa de remercier ses amis et leur faire ses adieux, il embrassa la Jeannette, il la serra très fort contre lui et une accolade chaleureuse envers son ami Gaby. Après quoi il prit le chemin de la sortie, longeant cette fameuse corde à cloches jusqu’à la porte d’entrée, celle inviolable... Gaby en avait actionné l’ouverture !

Si tu pénétrais il fallait aussi en sortir et sans Gaby, autant dire que ce n’était pas une mince affaire à moins de te constituer prisonnier !

C’est ainsi qu’il s’éloigna de plus en plus de ce qui aurait pu être sa nouvelle demeure. Victor savait que cela pour lui était impossible, la “Rousse” devait être à sa recherche depuis cet incendie, peut-être aussi avait-elle été contactée pour le gros jambon chapardé dans la boutique, bien que rien en ce cas n’était sûr, les boutiquiers préféraient “laver leur linge sale en famille”...il lui était donc interdit désormais de se faire reprendre, aussi, décida-t-il de franchir tous les obstacles qu’il rencontrerait sur son chemin, les murs, il devrait les sauter, et il était préférable qu’il terminât sa course à travers les toits...

Une fois le dernier muret franchi, il déboucha sur un grand hangar, qui semblait appartenir à l’un de ces gros riches qui pullulaient la ville, se disant qu’il était grand temps de chercher de quoi se nourrir. S’il est quelque chose qui ne prévient pas de son arrivée, et qui se fait ressentir, c’est bien la faim ! Et justement, elle venait de pointer son museau, il fallait donc, pour Victor, remédier à cet ennui passager.

Il était hors de question de penser à récidiver dans ce magasin où il avait pris ce jambon. D'ailleurs ce bon morceau de viande crue, n’était plus en sa possession, et pour cause ! la grand-mère se l’était accaparée, quand le petit fondit sur elle.

Pourquoi chercher au loin, ce qui pouvait se trouver à deux pas ? se dit l’enfant, il jugea donc que le hangar ferait certainement son affaire, et il décida d’y pénétrer.

Page 43

LA CAVERNE D'ANNIE MAMMA

la caverne d'annie mamma.png

Un petit jambon, pendu au plafond tirez-lui la queue, il pondra des oeufs...Combien en voulez-vous? Je ne suis pas certain qu’on chantait cela!!

L’enfant découvrait des rangées de tonneaux soigneusement alignés, étiquetés, une étiquette mentionnant seulement un numéro, rien d’autre qui aurait pu renseigner sur le contenu, tout cela était mené de main de maître, un maître ou un comptable, ou, même un secrétaire, un riche quoi !

Il n’y avait qu’eux pour posséder tout ce garde-manger, et pour référencer dans un ordre impeccable la totalité de cette cave. De grands tonneaux disposés en rang par deux sur une ligne tracée au sol, à croire que celui qui a fait cela préparait une revue, ”je ne veux voir qu’une tête ! ”, tout était “militairement” carré !

Que pouvaient renfermer ces gros fûts ? Le temps n’était pas à une revue de casernement ... Au-dessus, se tenait un régiment de jambons, tous identiques à celui de Victor, certains même, étaient beaucoup plus gros ! Des jambons, tous, saupoudrés d’une espèce de talc blanc, des centaines de saucissons entortillés les uns aux autres par tranche de dix, classifiés et répertoriés sur un registre probablement par famille de dix !

Ces morceaux de viande de porc, pendaient haut et court sur des morceaux de ficelles attachés à une corde raide au plafond, tous portaient également des numéros. « Nous ne sommes pas des numéros, semblaient-ils dire, nous sommes des saucissons libres » !...

Mais ces bonnes choses, interdisent à l’enfant de se servir, il était trop petit, d’ailleurs, même un adulte eût été trop petit pour se servir. La corde, cette fois absente de cloches, pouvait soutenir un poids proche du quintal, elle traversait le plafond en largeur, et terminait sa course vers la paroi du mur, une poulie réceptionnait la très lourde corde pourtant bien raide.

Toute cette machination tant soi peu diabolique, poulie, corde laissait penser à Victor que le “Toubib “n’était pas le seul à créer ce genre de projet machiavélique ! soient dits ingénieux !

Voyons voir si celui-ci était inviolable...Ce mot ne voulait rien dire pour le gamin, rien n’avait encore été une entrave depuis qu’il avait grandi dans la rue !

Non ! Il ne se souvenait pas que quelque chose lui ait résisté et qui pourtant, avait été conçue pour ce fait !

Page 45

MEA CULPA, LE PARTAGE ÉGALITÉ !

Ce panorama féerique, que Victor avait devant les yeux, lui faisait oublier un tant soit peu les timides relances des organes dérangés par cet élan de gourmandise. Savourant à l’avance le futur exploit qu’il commettait, il quitta la pièce, non sans avoir emporté la dizaine de saucissons qu’il nouait à sa taille.

Sortant la chemise de son short, il laissa pendre les pans de celle-ci afin que personne n’en suspecte ses locataires. L’enfant, encore n’en croyait pas ses yeux, ce qu’il venait de voir, était tout bonnement gargantuesque, mais, surtout inadmissible, et, ce spectacle même s’il en redemandait, le mettait hors de lui !

Tout ceci n’avait pas sa place, ce n’était pas dans cette cave que toute cette bonne nourriture devait être, mais selon Victor, chez les pauvres, chez ces nombreuses gens qui connaissaient le garçon.

 

Les hauts le cœur, les envies persistantes de vomir, ne tardèrent pas à se faire ressentir, et pendant une fraction de seconde, il connut ces maux indigestes, mais il ne s’y attarda guère et son abdomen non plus.

 

C’était décidé, Victor, non pas, pour tenter de se disculper, ou chercher à vouloir réparer son erreur, erreur qui avait débouché sur cet incendie, lui, qui ne pensait simplement qu’à se réchauffer, mais uniquement par souci d’égalité et de partage, avait le devoir de rapporter toute ce butin alimentaire, et ainsi le distribuer dans les quartiers les plus pauvres. Il ne connaissait que les courées, là où ses amis et connaissances “résidaient” !

Devait-il comme il en avait l’habitude, vendre à “prix coûtant” ce qu’il livrerait à domicile ? Non cette fois, il fait son mea-culpa en offrant la bonne marchandise à toutes ces personnes installées dans une misère dont il était difficile d’en sortir !
Il décide donc de faire cadeau de son larcin à tous ses copains.

Page 47

AU NORD, Y'AVAIT LES COURÉES...

cour.png

Reprenant alors le chemin à l’envers, il se retrouva peu de temps après, dans une arrière-cour d’où l’on pouvait apercevoir des bambins jouant çà et là, des gens qui sillonnaient celle-ci, certains en direction d’une petite baraque, un seau à la main. Sur la porte de cette petite baraque de bois, à niveau d’yeux une petite ouverture en forme de cœur, drôle de décor pour cet endroit qui n’est en définitif qu’un cabinet de toilette, mais pourquoi pas après tout !

Des adolescents et d’autres gens plus âgés se dirigeaient, quant à eux, vers une cabane bien plus grande, sans cœur ! Pourtant, du cœur, tous en avaient, dans ce bistrot se réunissaient tous les malfrats de la ville, qui exposent leur butin dans une chambre du seul et unique premier étage, pièce où le partage était fait. Ce qui restait du butin quand il ne pouvait se monnayer, était distribué avec les malheureux, des gens incapables de braver la loi.

Les hommes qui y venaient en habitués, savaient recevoir la police comme il se devait, en fait c’était un véritable coupe-gorge pour qui n’aimait pas ces fréquentations.


Rares étaient les perquisitions, mais, il y avait toujours quelques hommes de guet au cas où la police investit la cour. C’est près de ce café que Victor avait posé son dévolu, sachant qu’il trouverait infailliblement son homme de main, le Julot, toujours prêt à accepter de nouvelles missions !

 

Victor sifflote un petit air, passe-barrière connu d’eux seuls...après quoi, une petite tête blonde fait irruption par le vasistas de la maison accotée au bistrot. En fait, le blondinet, plus âgé d’un an que Victor, était de la longue lignée du tenancier, ce dernier ayant cinq enfants dont deux filles.

Page 49

LES PRÉPARATIFS

bricoleur.png

Là, tu vois tu choisis, tu as l'embarras du choix, voire, le choix de l'embarras mais si j'étais toi, je ne m'encombrerai pas avec ça; si je devais cambrioler ! On ne sait jamais! lmes temps sont durs et les grandes surfaces plus encore avec le peuple !

sesame ouvre toi.png

Oui ! Je pense que ça ira amplement !

Julot venait de signer un pacte avec son ami, sans savoir la raison de celui-ci, ce que Victor lui demanderait et pourtant Julot avait d’office, accepté ce deal, et s’était engagé, qu’importe le risque ! Victor, le savait comme il savait aussi que son ami ne faillirait pas, devait-il se retrouver dans une de ces maisons de correction, voire entre des barreaux. Julot fit signe à son ami, tout en s’éloignant qu’il revenait très vite d’ici quelques secondes...

Un court instant après, il réapparaît avec dans une main, un grand sac en toile de jute, dans l’autre, deux cabans bien profonds...


L’adolescent, s’éclipsa un instant, le temps de réapparaître avec, dans une main, un grand sac de toile de jute, et dans l’autre, deux cabans, biens profonds. Oui, le petit futé de Julot prenait soin de cacher quelques sacs en toile de jute dans un coin connu de lui, situé dans les remparts avoisinants....

Un étrange cliquetis résonnait à chaque pas que Julot faisait, ce qui fit pressentir à Victor, que son coéquipier ne se livrerait pas à une seule mission, qu’il avait l’intention de faire un autre fric frac...

Victor, écarta les deux bords de ce sac bruyant et découvrit, non sans étonnements, un pied de biche, fidèle serviteur du cambrioleur, et aussi compagnon primé de leurs folles équipées des derniers jours.

-T’en auras pas b’soin !
- D’ac ! Mais on sait jamais, mon paternel m’dit toujours “Vieux faut prévoir avant d’avoir” alors tu vois moi, j’prévois” ! Julot décida de garder avec lui son pied de biche, qui restait l’ami numéro deux après Victor et qu’il amenait avec lui, lors de ses nombreux frics fracs. Puis se ravisant...

il lui dit : - T’as raison c’est trop lourd !

Page 51

DU TABAC!
AUTANT QUE TU EN VOUDRAS !

tabac.png

Le gamin n’était pas un grand fumeur, même quand il accompagnait ses copains dans la cave de son bâtiment, mais il devait avant tout se faire respecter et ainsi jouer à l’homme ! Il était primordial de ne pas perdre la face devant ses copains, et la cigarette faisant l’homme disait-on, il se pliait à la loi, même si elle ne lui convenait pas !...

Voici maintenant que Victor se trouvait devant la manufacture des tabacs, après les Galeries Lafayette, le Magasin central, toute cette chaîne bien présente devant lui, un de ces complexes, où il ne manquait qu’une salle de cinéma et une salle de danse peut-être aussi, tant qu’à faire...Autant joindre l’utile à l’agréable ! En ouvrant le premier tiroir de l’armoire face à lui, le garçon fut comme pétrifié ! La première pensée fut pour sa mère qui faisait des kilomètres pour acheter et revendre un peu de tabac, et là devant lui une manufacture entière, pas moins d’une cinquantaine de paquets de marque identique...il laissa ouvert le tiroir, s’attaqua au second... un spectacle identique sinon que cette fois la marque avait changée, et il continua ainsi à ouvrir tiroir sur tiroir, et toujours la même surprise devant ses yeux ! C’est la caverne d’Ali ! de quoi être baba !

Victor se mit à ouvrir une armoire, il découvrit cette fois des pots de tabac brun, blond, des grosses boîtes d’allumettes, des pipes, paquets à priser, à chiquer, des briquets à essence, ces fameux briquets tempête... Son père en avait un, si au moins... se dit le gamin, il l’avait laissé ce jour-là, je n’aurais pas eu besoin de craquer une allumette, et je n’aurais pas mis le feu...

Il y avait du tabac et des ingrédients pour l’armée française ! Nous aussi on est des soldats pensa le gosse, puis, il ajouta : “Allez hop, ça va pas rester longtemps ici, faut que j’aille chercher Julot” ! ...
Pas la peine ! Julot à l'instant venait de le rejoindre portant ses cabas sur les épaules ! Victor n’eut pas le temps de lui présenter la marchandise, l’odeur qu’elle dégageait fit comprendre à Julot qu’il se trouvait lui aussi à la manufacture des tabacs, aussitôt il remplit son sac à ras bord !

- On va quand même pas laisser le reste ? dit Julot

- Bien sûr que non, mais on a pas assez de sacs, soit, on laisse ceux qui sont remplis ici, et on revient les chercher plus tard, soit, on file chercher d’autres sacs ! Mais j’te préviens, j’aime pas cette façon de travailler, on revient jamais sur ce qu’on fait, on peut s’faire piquer !

Vaut mieux qu’on se casse avec ce qu’on a pris, on r’viendra dans quelques jours ! Ok ?
- T’as raison ça marche mais merde, c’est con !
- Oui mais c’est mieux !

- Allez on prend les sacs et on fout l’camp !

Tous les deux chargèrent sur leurs dos, les sacs remplis du butin et s'éloignèrent des bureaux non sans avoir pris des précautions... Julot faisait le guet...
Vas-y c’est bon ! Tous deux se mirent à courir vers la sortie, même chemin, mais à l’envers !...

 

Les deux enfants pressent le pas, se dirigeant en direction des courées...
Tout en marchant, Victor ne pouvait s’empêcher de penser à sa mère et dit à Julot : “ Et dire que ma mère, elle se casse le cul à faire des voyages à pied pour aller chercher un peu de tabac et elle gagne pas lourd quand elle l’a revendu !
En plus mon père, de temps en temps, lui il prise quand il manque de cigarettes, et là, y’a des paquets pour un régiment !
On r’viendra après ! on va tout leur piquer à ces pourris !”...
Soit ! Ce larcin commis par les deux compères, méritaient une autre, voire plusieurs autres visites, mais Victor avait une priorité...retrouver sa maman ! il ne fera donc pas partie de ces prochaines expéditions... Enfin, ça, c’est qu’il pensait, même s’il savait pertinemment que personne ne l'oublierait et qu’il toucherait largement sa part !

Il confia à Julot ses tourments, ne s’étalant pas sur ses dernières pensées, et tous deux se séparèrent avec chacun sa partie du butin ; Victor ne pouvait donc emporter que la moitié de celui-ci et se contenta d’un peu de chaque...
La confirmation se fit, de la bouche de Julot lui-même...

- On pourra toujours rev’nir ! dît Julot.
- On r’viendra l’plumer avec des potes à moi, t’inquiète pas ! même si t’es pas là, t’auras ta part du gâteau ! - C’est quand même grâce à toi c’coup là !
- Au fait c’est quoi ton deal ?

- Tu connais le fric frac, maintenant, dedans il y a ma part, même si tu le fais à plusieurs, et bien tu la donneras à ma mère, si tu la vois, et dis-lui que je l’aime et que je lui demande pardon, ok ?
Et ce n'est pas tout ! Après que tu seras retourné sur les lieux, tu prendras ta part pour la vendre, mais tout ce qui doit être à moi, je veux que tu fasses la distribution gratuite, et tu feras ça dans le café de ton père, vous rassemblerez les gens des courées ! Ça c’est le deal !

- Pourquoi, tu le fais pas toi-même ? Qu’est ce qui se passe ?
- Va voir Gaby il t’expliquera, moi je t’accompagne et ensuite je me casse, allez ! on y va !...

 

Arrivé dans la cour du bistrot, Julot déposa son butin dans le bistrot de son père, qui lui aussi était coutumier des faits dans ce genre d’aventure, mais disons à plus ou moins grande échelle.
A peine posés, les sacs pleins se vidèrent, les premiers clients arrivèrent et chacun de commander ce dont il avait besoin, voire pas besoin, ils achetaient à bas prix, c’était l’essentiel. Julot, un sourire aux lèvres qui en disait gros, rejoignit Victor, l’embrassa et levant le pouce au ciel :

« Si t’en as encore comme ça, r’viens m’voir » On va déjà faire celui-là et pas de soucis, t’es avec nous mon pote !
- Allez salut... puis il se posa derrière le bar, prêt à encaisser les sous. Billets et pièces s'amoncelaient sur le comptoir et se retrouvèrent en un éclair à l’intérieur de petite boîte en ferraille lui appartenant...

 

Le père de Julot était un homme d’honneur, et jamais il n’aurait pensé se servir dans la petite boîte en fer ! C’eût été un geste indigne et méprisant pour qui le ferait !

Page 53

UN PEU DE MNÉMOTECHNIE

MNÉMOTECHNIE.png

Le lendemain matin, alors que le soleil réchauffait peu à peu son enclos de fortune, il reprit le chemin de la caverne d'Annie Mamma où il savait rencontrer tant de bonnes choses. La faim le tiraillait, et le goût du beurre et du chocolat lui était passé, il mordit à pleine dents, l’un des saucissons subtilisés, en crachant au loin la pelure, cela calma un peu cette faim...mais pas la soif qui déjà l’envahissait. Hélas ! il n’y avait rien, pas d’eau à l’horizon, il fallait à tout prix trouver de quoi boire...Malgré tout, il reprit la route...

Bientôt, il se retrouva face à face devant la bâtisse, son hangar, sa caverne...
 

Victor était un petit gars très dégourdi, le hic est qu’il ne savait ni lire ni écrire, alors comment faire, pour dresser une liste de ce dont il aurait besoin, en accessoires, matériels, des choses utiles qu’il emporterait dans ce repère d’un jour où il venait de passer la nuit ? Un couteau, des allumettes, des vêtements chauds, du papier, un peu de tout, et surtout de tout un peu pourvu que cela ne l’alourdisse pas en chemin !


Dans cette caverne « d’Annie Mama », il y trouverait de tout pour sûr, il lui fallait ne rien oublier mais comment faire lorsque l’on ne sait écrire ? Système D, moyen mnémotechnique, le seul qu’il connaissait et qui lui réussissait chaque fois qu’il devait penser à ne pas oublier...

Le petit gars, la paume de la main fermée, se mit à déployer les doigts vers l’extérieur,...Ce fut d’abord le pouce qu’il leva, puis l’index, et ainsi de suite jusqu’au

pouce de la main gauche comme s’il entreprenait de compter, mais cela non plus il ne savait pas ou, si difficilement, excepté lorsque des pièces de monnaie lui demandaient un calcul, il devenait tour à tour, Euclide, Pythagore, Archimède et j’en passe... “business are business” et gare à celui qui tenterait de le carotter!

Ainsi à chaque doigt, un pote, enfin le nom du pote en question à qui il donnerait un nom d’objet. Cet objet commençant par la même lettre, ainsi... Julot pour... jambon...godasse pour Gaby...etc. A l’aide de ce petit moyen mnémotechnique, Victor pouvait maintenant partir tranquille et donc, ne rien oublier dans ses emplettes. Il avait créé son calepin. Et puisqu’il connaissait un grand nombre de copains, autant dire que dans son « bloc-notes » les vingt-six lettres y étaient ou presque !

Cela me fait penser que j’aurais dû questionner notre ami sur la façon de me souvenir de tout ce que je ne savais plus énumérer au commencement du livre, je ne vous aurai pas amené à relire la première page, puis la seconde et vice et versa, en bref et pour faire court, je ne vous aurai pas brouté ! Mais vous êtes d’accord pour dire que Victor n’était pas encore né, alors comme aurais-je pu le faire intervenir et le questionner sur la façon de garder la mémoire ?

 

Bon ! Je ne vais pas remettre le couvert une fois de plus avec des phrases qui ne tiennent pas debout. Et puis, cette mémoire ne me fait plus défaut, j’ajouterais que je sais, lire écrire, compter, avouez que cela aide, mais suis-je pour autant, aussi dégourdi que notre petit Victor ?

Pourquoi je vous dis tout ça ?

Page 55

RETOUR SUR LES LIEUX ...

retour sur les lieux.png

Après cette nuit passée à la bonne étoile, le gamin, s’éveilla, s’étira, se mit à bailler, rien en son comportement ne présageait une nuit passée à la belle étoile ! La vie pour ce petit garçon, restait belle et, tant que tu n’y mets pas le feu... Une erreur qu’il ne se pardonnait pas, qui n’aurait jamais dû être commise, mais parfois les options, les aléas que t’offre la vie ne te permettent qu’un choix, et tu n’es pas forcément celui qui choisira le meilleur !

Le butin de la veille devait être protégé et les sacs vides pour de nouveau être emplis, Victor entreprit alors de trouver une cache et d’y déposer tout ce qu’il avait, ne gardant que le contenant qui de nouveau après sa visite dans les locaux rejoindraient ipso-facto ce dernier ! La cache fut très vite trouvée...

Comme il faisait sa couche, il fit sa cache...quelques branchages et des buissons arrachés la rendait maintenant invisible à l'œil nu, le garçon pouvait maintenant reprendre le chemin et ...sus à l’ennemi !

Victor ne s’était pas trop éloigné de son fric frac de la veille, et il était prêt à lui faire subir un dernier assaut...l’assaut final ? Pas sûr !
...Le garçon reprit la route....

L'enfant arriva enfin devant la maison. Comme si, une force intérieure, le lui commandait, et l’incitait malignement à réinvestir ces lieux dits... interdits. Ne jouait-il pas là un jeu dangereux ? Peu lui importait, il verrait bien !
Pour lui, tout restait abordable et vouloir compliquer la situation, avec des semblants de peur, des angoisses, étaient encore inconnus !

L’enfant franchit le seuil du hangar, retraversa la grande salle, cet atelier où l’outillage cumulait, et se retrouva devant une porte, celle qu’il n’avait pas encore poussée. Balayant d’un regard furtif le pourtour de la pièce, il remarqua, stupéfait, bien que, ébahi, que Julot avait rempli sa mission. Devant ses yeux hagards, un spectacle de vide s’offrait à lui, Les étagères désertes, et je vous prie de croire que s’il y avait eu ménagère, celle-ci n’aurait eu aucun fil à retordre, quant au nettoyage de la salle. Un nettoyage par le vide et c’est peu dire !

Victor, un instant maugréa et puis très vite n’y pensa plus...battre le fer quand il est chaud c’était aussi l’une de ses devises ! Mais apparemment, il était encore à se demander, qui donc vivait ici ? Troisième visite, et toujours cette absence d’âmes qui vive, invraisemblable ! Deux salles avaient été visitées, le bureau de tabac, les cent magasins... cependant il restait encore une porte à ouvrir, et c’est ce qu’il fit...

Étrange pour le moins, que ce silence dans cette grange ! Il se mit à pousser la lourde porte de bois qui s’ouvrit sans un crissement...Les charnières pourtant vétustes, avaient été soigneusement huilées ! Peut-être était-ce un atout pour des cambrioleurs, mais peut-être aussi un avantage majeur, afin de les surprendre la main dans le sac...

Des bruits confus et sourds provenaient à cet instant de quelque part, le gamin pensait être seul mais cette fois, il se trompait... Puisque la “grande charcuterie” avait été vidée de son contenu, il ne pouvait en être autrement de la “Manufacture des tabacs” et, il lui fallait se rendre compte de ce qu’il prévoyait, il se dirigea donc vers ce qu’il voyait comme étant la grande bibliothèque de son école, pour cette fois se rendre à l’évidence !...

Notre ami se retrouva face à la porte et déjà les bruits sourds et confus deviennent audibles et perçants. Il poussa celle-ci, légèrement, aucun bruit n’émanant de ce bois, il pouvait donc pénétrer à l’intérieur sans se faire remarquer...Les visiteurs avaient le dos tourné, tous étant affairés à leurs préoccupations et surtout à la pensée de ramener plein de pognon...

En regardant la petite bande affairée à un vide grenier, son grenier se dit Victor, le spectacle qui s’y déroulait, laissa Victor pantois, écœuré et surtout mécontent ! quel bordel pensa t-il ! « Adieu la poule aux yeux d’or !», plus question de revenir dans ces lieux !

Victor, avait pour habitude, quand il quittait un cambriolage fortuitement, de sortir cette phrase, Il ne savait plus où il l’avait entendue, cependant il ne cessait de la ressasser, même si celle-ci n’était plus, ce qu’elle était à l’origine. Plus question de rester ici, encore moins, de chercher à croître sa liste d’accessoires. Victor fit quelques pas vers eux, tel un rusé renard, à “petites pattes” feutrées et saisit son pote Julot par les hanches...Ce dernier fit un bond et se retourna, il était pris la main dans l'sac !

- Putain ! Mais tu fais quoi ici ? j’t’avais dit qu’on r’viendrait mais je ne pensais pas que toi aussi tu r’viendrais si tôt ! Tu ne m’avais pas dit que ta mère était ta priorité, ou alors tu ne me fais pas confiance ?
- Faux mon pote ! Mais je savais que tu reviendrais avec ta bande et je m’en aperçois en ce moment, j’avais peur que tu ne tues la poule aux œufs d’or et c’est ce que vous êtes en train de faire, vous avez de la chance que personne encore n’est venue ici, mais je pense en connaître la raison, j’ai ma petite idée ! Bon c’est pas tout, je suis venu, je ne vais pas repartir les mains vides, et tu vas venir avec moi pour aller voir ce qu’il y a dans l’autre pièce, cette porte que nous n’avons pas encore ouverte !

Julot acquiesça et se mit à suivre Victor qui déjà l’avait distancé...

Page 57 

OPINEL.png

Julot décida d’allumer une cigarette et ainsi savourer une petite victoire...il tendit le paquet à Victor, qui ne se fit pas prier, rappelons que ce n’était pas un grand fumeur, mais la situation imposait la présence d’un homme, de deux hommes. Et de là à jouer les hommes, pourquoi ne pas se faire plaisir à jouer celui qui est riche ?

 

Victor alluma donc sa cigarette et posa majestueusement son séant sur un trône tout à ses côtés ; Il s’y posa tel un pacha, les jambes tendues et légèrement écartées, le repos du guerrier sans doute...ses deux avant-bras bien appuyés sur les accoudoirs du fauteuil...soudain un clic...

L’un des bras venait de toucher un bouton extrêmement sensible caché sur un des bras du fauteuil... Ce fut à cet instant précis, que comme par magie, une armoire au demeurant, coulissante, se mit à glisser sur le côté droit et dévoiler une trappe dans le mur...

Comment tout cela était possible ? Les gosses se retrouvaient dans une affaire dont ils ne comprenaient plus le sens ! Ils se retrouvent dans une de ces aventures, que l’on joue au cinéma. Un cinéma d’ailleurs qu’ils ne connaissaient pas pour n’y avoir jamais mis les pieds, pourtant ce qui s’y jouait, les films, les publicités n’étaient pas inconnues des enfants, quand un chanceux avait pu découvrir un film, il le racontait à qui voulait l’entendre, et n’omettait pas ces moments de publicité dans lesquels des messages récurrents, allaient se planter tout droit dans les cerveaux des spectateurs, incitant ces derniers à ne pas les oublier dès qu’ils sortiraient de la salle!

Si les adultes gardaient ces mots en mémoire, les enfants quant à eux, s’en moquaient ouvertement, et allaient même à en faire un jeu.

Puisqu’à présent Victor et Julot, se trouvaient être les jeunes héros de cette aventure fantastique, énigmatique, ils décidèrent d’aller plus loin et naturellement d’en savoir plus... sinon bien plus encore...Victor descendit de son piédestal, suivi de Julot et tous deux s’approchèrent de la trappe dans le mur ! Cette trappe, tout comme le tiroir, ne résisterait pas à nos deux inspecteurs débutants... La trappe, pour bien faire, ne possédait aucune poignée, mais comment s’y prendre alors ?

Des ongles auraient pu faire l’affaire, en tous cas pour Victor, lui qui se suffisait de peu pour atteindre ses objectifs, et puis des ongles ce n’était pas vraiment ce que possédait le gamin. il en avait peu, parfois pas du tout, rongés par anxiété et non par timidité, cette anxiété toujours présente en lui, de devoir vivre au jour le jour avec sa maman, et ensemble faire face à des situations précaires! L'idée, donc, ne tenait pas debout. C’est alors que l’ingénieux Julot, proclama :

“ T’as mon surin, t’as qu’à faire pareil qu’avec le tiroir” !

- Oui ! et tu la sors d’où celle-là ? T’a fait polytechnique depuis... Aristote ?...

Une citation qui lui venait de son père quand “eurêka !”, Victor avait soudain la science infuse et qu’il avait trouvé une solution, une solution certes, dont tout se serait passée, surtout son père !
Mais l’enfant venait de sortir cette phrase au moment opportun et il n’en était que fier !

Julot ne comprit rien à cette soudaine et bizarre phrase prononcée...poli et technique à la fois pour faire court Aristote? Cela sortirait de Polytechnique ?, C’était quoi ce charabia ? Il n’en fit pas une fixation, bien au contraire il ne s’en inquiéta guère, pour ainsi dire...pas du tout ! A chacun son métier et les vaches seront bien gardées !

Mais...revenons à nos moutons...

Le couteau encore dans les mains de Victor cette fois, s’attaqua à la trappe, mais après plusieurs tentatives cela ne donna rien, celle-ci tenait bon et semblait rire des efforts fournis par le petit ! Le gosse s’arrêta un instant, se mit à « réfléchir... »

Aristote sort de ce corps !...Puis, soudain...”Eurêka ! Cette fois Archimède remplaçait son prédécesseur, et les poussées exercées avec le manche du couteau sur la lame, n’ayant rien données, Victor eût la présence d’esprit de s’attaquer à autre chose que la trappe elle-même, il se mit à creuser les joints des pierres, délimitant le pourtour de cette trappe. Après maints assauts successifs, ce fut chose faite. Les pierres une à une, descellées, permettaient à Victor l’ouverture instantanée de cette trappe ! Ce morceau de bois large et plat, conduisait à un escalier, qui, lui, menait droit à une cave voûtée !

 

Les enfants tour à tour s’y engouffrent et débouchent sur une porte...Encore une ! Que de portes dans cette maison ! Derrière elle, rien d'extraordinaire, si ce n’est que le plafond voûté en pierres, demandait une position également voûtée pour un adulte, mais là n’était pas le cas, un enfant n’a pas la taille encore voulue de l’adulte !

Page 60

JE VOIS TOUT JE NE DIS RIEN !

Dans un morceau de tissu, pris au hasard dans le tiroir, sans doute utile à un petit dépoussiérage, puis glissa le tout de derrière la ceinture. Victor, ouvrit le pouce : « Charlie » et de un ! restait à trouver les cinq autres copains, les allumettes, la couverture, et tutti quanti...enfin, tous ces facteurs entrant en scène dans la mnémotechnie en somme !

 

Le gamin rejoignit Julot, qui, je pense ne s’était jamais arrêté à « collectionner » vu la grosseur d’un des sacs, puis tous deux s’en retournèrent vers la bibliothèque, il leur semblait avoir oublié quelque chose, car le spectacle les avait quelque peu déconcertés, et ils n’avaient pas entretenu leur progression dans la recherche...

 

Sur place, de nouveau les voilà, plongés dans ce même silence de mort, et cette froideur lourde à supporter, mais ils s’y tinrent et repartirent dans leur travail...Soudain ! des bruits surgissant du hangar, stoppèrent un instant les deux garçons, qui très vite se reprirent et allèrent se cacher derrière une grosse armoire...

Pendant ce temps, les pas, les bruits se rapprochèrent et tous deux de retenir un tantinet soit peu, leurs respirations.

 

Deux enfants firent irruption dans la pièce, ils n’étaient pas là pour un semblant de fric frac mais pour jouer, faire du bruit, ils semblaient être heureux de par leur comportement, l’insouciance de deux enfants qui batifolaient et se laissaient aller dans les rires, et ce moment de gaieté !

 

L’un des deux, plus âgé vraisemblablement, paraissait plus calme, discipliné, même s’il accompagnait le petit dans ses folies passagères. Le plus jeune, déjà s’était rué sur une étagère et les malheureux livres qui y dormaient, présentaient un numéro acrobatique et sans filet !

Les lourds bouquins se retrouvaient face contre terre, d’autres, la tranche au sol. Le silence de morts n’était plus, ces derniers s’en étaient retournés dans leurs tombes, ou erraient dans les autres salles de la maison !
 

L'aîné tente de calmer le petit énervé, qui, au premier abord, fait fi des reproches et mises en garde, mais très vite, au second « rabord » le ton est monté, accompagnant les mots avec le geste... « Paf ! paf !» un aller et retour sur les tendres joues du gamin et cette flamme tout à coup s’éteint ! Le petit était maintenant calmé et gémissait doucement...

 

Victor toujours dans son coin, Julot, dans l’autre, personne ne bougeait ! Chacun attendait que les deux chahuteurs quittent cette salle...c’était sans compter sur d’autres bruits, d’autres pas, plus énergiques, plus calculés, et disciplinés. Ces pas, très vite se rapprochèrent et...une silhouette féminine se dessina lentement, puis s’affirma... La dame se tenait droite comme un i, les mains sur les hanches, prête à demander des explications, lorsqu’elle ouvrit la bouche, Victor, quant à lui fut cloué littéralement, il venait de reconnaître la voix de son maître, enfin sa maîtresse d’un jour...la mère Michèle et son chat, même s’il n’était pas perdu,! La fameuse Annie mamma !

Page 62

CA S’ARRÊTE QUAND?... OUPS!

Cette fois, ce n’était pas une chambre, pas de lit, seulement une armoire qui pouvait le cacher, et encore fallait-il que personne ne tourne autour de celle-ci. Il s’imposa le silence, pas le moindre geste. Pendant ce temps, les nouveaux visiteurs, encore présents, s'affairaient...car Annie mamma n'était pas seule ! De la façon dont ces enfants tournaient autour des mobiliers, de la façon dont ils ouvraient les tiroirs, tout portait à croire qu’ils n’étaient pas là, pour remettre la salle au goût du jour. Aussi vite que le petit trio était entré, aussi vite il en était ressorti. Qu’étaient-ils venus faire ? Pourquoi cependant, un seul enfant était-il resté ? Ce garçon était l’auteur de l’aller et retour cinglant, donc sans aucun doute le plus intelligent, et tous cas Victor voulait le croire !

Victor encore un peu court-circuité, encore un peu baba, soudainement fut pris de maux de ventre, aussi laissa-t-il, bien malgré́ lui, échapper sa surprise, et le silence imposé fut légèrement troublé par un petit pet incongru, qu’il eut toutes les peines du monde à retenir ! 

 

Après ce petit signe distinctif, Victor se trouva nez à nez, avec l'aîné des gamins qui pertinemment savait que ce trop-plein ne venait pas de chez lui...
Mais voici que ce naturel sitôt expulsé fit son retour !
La cause ? Ce mal de ventre insoutenable qui arrivait sans crier gare, possible que ce soit dû à cette nuit, sous la bonne étoile et dans le froid ! Peut-être ce chocolat de la veille, qui le rappelait à son bon souvenir, seul un soulagement eût été le bienvenu,

Victor donne libre cours à cette nouvelle prestation débordante ! Le mal s'estompe, et l’enfant quelque peu soulagé, enfin moins lourd, les bagages... déposés !

Par chance Victor, était en compagnie d’un seul gamin, ni le petit, ni la vieille dame n’étaient dans la pièce. Il semblerait que ce jeune garçon à l’écoute, avait apprécié le laisser aller de Victor !


Il est vrai que se lâcher ouvertement fait toujours sourire, sauf dans le monde adulte, qui hier, se riait de tout et aujourd’hui, pense ce rejet pourtant naturel, osé et déplacé ! Qui a tort, qui a raison ?

Victor, et Julot qui jusque-là n'avait dit mot, sortirent de leur cachette et se présentèrent. Julot ayant récupéré ses cabans, décide de prendre congé...

Page 64

PRIS DANS L’ETAU !

pris au piège.png

Victor, quant à lui devait quitter rapidement les lieux, tout en prenant garde que la vieille dame ne soit plus présente, alors, doucement à pas de velours, il s’approcha de la porte d’entrée, l’ouvrit petit à petit, et se rendant compte du silence qui régnait dans le corridor, ainsi que dans les autres pièces, tenta une sortie fulgurante vers l’atelier.

 

Alors que ces petites jambes l'emmenaient vers le milieu de l’atelier, il se retrouva littéralement plaqué au sol, par un étau à chaque mollet.

Deux bras puissants et charnus enserraient fermement ses deux petites jambes, il laissa échapper un cri de douleur. L’étreinte se desserra peu à peu, lentement à chaque seconde, un soulagement, quelque chose de très aérien apaisait le cœur du gamin, jusqu’à ce qu’un lâcher pris soit total. L’enfant, assis, ramena les jambes sur lui et se serrant les mollets, se mit à gémir, tant il avait mal, même si l’étreinte maintenant avait été relâchée.

Sans compter que ce nouvel étau ne savait pas que Victor souffrait encore un peu de sa cheville, elle allait beaucoup mieux, mais il était inutile de réveiller la douleur ! 

L’ombre gigantesque, terrifiante, se promenait devant les yeux larmoyants du petit, soudain, croyant trouver une échappatoire, et profitant de l’inattention du monstre, il s’arc-bouta, décupla toute son énergie dans ses membres et se projeta en avant.
En vain.

Ce géant était doté d’une force nettement plus forte que Victor ainsi qu’une forme d’agilité sans pareille ; en plus il était doté d’un sixième sens, celui qui te fait agir avant de penser. Et cet homme savait pertinemment que Victor aurait tenté une seconde escapade...

L’homme ne fit rien voir de ses états d’âmes, mais il était très fier que cet enfant avec qui il avait engagé un « combat » soit un battant. Ce qui ne l’empêcha pas une fois encore de le ceinturer, mais d’éviter un étranglement. Victor, malgré cette emprise, ne comptait pas pour autant abandonner et baisser les bras, sa vie était menacée il devait se défaire coûte que coûte de cet étau humain !

Aussi devait-il jouer le tout pour le tout..., comme un jouet mécanique que l’on aurait remonté à fond de course et dont le ressort aurait cassé net, les membres inférieures du petit s’agitèrent en même temps, et se mirent à battre énergiquement l’air. Jamais, un seul coup n’aura été porté à l’encontre de l’homme, qui, doté de cette force, et de son extrême vigilance ne pouvait que mieux esquiver les coups de battoir incessants. Afin de calmer ce paquet de nerf survolté, la machine resserra un tantinet l’étau, et bientôt, comme un pantin désarticulé à qui on aurait sectionné les ficelles de maintien, le corps de l’enfant retomba inerte...

L’homme était fort, bien entendu son adversaire était un enfant, donc impossible de s’avouer vaincu en ce cas, mais cet homme, travaillait plus avec la présence d’esprit que sa propre force, et puis il savait que contre lui, ce n’était qu’un enfant, mais un enfant vivace et qui apparemment ne connaissait pas la peur, l’homme devançait et les mouvements brusques et par conséquent les coups en une fraction de seconde !

En bref, un judoka, ou un habitué du corps à corps n’aurait fait mieux ! Peut-être était-il les deux ?
“M’est avis” pensa Victor que ses adversaires devaient se rappeler de cet homme à condition qu’ils ne soient pas morts, car si le bonhomme était un guerrier il devait compter dans son parcours quelques batailles victorieuses ! Mais Victor le saurait bien tôt ou tard, car la charge malgré tout était légère et cet homme n’était pas là pour lui faire du mal, bien au contraire...et après que l’étreinte se desserre, l’enfant comprit qu’il avait trouvé sur sa voie un nouvel ami !

Page 66

L’ENFANT ET LE LÉGIONNAIRE !

agenda2005.jpeg

Quand, le calme s’instaura, que les « A qui ai-je l’honneur » furent prononcées, de part et d’autre de ces vaillants guerriers, la conversation alla bon train, avec les questions rituelles, « qui, que, quoi, où comment, », Certes venant de Victor, certaines restèrent sans réponse, d’autres accompagnées de grossiers mensonges, qui pourtant n’inquiétérent pas le moins du monde, le beau militaire.

Le même qui d’ailleurs, s’il l’avait décidé, aurait pu faire parler le gamin en accentuant la pression car, nous l’apprendrons par la suite, mais cet homme était aussi un expert dans l’art de soutirer des renseignements concernant l’ennemi, et Victor pour le coup n’en était pas un ! Pour sûr ! Le petit deviendra son protégé et gare à celui ou ceux qui lui feraient du mal !

« Jean l'blond , surnommé ainsi depuis sa plus tendre enfance, à cause de l’éclat de ses cheveux, était en effet un légionnaire permissionnaire, en convalescence.

Après un rapatriement sanitaire, suite à une vilaine blessure au mollet, puis l’admission dans un hôpital militaire, il lui fut octroyé une longue PTAC de quarante-cinq jours dont il avait déjà bénéficié en plus de vingt-neuf jours de permission longue convalescence. Natif, de Roubaix, il avait décidé́ de retourner dans sa ville natale pendant ses permissions, avant de retourner se battre pour un pays ou plusieurs pays qui n'étaient pas le sien.


Ces explications données, il expliqua encore à Victor quel était le but de sa visite dans ce hangar...il était entré dans cette maison, à la demande d’un compagnon mourant. Ayant fait la connaissance d’un voisin de lit pendant son séjour hospitalier, Jean l’blond avait fait la promesse de rendre visite aux parents de ce légionnaire décédé de ses blessures deux jours après. Et c’est ainsi qu’il s'est retrouvé face à Victor.

Page 68

SAUVETAGE
COÛTE QUE COÛTE !

CODE LEGION.png

Un problème, cependant, l'inquiétait, lui, qui ne se souciait de rien, lui, qui pouvait accepter que le ciel lui tombe sur la tête. C’était cet autre garçon, ce tout nouvel ami, en qui Victor avait offert sa confiance. Il avait su lire en lui, il était entré à la fois dans sa tête mais aussi s’était trouvé une petite place dans le cœur d’Édouard, envers qui, il se sentait redevable.

Victor, voulait à tout prix le sortir des griffes de cette mégère, il avait pensé́, bien avant de faire la connaissance de Jean l’blond, de faire un bout de route avec lui, Édouard, était vaillant, il s’était comporté comme Victor le désirait.

Maintenant, Jean, son ami, son frère, son père même, puisque le sien était depuis aux abonnés absents, ainsi que sa mère. Cet enfant qu’il était encore, même s’il jouait le grand homme, avait l’envie de se voir soutenu par des épaules puissantes ! Il avait aussi envie de quitter cet univers qui aujourd’hui ne lui seyait guère !

Victor venait de découvrir cette empathie débordante qui était depuis cachée profondément, il savait qu’il possédait un cœur, des moments de discernement, qu’il avait besoin de se reconstruire et la mission première était de retrouver et voler au secours de sa mère ! Sa maman, auprès de qui, il s’excuserait et à qui il ferait une promesse de changer du tout au tout, qu’elle soit fière de son fils ! en lui avait trouvé ces épaules et en elles il s’était reconnu comme un fils par celui qui les portait ! Autant dire qu’il y avait du travail et qu’il ne fallait pas chômer...

Avant toutes choses, Victor devait se conformer à un code de conduite et le suivre coûte que coûte ! Ne jamais abandonner son frère d’armes ! Ces armes, il venait de les faire avec ce nouvel ami Édouard ! Ce n’était pas grand-chose, mais combien importante aux yeux de Victor !

Édouard aurait pu ameuter, crier et au contraire il n’en a rien dit et gardait tout pour lui. Victor lui a fait comprendre qu'il était un frère, lorsqu’il lui confia cet objet précieux qu’il venait de subtiliser ! De deux choses l’une où il n’avait pas tort en apportant sa confiance sur le nouveau camarade, ou il ne reverrait pas ce dernier ! En ce cas, Victor avait assez de copains pour le traquer...

Pourtant le garçon oublia cette pensée ! Il était certain de la conduite irréprochable de son copain !

Page 70

PLUS DÉTERMINÉ QUE JAMAIS !

Cette vieille dame qui profitait des opportunités se présentant devant elle, lorsqu’un enfant orphelin ou abandonné, livré à lui- même se retrouvait dans l’impasse ! Victor ne savait toujours pas à qui appartenait cette grange mais cette femme avait une fois encore profité de cette situation, puisqu’elle en avait l’accès, rien ne la rebutait dans ses méfaits, comment se faisait-il qu’elle puisse circuler et continuer ainsi ce manège sans l’intervention de la police ?

A qui donc appartenait cette grange ? Il ne pouvait y avoir que deux réponses ! La première, à cette femme devenue riche de par les nombreuses exactions commises par les enfants en mal d’être, la seconde à une personne décédée, sans laisser de famille, ce qui expliquerait que la mamma s’en soit appropriée et pouvait aller et venir à son aise dans l’enceinte de ce bâtiment !

Encore fallait-il qu’elle puisse produire les papiers attestant que cette propriété lui était revenue, autant de questions que le gamin se posait sans obtenir de réponses ! Mais connaissant la “Tavernier” ses dialogues mielleux, elle ne devait pas manquer de ressources dans la ruse et la félonie pour atteindre ses objectifs !

Avait-elle seulement connu les geôles ?

Victor aurait sans doute aimé en savoir plus mais là n’était pas son souci ! Une mission doit comporter un plan A et un plan B dans le cas où il y aurait des

obstacles, ! Quel était le plan A de Victor ? Sauver Édouard ! Si problèmes, si entraves devait y avoir, de suite, mettre en action le plan B ! Quel était le plan B de Victor ? Aviser au moment voulu !

Victor, ne savait pas encore de quelle manière il pénètrerait dans la maison, tout ce qu’il désirait pour le moment, était de retrouver Édouard, avant que Jean ne le rencontre.

Comment Victor s’y prendrait-il ?
« Bah ! On verra bien ! » se dit l’enfant...

L’instant fatidique, on y était !

 

Victor se trouvait maintenant à deux pas de la maison de la vieille dame... Maintenant il doit agir sans se faire prendre et rassembler ses neurones sans les faire disjoncter !
Victor se souvenait que son père lui disait qu’il ne fallait jamais abandonner un ami derrière lui, Édouard était devenu cet ami !

Page 72

MESSAGE CODÉ !

CODE.png

Ces remparts qui déjà se dessinaient au fur et à mesure que la force de leurs jambes les propulsaient vers la cabane abandonnée... Victor sentait en lui poindre un sentiment de gêne, Jean l’Blond l’attendait sûrement à l’endroit indiqué, et il venait de désobéir pour la première fois, amenant avec lui le petit Édouard...Comment allait-il lui expliquer ? Il était hors de question d’abandonner son ami...

On verra, pensa Victor...

Lorsque tous deux arrivèrent et entrèrent dans la baraque abandonnée, Jean n’y était pas. Tant mieux se dit Victor, mais c’est comme si tu appréhendais une correction et qu’elle n’arrive pas au moment où tu t’y attendais, autant dire que le ventre a ses “maux” à dire, il se noue et toi tu te tords de douleur...

 

Les deux garçons inspectent les lieux espérant découvrir un message laissé par Jean si ce dernier était bien entré dans la cabane et, effectivement, Édouard aperçut une inscription gravée semble-t-il au couteau... une flèche directionnelle et au-dessous, ces quelques mots... “ 1er café ” !

Ce code qui n’en était pas un, reflétait exactement une volonté de se retrouver pour Jean et Victor, quant à Édouard...nous n’en étions pas encore là !

Nos deux compères se dirigent en direction de la ville, l’objectif...le premier café... Les deux enfants se laissèrent conter quelques-unes de leurs aventures respectives, histoire d’aller plus vite en chemin.

Page 74

EN DE BONNES MAINS ...

Après quinze minutes de marche à travers un petit sentier qui les amenèrent à la lisière d’un bois ! Sur leur droite, effectivement une petite maison en longère se dressait devant eux, il y avait là des rondins d’arbres fraîchement hachés que seul un homme robuste pouvait présenter !

Cet homme, était affairé à empiler puis charger sur une charrette d’autres morceaux de gros bois, sans doute pour les vendre à la criée ! Édouard, voyant l’homme empiler les bois sur la charrette, s’empressa de le rejoindre puis, sans rien dire, fit de même avec ces rondins parsemés sur le sol !

Marcel resta dans le silence et s’approcha de Jean et de Victor... Une forte accolade noua les deux amis, Marcel serra la main de Victor qui alla rejoindre son ami Édouard pour l’aider à charger, tandis que les deux hommes se posèrent sur un tas de bûches non loin de là et Jean, d’ouvrir le dialogue, expliquant la présence de Édouard en ces lieux !

Marcel pendu à ses lèvres et sans doute plongé aussi dans ses souvenirs “d’enfant de chœur” répondit tout en regardant le petit se démener et attaquer les rondins :

« C’est un petit bonhomme, il a l’air bien gentil et courageux, bien sûr que je vais le prendre avec moi jusqu’à ce qu’il puisse trouver une belle petite demoiselle ou en tous cas, qu’il puisse retrouver une situation saine ! »

-  Tu vas manger à la maison, ma femme prépare une bonne soupe bien chaude au potiron !

-  Vite fait, si tu veux bien, répondit Jean, et ensuite, nous repartirons comme les gourmands, la nuit dans une heure, va tomber et le café où j’ai loué ma chambre risque d’être fermé...

Tandis que chacun, adultes et enfants se donnèrent au plaisir de la conversation, la maison du bûcheron était là devant eux et, sur le seuil de la porte, une jolie jeune femme de type scandinave se tenait là bien droite prête à accueillir ce petit monde pour qui, une bonne soupe mijotait ! Pas un mot ne sortit de sa bouche, un sourire elle esquissa puis, elle retourna disposer la table et servit la soupe de potiron dans de gros bols !

Marcel fit remarquer que sa femme qu’il n’avait pas encore mariée était une rescapée de la rue, livrait son corps sous le joug d’une bande dont il l’avait sortie à coups de poings et de rifles, depuis elle était avec lui et il projetait de se marier...”Bien entendu vous êtes tous invités à la noce et jean mon pote, je veux que tu sois mon témoin, fait-moi cet honneur, mon ami”, Jean le remercia, sourit et opina de la tête....

La cheminée dégageait un bon feu de bois dont la chaleur inspira Victor qui se remémora, sa terrible action ayant provoqué cet incendie gigantesque... Ah si seulement il avait eu une cheminée dans l’appartement de sa maman !

Marcel se mit à conter une aventure, un exploit dans lequel lui et Jean ’blond avaient pris part. Tous deux volaient des vélos aux Allemands, à qui, ils leur revendaient non sans avoir au préalable, apporté une couche de peinture ! Cette histoire aurait pu leur coûter la vie, s’il n’y avait pas eu ce général allemand ordonnant la liberté des prisonniers adossés au mur et mis en joue, prêts à être passés par les armes !

Ce fut ainsi que Jean s’engagea à la légion, après avoir servi chez les maquisards, tandis que Marcel continua ses petits larcins et se tourna, après quoi, vers une carrière de bûcheron. Une poignée de main suivi d’un baiser sur les joues de Victor, une dernière

accolade envers Jean, et c’est ainsi que Marcel prit en charge le petit Édouard trop heureux d’être sorti de la fournaise qu’il oubliait déjà !

Page 76

LA COURÉE & LES GRANDS BAINS

la courée.png

Au fond de la cour, une dalle en béton...la pataugeoire!

Entourant cette église, les courées, on pouvait apercevoir et la vue de ce premier étage déjà bien haut, permettait une plongée en visu sur un labyrinthe, un coupe-gorge pour certains dont ils se plaisaient à nommer ! Une vingtaine de petites maisonnées sur un étage, mitoyennes, où dans chaque cour, des enfants jouaient !

Victor connaissait ce quartier et celui des alentours pour y avoir traîné ses guêtres et y avoir des amis ! Il questionna Jean quant aux prochaines investigations des recherches, qui lui répondit :

« Oui c’est bien ici que nous allons, nous allons rencontrer un de mes amis qui doit se demander si je vis encore » ...

Jean rangea ses affaires, inspecta la chambre afin que rien ne ternisse son image et fermant la porte, les deux compères descendirent l’escalier !...

Après cinq bonnes minutes de marche, l’église apparut devant leur yeux, Victor eut, durant un court instant, quelques pensées dans lesquelles, il se voyait passer la main à l’aide d’un petit outil confectionné pour pincer et saisir les pièces, un outil dont la plupart des gamins des courées étaient équipés et puiser ainsi quelques sous dans l’urne...

Puis, très vite, histoire et images s'évaporent aussi rapidement que la pensée était venue. Ils empruntèrent l’une de ces courettes, le sol empreint de terre, de pavés pendant une dizaine de maisons, et subitement, ce dernier se transforma en une terre bien damée sur laquelle un revêtement bétonné avait été travaillé !

C’était beau, c’était aussi une belle idée pour les enfants de la courée de venir s’y baigner! Baigner, étant un bien grand mot, ils venaient y patauger les jours de chaleur, et cette eau stagnante, leur apportait beaucoup de joie et autant de jeux que seuls les enfants peuvent connaître l’adulte, quant à lui ne comprend rien à ses créations, ses règlements!

Jean frappa à la dernière maison celle qui offrait un sol baignant et radiant pour enfants ! Celle qui par temps d’été offrait aux enfants de la cour, une “piscine”... C’était là, une étrange et si belle idée de permettre aux enfants de se “baigner” par temps d’été !

Page 79

QUAND LES MITRAILLETTES PARLENT...

quand les mitraillettes.png

Tout en poursuivant leur route vers la ville, Jean lui demanda, si voir un mollet en mauvais état, ne le rebutait pas ? Victor lui dit que non.

Ils stoppèrent momentanément leur marche et Jean, posa le pied gauche sur une borne hectométrique qui tombait à point pour une revue de mollet. Il releva peu à peu le pantalon et roula les plis, jusqu’à la blessure cicatrisée puis il montra à Victor son mollet gauche...

C’était comme un large morceau de paraffine chaude qui, refroidi, avait laissé un écran opaque lui recouvrant la peau, Victor fut surpris et à la fois émerveillé, de savoir maintenant avec qui il faisait copain et leva son pouce et ajoutant” putain” !

 

Une cicatrice sur le mollet qui laissait apparaître une peau opaque comme une ampoule de chevet ! Trois balles de mitraillettes s’étaient figées dans sa jambe ! Il ajouta que les toubibs étaient affairés aux soins les plus urgents sur les champs de bataille, qu’il avait donc dû jouer le chirurgien et pratiquer une opération seule au travers des lignes ennemies vietnamiennes.

Il confectionna avec les moyens du bord, un léger brasier dans lequel il plongea la lame de son coutelas, le poignard aseptisé, il commença à extraire les balles une à une, elles étaient au nombre de trois, sorties du canon d’une mitrailleuse puis après avoir allumé une cigarette, il sutura la plaie encore sanguinolente, brûlant et déposant les cendres le long de l’incision !

Cet acte de chirurgie de campagne lui permit de sauver sa jambe, éviter que la gangrène ne se propage ! Cette action au feu lui aura valu une autre citation à ajouter aux six précédentes !

Page 81

UN AMOUR DE PETIT TROQUET ...

Autour de lui le café s’animait, des hommes coiffés, la plupart de casquettes, faisaient irruption tour à tour dans le café et se pressaient devant le bar, chacun racontait sa journée qui devait avoir été bien remplie, certain râlait, d’autres riaient aux éclats, et ce petit hôtel bien sympathique apportait un air de gaieté, il ne manquait plus que l’accordéon...

Victor n’était même pas dévisagé, il semblerait que ces gens ne craignaient pas l’indifférence, ni la taille, ni l’âge, ni la présence d’un petit d’homme ne les effleuraient, les gens étaient simples et vivaient la vie dans l’instant présent !

Chacun avait terminé son dur labeur de la journée et tous ensemble, jouissaient du repos mérité dans ce petit café ! Après avoir mangé un cassoulet maison servi dans notre assiette et sortant tout droit d’une boîte de conserves, il était l’heure pour les deux amis, d’aller se coucher, Jean dans le lit et Victor sur le fauteuil, une couverture sur les genoux...

Après avoir remercié tous deux la tenancière, et l’avoir félicité pour son cassoulet maison, Jean et Victor, prirent place chacun dans leur couche respective. Victor, depuis qu’il était avec le légionnaire, apprenait les bonnes manières, celles qui passent partout et qui marquent...

Quand tu es passé on s’en souvient ! Sa maman bien sûr, lui apprenait à bien se comporter, dire merci, bonjour, au revoir quand il le fallait, mais le gamin oubliait ! Il oubliait ou feignait d’oublier, dès qu’il se retrouvait avec sa petite bande de copains. Ces derniers, qui ne laissaient pas beaucoup de temps aux sentiments et aux belles manières !

Alors, Victor mettait tous ces boniments mondains dans le fond de sa poche avec son mouchoir par-dessus, enfin il aurait pu ! Victor, n’avait pas non plus de mouchoir, tel que l’on mange...à la bonne franquette, tel il se mouchait...à la bonne franquette, un doigt appuyé sur la narine...mais je vous passe les détails !

Page 83

RETROUVAILLES !

retrouvailles.png

Revoici les deux amis, sur le sentier qui les amènerait une seconde fois chez Marcel, le bûcheron au grand cœur ! La marche autant chez Jean, que chez Victor, n’avait rien de bien difficile si ce n’est que Victor, sans doute, aurait préféré marcher seul, il ne serait pas obligé de changer de pas pour la cadence !

Ceci dit il n’avait pas trop le choix, il marchait aux côtés à la fois de son père, de son frère, de son ami, il marchait en famille en somme ! Quand ils arrivèrent sur le “campement” pas âme qui vive ! Ni Marcel, ni Victor n'étaient là et malgré tout, la charrette remplie de bois était bien présente, Tous deux ne pouvaient que se trouver à l’intérieur de la maisonnée...

Effectivement ce fût Marcel en personne qui ouvrit la porte après que Jean ait frappé par trois fois, une accolade rapide eût tôt fait de renseigner Marcel, qui, les sourcils relevés, s’interrogeait sur la venue de son pote Jean ! Victor demanda à Marcel où se trouvait Édouard, celui-ci allait lui répondre lorsque des aboiements se firent entendre...

Le chien qui répondait au nom de Athos ne cessait de renifler et le panache de sa queue balayait l’air à quarante centimètres du sol. Ces étrangers qui ne lui avaient pas été présentés, il les sentait et les appréciait !

Athos avait voté ! Il était conquis par ces deux étrangers qu’il acceptait en amis ! Un bon point dit Marcel, il vous aime déjà ! Édouard était allé le promener car tous les deux sont devenus depuis le premier jour, de bons copains, l’un ne sait plus se passer de l’autre !

LA BELLE AFFAIRE !

Désormais, il devenait inutile, de prendre les précautions habituelles pour pénétrer dans cette pièce, la porte fut ouverte du plus naturellement possible et... devant les yeux interrogatifs de nos deux compères, un spectacle inouï ! Tant de beauté, de richesses, comment refuser de croire ! C’était tout bonnement féérique ! C’était “riche” !

A la seule pensée que la maison pouvait être habitée par un banquier, un notaire, voire tout simplement un de ses fortunés, laissait entrevoir la possibilité d’une revanche à prendre contre cette société, qui n’accorde pas les mêmes droits, ce qui pour nos enfants des rues étaient devenus leur cheval de bataille ! Une façon comme une autre de renverser les éléments, le pot de terre avait la main mise sur le pot de fer ! Qu’importait la fonction de ces gens, nantis, gâtés, pourris, surnommés les riches et dont la petite classe, la basse ne pouvait souffrir ! ...

Encore un bureau, de jolis petits meubles, des secrétaires en bois, tous, ciselés, signés et gravés de caractères tout aussi étranges, relevant de pyramides, et d’yeux solitaires ! Nos deux compères, pour une fois, ressentent un climat qui ne les inspire pas, les voilà qu’ils ne se sentaient plus en sécurité, un monde nouveau et combien maléfique se dessinait sous leurs yeux...

Cependant quoique figés momentanément, les enfants décidèrent en commun de poursuivre leurs investigations. Ils ouvrèrent tout d’abord, les armoires puis les tiroirs...Cette gigantesque bibliothèque qui n’avait rien de celle de l’école communale disposait d’une quantité de livres dont certains étaient recouverts de broderie et de caractères semblables inscrits sur les armoires. Les bouquins semblaient être d’une beauté inouïe, sur la tranche de cuir, un titre gravé à l’or fin, pas un grain de poussière, et une collection impressionnante de ces reliures se présentaient alignés sans fioritures sur les étagères des armoires !

Aucune chaleur ne se dégageait de cette pièce, bien au contraire un sentiment de froideur dans un silence de mort ! Pour sûr ! rien à voir avec la grande bibliothèque de l’école qui n’avait pas une telle rigueur dans le rangement des livres ! ...

Les garçons n’étaient pas là pour voir un film, encore moins un spectacle, excepté celui devant leurs yeux. Ils se devaient encore de continuer les recherches, qui jusqu'ici n’avaient pas encore été très productives et tenter de découvrir des trésors, de vrais trésors, et utiles cette fois !

C’était bien là, le but ! Penser à emporter ne serait-ce qu’un de ces livres, relèverait du parcours du combattant, et serait, qui plus est très incommode, pour la suite réservée. Un autre bureau de même style que les armoires se tenait retiré, dans le fond de la pièce, juste dans un angle du mur.

Victor entreprend de fouiller celui-ci, s’attaquant à l’un des tiroirs...

Ce dernier était coriace, il ne voulait rien savoir, et Victor de tirer et tirer, mais en vain...aussi, demanda- t-il à Julot de venir l’aider...

Page 59

LE POIGNARD
“COUP DE COEUR”

caroiussel.png

Poursuivant sa prospection, Victor posa la main sur un coupe papier détenu sur un socle de bois ! Un autre coupe-papier presque identique à celui qu’il avait déniché dans la salle du bureau de tabac, cependant, la forme de cette lame ? Spéciale ! Voire très spéciale ! Comment pouvait-on couper, inciser avec une lame qui plus est, torsadée ? On pouvait admirer deux belles têtes de serpents et deux longues queues. Ces reptiles étaient sculptés sur le manche du coutelas. Les yeux au nombre de quatre, avaient été ciselés et renferment chacun une pierre précieuse, deux de couleur rouge, pour le serpent de droite et deux autres de couleur verte pour celui de gauche, Les deux serpents s’entrecroisaient. Au-dessus du manche, le pommeau quant à lui, terminait ce poignard. Au-dessus, s’élevait une belle et grosse boule qui devait être peinte en doré...mais était-ce seulement une couche de peinture ou de l’or ?

Victor, se dit qu’il avait touché le pompon comme au manège, ce même manège qu’il voyait souvent monté sur la place, entraîné soit par un cheval de trait, ou parfois une meute de chiens.

L’enfant, jamais, ne s’était hissé sur ces chevaux de bois, sauf, quelques fois sur le plateau tournant, lorsque le forain, lui demandait de s’enquérir des billets des clients, vêtus pour la plupart d’un costume marin, sans béret et ni pompon mais affublé d’un énorme nœud cocasse et ridicule...

Une petite pièce pour le remercier et le tour était joué. Les temps changent, non les habitudes, sauf que ce qui t’était interdit hier, t’es autorisé aujourd’hui, moyennant quelque menue monnaie !

Page 61

JE NE BOUGE PAS... CHUT !

sous la couette.png

Pas sous la couette!

Sous le lit! Il n’a rien compris!

Que venait-elle faire dans ces parages ? Dans cette maison ? Ce n’était pas, le peu qu’il sache dans son habitude à Annie mamma » de laisser les portes ouvertes chez elle ! Mais alors ? Si cette femme et ces deux mioches, venaient également pour cambrioler ? Non ! Impensable ! Victor ne voulait pas y croire. Il se devait maintenant de rester le plus silencieux possible, de ne pas esquisser un seul geste, il repensa à la momie... L’enfant, s’était déjà̀ retrouvé dans la même position inconfortable et silencieuse, une position indélicate... il lui était arrivé de se retrouver en dessous d’un lit alors que les occupants y étaient allongés.

Un jour, où plutôt une nuit, cette position inconfortable lui prit toute la nuit, car comment sortir d’une chambre qui n’est pas la sienne sans se faire prendre ? Victor a dû attendre jusqu’au petit matin que les locataires quittent la maison.


C’était la première fois que Victor faisait un fric frac, pour rentrer dans la bande il avait été obligé de disputer ce challenge, c’est ainsi qu’il fut félicité́ et accepté par ses nouveaux copains, depuis, devenus amis. Il faut avouer que la bande n’allait pas par le dos de la cuillère, rien n’était impossible pourvu que tu le veuilles ! Victor cette nuit, là s’en était sorti mais « oh oh oh quelle nuit » ! Une nuit blanche et silencieuse, enfin presque, seuls les ronflements de monsieur, de madame, voire chacun d’eux ensemble, réchauffaient l’atmosphère de la pièce et les « ronrons » bruyants, somnolents, ordonnèrent au gamin de ne pas bouger d’un iota...ce qu’il fit et non sans peine !

Au petit matin, quelle chance ! le couple prit un petit déjeuner rapide, peut-être encore trop long pour Victor qui lui était tenu de ne pas sortir de sa cachette... Quand la porte de la maison claqua, quand le bruissement d’une clé dans la serrure, Victor était enfin libre de sortir de sa cachette...Il emporta de rage un mousqueton et quelques bijoux trouvés dans une boîte d’ébénisterie !

Était-ce une mission, la toute première ? Où était-ce là un piège ? Il lui avait été dit que les occupants seraient absents ! Personne ne lui dira, il mettra cela sur le compte des nombreux aléas de la vie !

Page 63

LE NOUVEAU POTO

lepoto.png

Les deux enfants présents, se dévisagèrent et tous deux comprirent en un éclair, qu’ils sortaient de la même souche, ils se jetèrent un coup d’œil complice. Victor porta un doigt à sa bouche lui faisant signe de respecter son anonymat, ce que fît le garçon, enjoignant cette proposition d’un rapide clin d’œil, puis le gosse regarda Victor, et d’un petit sourire coquin, porta la main à son propre fessier, un doigt sur la bouche, les deux gamins pouffèrent de rire silencieusement, une main sur les lèvres, et se saluèrent d’une poignée de main, une autre amitié́ était née pour Victor.

Le nouvel ami de Victor venait en fait tout juste de déserter, et « Annie mamma » ne s’en faisait pas, certes, elle ne s’en doutait pas encore, mais « Annie mamma » c’était un peu comme une mutuelle d’assurance où quand l’un s’en va, dix arrivent, les enfants allaient et venaient et elle ne s’en souciait guère !

Avant que son nouvel ami ne repartît, Victor le tira vers lui et tout en remettant le coutelas enveloppé de papier chuchota : « Garde le, pour moi, trouve-toi une planque dans la grange et surtout attends-moi, ne bouge pas ! Quand je viendrai tout à l’heure, je m’assurerai qu’il n’y a personne en jetant un coup d’œil, tu confirmeras en sifflant “Marjolaine”...

Tu connais cet air » ?

Le jeune garçon acquiesça.
Comment c’est ton nom ?
- Édouard, répondit le garçon, puis, prenant soin de ne pas se couper, il déboutonna sa chemise et s'y enfouit machinalement sans même prêter attention à ce qui lui avait été remis et tout comme Victor, il cacha le coupe-papier au même endroit...
- Allez ! A ce soir !
Victor était heureux, remercia la providence, et, plaquant une main sur son arrière-train, remercia ironiquement ce dernier...

“En quelque sorte, c’est grâce à toi” dit-il !

Chacun s’en alla de son côté, afin de ne pas éveiller les soupçons qui pourraient se poser en cas de rencontre inopinée ...

Je n’ai pas trouvé Marjolaine sifflée, mais écoutez le persifleur et son chien

Page 65

L'ARRIVÉE DE JEAN L’BLOND DE ROUBAIX

JEAN L'BLOND.png

Cette fois, le grand gaillard qui, jusque-là n’avait mot dire, lança d’une voix sèche et autoritaire : « Calme-toi petit monstre ! cela ne sert à rien de t’emporter comme tu le fais, tu vas y laisser des plumes de la façon dont tu te démènes, de toute façon, tu n’aurais pas su t’enfuir ! Allons du calme, repose-toi et raconte-moi ce que tu fais là, je ne suis pas là pour te faire du mal !

L’enfant sentant l’inutilité́ de sa fougue, jugea bon de croire en ces dernières paroles, et se calma donc. L’homme regardait Victor, l’instant de répit qu’il lui accorda, suffit à Victor pour regarder son tyran droit dans les yeux, et il s’aperçut de la franche beauté́ de cet homme. Des cheveux d’un blond vif, coupés courts, très courts, soigneusement tirés vers l’arrière, le visage buriné, halé́ par le soleil, non celui de Tourcoing, mais un soleil venant d’ailleurs. Les traits durs de cet homme beau, fort et élégant à la fois, marquaient sans doute, un passé mouvementé et

tumultueux, dans une contrée d’Afrique, la description parfaite d’un militaire de carrière.

MON LEGIONNAIRE.png

Page 67

MISSION: SAUVER EDOUARD

EDOUARD.png

L’enfant s'abreuve littéralement des paroles du légionnaire, et décida, d’un seul coup, d’un seul, de raconter avec précision, et dans les moindres détails, toute ses péripéties, n’omettant ni, l’incendie, ni la tentative de vol dans l’épicerie, ni la rencontre de la vieille dame, et raconta même la petite razzia au détriment d’un propriétaire toujours inconnu de lui. La vérité rétablie, Victor voulut entraîner Jean l’blond vers le bureau. Son nouveau compagnon le stoppa net !

L’homme lui dit que tous deux devaient quitter les lieux, mais auparavant, il avait une mission à accomplir et surtout une promesse à tenir.
Connaissant maintenant la cache du petit après que ce dernier lui ai fait un croquis de ses « appartements », il lui promit de le rejoindre dans la soirée...

Puis, il ajouta : « Allez ! Retourne aux remparts, je t’y rejoindrai, à partir de maintenant je te prends avec moi, mais il m’est impossible, pour le moment, de prendre ton copain, toutefois, je vais lui trouver une famille, il ne doit pas rester avec cette vieille femme dont tu me parlais ! Pour l’instant va !

Victor noya sa petite menotte dans la grande main de Jean, et tourna les talons vers la sortie.
L’enfant, était heureux, il avait accordé́ toute sa confiance à son nouvel ami, qui pour le moment lui rendait bien. Il ne considérait pas cet homme comme un ami, c’était plus que cela, il s’en était fait un grand frère et peut-être ce père qui, brillant dans l’absence, lui manquait.

Victor, tout en marchant vers les remparts, pensait à ce qu’il venait de vivre, et il avait grande hâte de retrouver Jean l’blond. Il savait d’ores et déjà que le légionnaire, pour le peu qu’il resta encore quelques jours, voire quelques semaines avec lui, serait celui qui l’aiderait à se sortir de toutes situations et de ces dernières, car Victor ne désirait plus vivre cette vie qui l’avait choisi, il espérait mieux !

En premier lieu, retrouver sa maman qu’il aimait tant et quitter pour toujours ce milieu sordide dans lequel chaque jour que Dieu fait, il plongeait ! De ce fait, si tout allait mieux pour lui, il se mettrait à apprendre à lire et à écrire et changerait du tout au tout sa façon de voir la vie !

Page 69

LA PROMESSE

Jean avait une promesse à tenir, il prit la route cette fois en direction de la maison des parents de son voisin de lit ayant succombé à ses blessures, tandis que Victor emprunterait les sentiers qui menaient aux remparts...le gamin, se noya dans ses pensées tout en marchant, les nouveaux amis que le destin avait placé sur sa route..., et puis brusquement fit demi-tour, la situation de Édouard l’embarrassait à tel point, que celle-ci passait en priorité.

Lui qui venait de se trouver un nouvel ami, ce frère, ce père, ne pouvait plus penser à son égo, si modeste soit-il.
A l’approche des remparts qui se dessinaient, il fait soudainement demi-tour, bifurquant en direction de la grange !

Le souvenir d’Édouard, le face à face complice avec lui, derrière cette armoire, le poignard qu’il lui avait confié, tout cela l’obsédait ! Aussi se dirige t’il vers la maison de la vieille dame, bien sûr pour récupérer “son bien” mais aussi dans la ferme intention de sortir son ami des griffes de la mégère !

Il aurait aimé s’occuper des autres enfants, mais peut-être ces enfants n’auraient pas mangé à leur faim même, si sortis de ce carcan qui l’insupportait ! En attendant, la priorité était de sauver Édouard, et l’avenir dont il était confiant saurait bien provoquer un chamboulement pour ces autres enfants ! Il gardait donc espoir, pour les lendemains de pouvoir, eux aussi les sortir des bras de la mamma !

Page 71

MISSION TERMINÉE !

LES DEUX POTES.png

Le portail était resté entrouvert, une aubaine pour le garçon qui, sans perdre de temps, le franchit et fonça droit vers la pièce où il avait rencontré son pote. Collant son oreille contre la porte, il ne distingua aucun bruit, il poussa celle-ci et un coup d’œil suffit à s’apercevoir qu' Édouard n’était pas là...

Poursuivant ses recherches, Victor s’interroge sur une porte d’armoire entrebâillée, à moins que celle-ci n’ait pas été fermée correctement, il serait inutile d’inspecter son contenu, mais lorsque l’on tient à se cacher, on ne le fait surtout pas dans un endroit qui justement mettrait la puce à l’oreille, c’est-à-dire, dans un endroit bien secret, fermé, c’est justement en procédant ainsi qu’il y aura plus de chances pour que celui qui vous cherche vous trouve !

Cette porte d’armoire qui n’est pas fermée intrigua notre petit Victor, qui de ce fait se dirigea droit vers elle... Surprise à l’intérieur s’était assoupi Édouard, quoi de plus normal ? Que feriez-vous dans une armoire sinon qu’y dormir?

Victor secoua énergiquement son ami, qui très vite ouvrit les yeux et esquissa un sourire tout en se frottant les yeux, trop heureux de revoir son nouveau pote ! Victor sans sourciller, sans dire mots, lui colla l’index sur les lèvres et lui fit signe de le suivre...le garçon recroquevillé dans ce lit de fortune connut au début, beaucoup de mal à se lever, s’il était réveillé, ses membres encore étaient engourdis, puis il parvient à se redresser et tous deux s’empressèrent de rejoindre ce fameux portail.

Édouard, libéré du joug de la vieille dame, jura de ne plus remettre les pieds dans cet endroit infernal ! Victor, lui préférant se taire plutôt que mentir...

L’avenir en effet, le destin, seuls, auraient tôt fait de confirmer s’il revenait ou non !

Sitôt le portail franchi, voici les deux amis lancés dans une course effrénée qui ne s’arrêtera que lorsque nos deux fugitifs seront rassurés et atteindront les remparts !

Page 73

LE PROJET “EDOUARD”

Quelques minutes après, ils virent attablé à la terrasse du café le jeune homme, une tasse de café posée près de lui, ce dernier lisait un journal plié en quatre, sans doute avait -il était intéressé par l’article...ce que nous ne saurons jamais... puisque dès qu’il aperçut les deux garçons...

Le légionnaire s’empressa de ranger le quart de quotidien dans sa poche et se porta à leur rencontre... D’abord Jean lança un bref bonjour, éducation oblige, puis s’adressant à Victor. « Il me semble que je t’avais dit de ne pas ramener ton copain » !

Oui je sais ! répondit Victor, mais mon père m’a toujours dit que l’on ne devait jamais laisser un ami derrière nous, et... Il n’avait pas fini sa phrase que déjà, Jean l’blond, ouvrit la marche prenant les deux enfants par les épaules pour se rasseoir à la terrasse du café. Ce dernier les invitant à prendre place et leur offrant une collation sans alcool.

- Bon puisque vous êtes là tous les deux, oublie ce que je t’ai dit petit, et toi mon garçon, sois le bienvenu parmi nous ! Je vous écoute...racontez-moi !

 

Victor se mit alors à lui conter l’opération “sauvetage” qui s’était bien déroulée et dont il ne pouvait qu’être fier puisqu’il avait réussi à ramener et sauver son ami des griffes de la mégère ; Le légionnaire sourit, et puisqu’il avait engagé sa parole envers Victor, il dit à Édouard... “Je sais, ta situation, n’est pas florissante semble-t-il, et j’ai fait une promesse à Victor de ne pas te laisser dans la panade, je vais te trouver un ami qui t'offrira le gîte et le couvert... Bien entendu, il te faudra le remercier en te portant volontaire aux tâches qu’il te demandera, par exemple, couper le bois, le stocker, l’accompagner dans ses tournées. Mon ami Marcel est bûcheron, il ne te demandera pas ce que tu ne peux pas faire, mais tu verras vous vous entendrez bien et tu deviendras aussi fort que lui, et puis le métier de bûcheron est plaisant, tu vis avec la nature, ! couper le bois, le stocker et l’accompagner dans les marchés ! Éventuellement, d’autres petits travaux ménagers te seront demandés, pour assister son épouse, qui tu le verras, est très gentille, tous deux font un excellent couple ! Rien à voir avec ceux que la vieille dame te demandait. Certes, le travail ne sera pas facile mais je vois que tu es fort et bien bâti, tu t’en sortiras comme un chef ! Allez maintenant buvons, la nuit va descendre et il nous faut trouver Marcel” .

Tous finirent leur consommation, se levèrent de table, rangèrent soigneusement leur chaise sur la terrasse du café tandis que Jean entra dans l’établissement, paya les consommations et fit un signe aux deux garçons, de le suivre. Jean, sortit avec le quotidien plié en quatre et se remit à poursuivre la lecture entamée, le sujet devait l’intéresser particulièrement mais n’en dit mot...

Tout en lisant la nouvelle, il marchait d’un pas assuré, ses protégés le suivant, parfois sautillant pour rattraper la cadence mais toujours continuant à bavarder allègrement, c’est qu’ils avaient des choses à se dire les gamins !

Le légionnaire leur pria d’accélérer le pas, Marcel s’absentant souvent, il ne voulait pas le manquer et ainsi devoir reporter au lendemain ce qu’il voulait faire ce jour même...lui confier Édouard

Page 75

ADIEU L’AMI !

Tandis que nos aventuriers s’éloignaient, un dernier regard tourné vers l’arrière, deux mains balançaient de droite à gauche, ou peut-être de gauche à droite...qu’importe l’ivresse pourvu...

Jean se dirigeait maintenant vers la ville, Victor, quant à lui, le suivait avec peine, non pas qu’il était fatigué mais souvenez-vous de ces petites jambes qui souvent lui rendaient bien des services, et ce sont justement elles qui semblaient vouloir l’abandonner...

Le légionnaire avait déjà fait deux pas, que Victor en était au premier ! Pourtant à la légion, la cadence est bien de quatre-vingt-huit pas minutes, certes oui, mais au défilé, pas en pleine marche !

La cadence s’accélérait donc, l’enfant pouffait, suffoquait et continuait malgré cela, à tenter d’emboîter le pas ! Ils arrivèrent au petit hôtel avant la nuit. Jean s’adressa à la tenancière lui présentant un nouveau locataire, celle-ci sourit et d’un geste leur montra les escaliers ; Victor comprit dès lors que son ami Jean, règlerait la note sans lui demander un denier.

Tous deux occuperaient ainsi la même chambre !

Le lendemain, il était plus près de onze heures que sept et, déjà le soleil, pointait ses rayons perçants à travers les rideaux de la fenêtre... Au loin, se dessinait le clocher d’une église, Victor la reconnaissait pour avoir visité les troncs que celle-ci offrait aux mains enfantines et subtiles.

Un surnom avait été donné à ses enfants, on les appelait “les petites mains” et celles de Victor connaissaient les bords et les rebords de cette urne providentielle, dès que ses

fines mains plongeaient en elle ! L’église Saint-Benoît-L‘Arbre dont l’enceinte et le curé ne lui étaient pas inconnus.

Page 77

LA GEISHA

geisha.png

La porte s’ouvrit, laissant apparaître sur le seuil, un géant, torse nu, un homme en pleine santé et marqué de tatouages sur la poitrine où sur l’un d’eux l’on pouvait deviner des souvenirs d’Extrême Orient, des écrits en japonais, enfin je suppose, puisque l’on apercevait aussi de jolies filles dessinées portant une ombrelle...

Lorsqu’il nous fit entrer, son dos portait en caractères typographiques mais en Français, on pouvait lire : “ La pluie, je ne m’en soucie guère, le soleil, je préfère ! Demandez à mon amie derrière moi !”. J’avais compris qu’il s’agissait de cette japonaise à l’ombrelle ! C’est certain avec un tel message qu’il devait toujours avoir chaud !

Jean et son pote s’embrassèrent, puis ce fût au tour de Victor qui fut emporté par deux bras puissants jusqu’à hauteur du visage où celui qui s’appelait Roger, après l’avoir soulevé, lui déposa un baiser sur la joue !

Cet homme à n’en pas douter devait beaucoup aimer les enfants, la “piscine” en était une belle preuve, et cet élan spontané envers Victor, ne laissait aucun doute subsister !

Jean se mit à lui raconter en détail, la rencontre d’abord mouvementée entre Victor et lui, puis celle de Édouard, ajoutant que ce dernier était maintenant dans les mains d’un de leurs amis communs, ce qu’il approuva !

Page 78

PAS DE PIF POUR VICTOR !

pas de pif.png

Il fallait maintenant trouver une solution pour apporter assistance à la maman de Victor, mais avant cela, il était plus urgent de savoir où elle pouvait être. Jean ajouta qu’il chercherait de son côté tandis que son ami Roger ci-présent entreprendrait des investigations dans la recherche auprès de ses copains du quartier !

 

Roger accepta la mission qui venait de lui être confiée et pour clore le débat et passer aux souvenirs, il invita Jean et Victor à boire un verre de verre de * pif ! Il n’y avait cependant que de l’alcool, soit du vin, du bon gros rouge à bouteille étoilée ou de la bière, l’eau ne faisant pas partie de sa tasse de thé, ajoutant même qu’elle était non seulement calcaire mais aussi infecté, et qu’il préférerait encore boire l’eau des rizières ! Ce à quoi tous deux se sont éclatés de rire pour avoir bu de cette eau à la source. Jean n’était pas trop d’accord que Victor se rince le gosier avec autre chose que de l’eau qui plus est l’alcool, mais l’excuse était telle, qu’il accepta que Roger lui serve un verre de bière !

L’heure était venue de prendre congé et chacun se leva, remerciant l’autre puis Jean et Victor s’en allèrent... sur la route Victor avait une envie folle de connaître le parcours du légionnaire encore en activité, ce dernier était en permission de convalescence, il avait bénéficié de 45 jours de

* PATC (Permission à Titre de convalescence)

* PIF (Vin)

Page 80

VICTOR LE TOURISTE !

hotel.png

Victor s’était délecté en écoutant le récit, l’aventure lui plaisait, les combats, les guerres, il ne savait pas encore quel pouvait être le résultat, mais il se voyait déjà avec un képi blanc sur la tête quand le moment serait venu pour lui, d’entrer dans la vie d’un homme. Pour l’instant, il connaissait un premier devoir, il se devait de retrouver sa maman ! La longue route aboutissait et quelle ne fut la surprise de Victor en reconnaissant le petit café qui avait été son premier lieu de rendez-vous après avoir été délivré son ami Édouard ;

 -On va où ? qu’est-ce qu’on fait ?
J’ai une chambre en location dans ce café à l’étage, tu ne vas quand même pas dormir dehors, il y a un lit, tu le prendras, moi je dormirai sur le fauteuil...
« Jamais » ! Répondit Victor c’est à moi de dormir dans le fauteuil et puis, je suis plus petit que toi, moi je saurai, que toi tes jambes vont dépasser et surtout celle qui est en mauvais état, elle doit être allongée pour se reposer !
- Oui tu n’as pas tort, mon grand et je te remercie d’y avoir pensé ! Nous allons manger et ensuite...au pieu, extinction des feux, demain nous aurons une dure journée, il faut retrouver ta mère ! Ok ?

- Reçu cinq sur cinq, chef ?

- Nous irons voir demain un de mes amis, peut-être connaît-il ta maman ou quelqu’un de son entourage?
Tu sauras que le monde n’est pas si grand et qu’il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas...

 

Cette phrase Victor l’avait entendu dire de sa mère, de son père et d’autres gens dont il ne se souvenait plus. Les deux amis pénétrèrent dans le café, Jean invita Victor à prendre une chaise et s’asseoir à une table tandis que ce dernier grimpa les petits escaliers qui le conduiraient à sa chambre, le temps de se débarbouiller et se changer ! Ce ne fut pas de même pour Victor qui n’avait aucun vêtement autre que celui porté actuellement, Victor était en vacances, mais sans aucun bagage...

Page 82

LE COUP DE COEUR D’ORIENT !

orient.png

Au petit matin, malgré l’absence du clairon, seule la présence de l’église d’à côté et l’unique cloche du ponton avait résonné, ce qui réveilla les deux amis, pour entamer une longue journée...

Victor après avoir salué Jean, lui soumit une visite chez le nouveau tuteur d’Édouard avant de commencer les recherches pour retrouver sa mère ! Jean fut d’abord étonné, puisque Edouard venait fraîchement d’arriver chez son ami, et, Victor d’ajouter : « J’ai oublié de réclamer mon poignard lorsque nous sommes partis ! »

- Si ce n’est que ça, je t’en trouverai un de poignard...

- Oui mais le mien, il brillait sur la poignée, c’est pas pareil !

- Tu veux dire qu’il était orné de pierres précieuses sur le manche ? Est-ce que le poignard était droit ?

- Non, il avait une forme comme la lune !

- Ah ! D'accord je vois ! un poignard venant d’Orient ! mais où l’as-tu trouvé, qui as pu te donner ça ?

 

Victor raconta donc toute l’histoire, jusqu'au moment où il confia à Édouard le fameux poignard comme la lune...Jean opina du chef et valida la demande ! « Que feras-tu une fois que tu seras de nouveau en possession, tu penses en faire quoi ? »

L’enfant lui répondit que ce qu’il avait fait le jour de l'incendie, il ne pourrait jamais se le pardonner et que donner tout ce qu’il possédait à sa maman, qu’il ne voyait plus, c’était sa façon à lui de se faire pardonner. Il désirait que sa maman ne manque de rien et qu’elle puisse aussi à son tour revêtir de belles robes, un beau chapeau, et quitter à tout jamais ce vieux tablier à carreaux qui la vieillissait plus que n’importe quoi !

Jean entendit tout cela de la bouche du gamin et ne put que sourire et apprécier...Tous deux se rendraient donc au-devant de son ami Marcel, qui maintenant, gardait le petit Édouard.

L’occasion était trop belle, pour Victor de revoir son ami, de récupérer le poignard bien évidemment, et lui montrer que l’amitié chez lui était un sentiment très fort et que jamais il ne faillirait à l’engagement pris entre lui !

Page 84

ATHOS LE CHIEN DE GUERRE ...

athos.png

C’était à prévoir, Édouard était un bon petit gars qui avait su accorder sa confiance à Victor, de plus il avait gardé précieusement ce que son ami de première date lui avait confié, et pour s’en assurer, laissons les ensemble...

 

Victor lui fit un signe pour le rejoindre dehors, sifflant le toutou qui avait envie de nouveau de se promener...Quand tous furent dehors, Victor demanda à Édouard, le poignard... Le gamin s’éclipsa et revint aussitôt avec dans la main, le tissu qui avait servi d’emballage au précieux coutelas. Victor le congratula, tous deux se firent une accolade en se tapotant le dos !

Victor lui dit qu’il ne l'oublierai pas et qu’il reviendrait le revoir, pour le moment, il était essentiel pour lui de retrouver sa mère, un clin d’œil d’Édouard mit un terme à la conversation, et devant le chien qui jappait, ils se mirent à jeter au loin, des bouts de bois que le toutou, fier comme Artaban ramena la queue frétillante.

“Athos” c’était le nom que Marcel avait donné au chien au moment où ce dernier, déjà, écumait les champs de bataille de la grande guerre. Athos avait fait carrière au sein de l’armée française, quatre années de bon et loyal dévouement, quatre années engagées dans une guerre, où il avait été transféré.

Peu après le temps d’éducation qui devait faire de lui, le chien de guerre, le chien démineur, le chien de sauvetage, celui qui saurait se faufiler, là où l’être humain connaissait encore quelques difficultés ! Le chien avait été offert au régiment par la Croix rouge...

 

Marcel qui, à cette époque, était à la recherche d’un chien vigoureux qui l’assisterait dans le dur travail de bûcheron était allé dans le chenil de la croix rouge, et c’est sur Athos qu’il porta son dévolu, tant il était fort et robuste ! Dès qu’il l’aperçut il savait que la charrette transportant les rondins de bois et lui, feraient bon ménage Il ne s’était pas trompé et le récompensait de quelques friandises bien appréciées.

Page 86

JE REVIENS TE CHERCHER ...

Page 85

ATHOS LE CHIEN DE MARCHÉ !

athos2.png

Depuis, Athos, s’il pouvait parler, aurait comme Marcel, mille histoires à raconter. Athos et Marcel ne faisaient qu’un. Lorsque l’armistice fut signé, Marcel demanda la permission de récupérer le chien et ainsi pouvoir l’adopter, permission acceptée, ce qui était là le plus beau cadeau que Marcel ait reçu dans sa vie !

 

Depuis, Athos perçoit une pension pour services rendus à la France, une contribution qui vient en aide pour les frais de nourriture, quant aux soins éventuels à prodiguer, Athos reste pris en charge, par la Croix Rouge, et par l’armée en tant que chien de guerre ! Décoré ? Oui ! maintes fois ! Mais il n’en avait que faire !

Seul, son ami, son maître s’en enorgueillissait parce qu’il ne pouvait qu’être fier de son chien !

 

Pourtant même si Athos est à la retraite, il ne tient pas à rester inactif, aussi, c’est avec beaucoup de joie qu’il accompagne son maître à la ville pour y vendre son bois ! A ce titre, j’aimerais pour Athos, et tous ses frères, offrir ces petites citations, pour leur montrer que nous les aimons...

Je soupçonne les gens qui n’aiment pas les chiens, mais je fais confiance à un chien, quand il n’aime pas une personne.

 Bill Murray

Le monde serait un endroit plus agréable, si chacun avait la capacité d’aimer aussi inconditionnellement, qu’un chien ! M.K. Clinton

Caresser, gratter et câliner un chien, pourrait être aussi apaisant pour l’esprit et le cœur, que la méditation profonde, est presque aussi bonne pour l’âme que la prière .

Dean Koontz

Page 87

ALLEZ OUST! DU BALAI!

marre.png

« Je te l’ai dit mon grand, nous retrouverons ta maman d’une manière ou d’une autre mais sois certain que tu la reverras » ! lança Jean, en regardant le petit, qui même s’il ne pleurait jamais, sentait poindre une larme sur le coin de l’œil, , et Jean s’en était aperçu, si bien qu’il passa son pouce pour évacuer cette légère humidité dont il n’en parlera jamais! Victor était sensible mais restait fort et Jean l’avait compris !

 

Victor pensait toujours à cette fameuse soirée où il lui prit l’envie de s’accrocher derrière la charrette il pensait à ce jour, où sa maman lui courait après, et où elle était incapable de le poursuivre, il pensa à ce jour où il vit pleurer sa maman de déchirement... ce déchirement musculaire contracté après le coup de balai... C’était une question, que l’enfant se posait bien souvent et qui devait trouver sa réponse très vite, une maman comme la sienne, était unique, même si parfois la douceur laissait libre cours à la douleur, des coups de balais, ce fameux balai qui arrivait quelquefois à débusquer le chenapan embusqué dessous la table de la cuisine...et toujours afin d’éviter les coups !

L’enfant ne pouvait chasser de son esprit cette image honteuse d’avoir empoigné le manche et brusquement l’avoir retourné... Depuis cet instant, sa maman souffrait de ce retournement surtout quand le temps virait à la pluie ! Oh ! Il n’avait rien fait de mal, tout comme il avait voulu se réchauffer, il avait simplement voulu esquiver les coups de balais sur son corps.

Jamais il ne pourrait oublier malgré tout ! Mais il devait savoir qu’une maman, même si elle est douce, sait punir quand il le faut et user de stratagème et de tactique imparables pour un enfant qui pense être le plus rusé...

Lorsque sa maman ne pouvait le déloger de son abri, celle-ci repoussait la table contre les murs, il ne restait plus que deux issues de secours sur quatre, et forcément le garçon se retrouvait pris en étau et n’avait plus qu’à se rendre...”Je ne le referai plus maman”. Mais cela c’était bien avant les prochaines récidives... Peu à peu, ses pensées s’échappèrent timidement et furent bientôt ensevelies sous un amas où les souvenirs auraient pu encore se ramasser à la pelle, mais la route était longue, et Victor emboitait les pas de son ami Jean qui n’avait pas ralenti la cadence.

 

Il fallait donc à tout prix retrouver sa mère et tenter de se faire pardonner en offrant à sa maman, une somme conséquente d’argent, plus qu’elle n’en avait jamais eu dans sa vie !

“ Peut-on et doit-on pardonner ? Oui ! sans doute, mais de là à oublier ?... Le petit savait que personne, jamais, ne saurait effacer l’image de cette triste date, lorsque le feu ravagea tout le bâtiment “. Il en avait causé du tourment à sa maman, mais ce feu dépassait toute espérance ! Ne lui jetons pas la pierre, il s’en voulait et puis souvenons-nous qu’il ne désirait que se réchauffer, rien d’autre, ce n’était pas un pyromane né ! Il est vrai que le petit n’était pas toujours tendre, non pas qu’il soit méchant, mais accoutumé à une turbulence, qui bien souvent, récoltait bombance en matière de punitions !

Le papa étant absent et pour quelque temps, c’était la maman qui jouait au papa, et parfois même les punitions étaient telles que Victor rassasié, ne revenait pas à la charge. Sa maman avait longtemps côtoyé son militaire de mari, et lui, de lui raconter souvent les péripéties et les aventures de chambrée ! Un dortoir, une journée bien remplie, une nuit !

Trois bonnes raisons qui normalement nous poussent à dormir ! Mais ce n’était pas le cas de tous, notamment d’un cerveau brûlé, et camarade de guerre ! Ce garçon à peine âgé de dix-neuf-ans avait des difficultés pour s’endormir, il gesticulait, braillait, chantait et cela ne plaisait pas à ceux qui avaient déjà impacté la première minute du repos du guerrier !

Le lascar le savait, la punition, le lendemain dans les tranchées serait salé ! Bien que ce jour-là, elle fut plutôt sucrée... En effet, quand ce fut l’heure de la soupe, les hommes gagnèrent le petit resto et tous esquissèrent un sourire jusqu’aux oreilles...

Page 91

LA VALISE ET LA SOLDE...

piastre.png

Allongé près du corps sans vie, il amena à lui tous les branchages et feuilles qui jonchaient le sol, il resta ainsi durant un temps qui lui semblait indéfini, en proie aux fourmis qui elles aussi avaient décidé de cette demeure d’infortune !

 

Quand il fut certain que la colonne s’éloignait, il se leva puis énergiquement se secoua, chassant les anciennes locataires qui avant de partir lui laissèrent un souvenir longtemps gravé dans la peau ! Les compagnies de viets assaillant “Lang Son” restaient à ses yeux, insignifiantes compte tenu des régiments de ces petites dévoreuses !

Sa saisissant de la valise de l’officier Viet, il l’ouvrit non pas sans avoir combattu avec la fermeture et lorsque celle-ci montra son contenu, brusquement et sans réfléchir il la referma, puis de nouveau la ré-ouvrit et contempla ces liasses de billets reliées à un élastique, le tout aligné à la militaire, pas un pli sur leur tenue, et un garde à vous à ne pas dépasser la ligne ! Décidément ce chef comptable qu’il venait d’occire était l’exemple même de la rigueur !

 

L’homme libre se fraye dès lors un chemin dans les herbes les plus hautes de la sauvage végétation, armé d’un pistolet mitrailleur précédemment confisqué à l’officier trésorier chargé de la solde de l’armée et met le cap sur le Laos...

 

C’est ainsi, que le long, très long périple se termina, où le légionnaire à la fin de son aventure à travers pitons, vallées et rizières, arriva à la frontière dans la ville de Thay Trang et, put échanger dans un marché populaire les piastres contre de l’argent français !

Puis le voyage et les embûches rencontrées, l'emmènent jusqu’à Saïgon où, il tentera d’oublier la guerre se réfugiant dans les bras de l’amour !

 

Laissons ici cet épisode et revenons au temps présent, tandis que Victor et Jean replaçaient l’argent dans le sac plastique renfermant la somme en billets d’une valeur de cinq mille francs qui devait trouver une cachette dans la chambre. Le sac bien à l’abri serait dès le lendemain le compagnon de voyage de nos deux amis en quête de trouver cette femme qui manquait tant à l’enfant, sa maman ! Maintenant mon grand il nous faut dormir, demain sera une longue journée, en prévision, retrouver ta maman et tes potes que tu as contactés pour ce faire, en espérant que les nouvelles concernant les recherches auront été fructueuses !

- Allez bonne nuit soldat ! Bonne nuit mon ami à demain !

Page 93

BESOIN D’AIDE !

chat.png

Tous deux, habillés des vêtements de la veille excepté Jean, qui lui, revêtit une chemise fraîchement lavée et repassée par la tenancière, gardant le même pantalon et les voici, se dirigeant dans la salle où déjà des clients, un verre de bière sur le comptoir se perdaient dans des dialogues où travail, guerre et rires se mêlaient ! La tenancière voyant descendre les deux amis, leur fit un sourire et les invita à prendre place à leur table habituelle, leur apporta un bol à chacun l’un rempli de café noir, l’autre empli de chocolat bien fumant, disposa une corbeille de pain, assiette de beurre et pot de confiture...quel déjeuner pour le gosse ! Après s’être restaurés, ils quittent la table et se dirigèrent vers la sortie, après avoir remercié tous deux la patronne...

Aujourd’hui, dit le légionnaire, nous allons savoir si Roger a réussi à apprendre quoi que ce soit sur ta maman ! Allez Go ! c’est parti... Et les voici tous deux sur la route une fois encore pour retrouver le grand Roger, l’homme à la piscine...

L’homme se tenait debout, torse nu malgré le petit vent du matin, dans sa main un arrosoir pour son “petit coin de jardin” se limitant à un bac d’une soixantaine de centimètres en longueur et vingt de large dans lequel il avait planté quelques graines, il passa l’arrosoir dessus et les aspergea d’eau. Si cet homme avait une passion pour l’art asiatique, il aimait autant les geishas que les fleurs ! Son seul regret, habiter dans une maison en cour, de deux pièces sur un étage, lui qui rêvait de terrain à défricher pour prendre soin de son jardin ! Quand il aperçut Victor et Jean, ce fut embrassades et accolades puis une invitation à rentrer chez lui. Le café servi, Roger leur apprit que la maman avait été aperçue, elle allait de maisons en maisons et toujours à la recherche de son fils, puis elle avait été vue alors qu’elle était accompagnée par...

Un jeune “porteur” âgé d’une quinzaine d’années, le sac semblait trop lourd pour que celle-ci le porte tant et si bien que ce gamin l’avait aidée !

La femme et l’enfant se dirigeait vers la ville empruntant le tramway, ensuite personne n’avait d’explications quant à la destination. 

Victor et le légionnaire se regardèrent et leur visage montrait un consentement mutuel, ils avaient donc une piste c’était à eux de l’élargir et d’en savoir plus sur le lieu précaire choisi ! Qui donc aurait pu l’héberger ou lui proposer le gîte, voire même un logement à louer ?

Jean sortit de la maison, Marcel embrassa Victor tout en donnant quelques petites tapes sur le flanc d’Athos qui répondit en aboyant, Victor prit son museau et lui déposa un doux baiser sur la truffe, Athos de nouveau aboya, et fit comprendre qu’il aimait déjà beaucoup Victor, puis il se positionna et resta assis au côté d’Édouard !

 

Son ami avait vraiment beaucoup de chances de se retrouver ainsi bien accompagné, Tout ceci, c’est à Jean qu’ils le devaient, et qui, déjà reprenait la route... Victor le rejoignit, puis dégaina son enveloppe de tissu, y sortit le poignard, le tendit à Jean.

L’homme le soupesa, examina grosso modo, les pierres précieuses, ornant le coutelas d’orient et après l’avoir soigneusement emballé dans le même morceau de tissu, il enfouit, lui aussi ce précieux colis à travers le pan de sa chemise, ajoutant ; “Je suppose que tu veux de l’argent”, nous irons revendre le poignard qui devrait te rapporter, une très belle somme d’argent !

 

Victor était heureux, il ne lui en fallait pas plus, juste de l’argent pour sa maman...mais où donc était sa maman ?

Page 88

ET ILS FINIRENT, PAR TOUS S’ENDORMIR !

Ils avaient envoyé un éclaireur, un cuisinier qui avait tendance à trop sucrer la soupe. Il n’y avait plus qu’à imaginer le jeune homme mangeant, et déglutissant cette dernière sous les rires tonitruants de ses camarades de guerre ! Parfois la punition avait un goût amer et de sel, chacun ses idées pour bien dormir !

Mais les espiègleries pour contrer l’espiègle malgré lui, ne s'arrêtaient pas là ! Il leur arrivait d’avoir une espèce de bouillie pleine de pâtes, oui ! mais pas encore de “Panzani” et là c’était le pompon !

Le gamin, alors qu’il engloutissait sa ration de pâtes, se retrouvait à croquer en même temps gros sel et anchois, ou un poisson plein d’arêtes, autant dire que son repas se terminait par un coup de sifflet bref, et toujours sous les rires de ses potes, car malgré tout c’était des potes ! Le coup de sifflet bref annonçait à la fois, la fin du festin mais aussi, le début des attaques des “fridolins”...

Il avait faim, très faim, mais le malheureux ne se releva pas le lendemain, il fut touché par un éclat d’obus ! Ainsi il mit un terme à la comédie, ses copains l’ensevelirent, plantèrent un piquet de bois surmonté d’un casque, celui de leur camarade ! Sur un morceau de carton planté avec un morceau de barbelé, ils avaient écrit : « On t’a bien eu souvent et c’était pas méchant ! Mais en face, ils t’ont eu, et on le jure on les aura » !

Chacun à tour de rôle avait posé un mot ! Ils étaient vingt-deux, odieux, farceurs mais jamais méchants ! Ont-ils seulement réalisé cette promesse, nous ne le saurons jamais, tant de morts avaient été dénombrés dans cette tranchée !

La guerre terminée, les corps furent inhumés et chacun dormait l’un près de l’autre et le garçon plus que jamais !

Page 89

CHEZ MA TANTE...

Soudain le gamin fut extirpé de ses pensées, il marchait et pensait ! Oui ! cela lui arrivait et surtout quand il avait mal fait...

« Nous allons déposer ce coutelas chez “ma tante”, tu vas pouvoir recevoir une belle somme d’argent et l’offrir à ta maman à la condition que nous la retrouvions très vite » !

- Pourquoi chez ta tante, elle est riche ?

-  Non ! répondit son ami qui se mit à rire, on va le mettre “au clou” !

-  Je ne comprends rien ! d’abord ta tante, ensuite un clou, explique-moi ! je comprends rien de rien !

- Ma tante c’est le surnom du mont de piété, et mettre au clou, dans le jargon, c’est déposer quelque chose qui t’appartient dont tu ne veux pas te séparer, mais qui t’apportera la satisfaction d’un échange monnayable !

Cette façon permet à chacun d’entre nous de solutionner un problème d’argent quand il fait défaut. C’est une banque, rien d’autre, qui fait mine de donner aux pauvres mais en fait qui ne prête qu'aux riches ! Plus l’objet est de valeur, plus tu auras de l’argent, mais attention il y a une loi à tout ça, si après un an et un jour tu n’as pas remboursé ce prêt, tu ne récupères plus ce que tu as apporté, et tu n’en es plus le propriétaire ! 

Et bien entendu tu t’es engagé donc des intérêts courront que tu devras respecter ! Autrement dit ce n’est pas une parole que tu prononces dans le vent, chez nous à la légion nous appelons cela "l'honneur" !

 

Une parole d’honneur ! Il faut et tu te dois de toujours respecter tes engagements, l’heure c’est l’heure, avant l’heure c’est pas l’heure, après l’heure c’est plus l’heure, tu saisis ?

- Oui je comprends un peu, si je dis à ma mère que je rentre pour manger, j’ai pas intérêt à être en retard ! Et dire que j’ai eu beaucoup de trucs que je re-fourguais à mes potes, alors que j'aurais pu les revendre plusieurs fois !

- Oui c’est à peu près ça mon garçon ! Allez dépêchons-nous on ne doit pas arriver à la fermeture et je n’ai pas pour habitude de prendre du retard quand je m’engage dans ce que je dois faire, au pas camarade !

 

En effet quelques pas bien cadencés avaient été providentiels, la porte n’était pas fermée...

Lorsque tous deux sortirent, c’est chargé d’un sac de plastique avec à l’intérieur une somme conséquente dont Victor ne prit naissance que seulement arrivé à l’hôtel !

Page 90

LA BANQUE EST OUVERTE !

colonne.png

Après s’être restaurés copieusement, les deux amis regagnèrent leur chambre et Victor de compter les billets éparpillés sur le lit, c’était plus qu’il n’imaginait, plus qu’il n’en avait vu sans sa vie ! Compter jusqu’à dix, vingt, le petit savait faire mais cinq mille était un vrai calvaire, il passa le flambeau à Jean qui se mit à compter, confirma la somme de billets étendus et de lui raconter qu’il avait lui aussi connu cette situation où l’argent coule à flot en si peu de temps, ajoutant que ce n’était pas de l’argent français mais des piastres, une monnaie courante en Asie...

 

Alors qu’il avait été fait prisonnier après la chute de Cao Bang au Tonkin, ce dernier s’est retrouvé dans la colonne qui devait le déporter ses camarades de guerre et lui dans un camp retranché non loin de là...mais il n’était pas homme à vouloir se laisser abattre. Il avait remarqué qu’un des hommes, un chef, était en retrait et portait une valise, celle-ci intriguait le légionnaire au point de vouloir s’en saisir, la bataille avait certes été perdue mais pas la guerre !

Cette guerre, il se devait de la continuer et surtout pas devenir l’un de ces prisonniers à qui étaient réservés les traitements les plus inhumains!

 

Il décida donc qu’au premier bosquet que la colonne croisera, de tenter l’évasion ! Il s’évada dans les conditions qu’il espérait, peu avant avoir atteint un bosquet. Le dernier de file poursuivait sa route sans trop se soucier d’un danger, puis, une envie pressante lui fut commandé de stopper la marche pour se laisser aller à profusion, il n’eut pas le temps de rengainer son artillerie que déjà deux mains enserraient le cou de l’officier Viet...

 

Jean, tapis à l’ombre des feuillages avait saisi l’occasion de ce petit interlude passager que tout à chacun connaissait !

Page 92

LE SAVON DE MARSEILLE

SAVON.png

A Défaut de grives, on mange des merles, à défaut de dentifrice, on bouffe du savon de Marseille !

Cinq petites minutes auront suffi pour que tous deux se plongent dans un sommeil où le rêve de chacun est permis ! Tandis que Jean se retrouvait sur les champs de bataille contre les viets, contre l’ennemi d’antan, Victor lui rêvait de beaux présents qu’il offrait à sa mère...

7 heures du matin, le soleil pointe déjà ses rayons à travers les rideaux de la chambre de l’auberge, Jean se lève d’un bon et, laissant encore dormir le petit, utilise la bassine en étain qu’il plonge dans le grand évier en gré et commence sa toilette minutieuse du matin, rasage de près, dents soigneusement lavées...il faut dire que Jean prenait un soin dentaire exemplaire s’il pouvait se laver les dents quatre à cinq fois ce n’était pas anodin chez lui !

La toilette terminée il approche du lit où Victor est toujours dans les bras de Morphée, une petite secousse brève puis une seconde et voilà le gamin qui écarquille les yeux, les frotte et sourit à son ami !

On y va, dit Victor ! Hé doucement garçon, avant tout...ta toilette et tes dents, si tu n’as pas de brosse passe ton doigt dessus et frotte, utilise le savon de Marseille c’est pas bon mais récurrent pour des dents saines que tu veux garder longtemps !

 

Le gosse fit d’abord la moue rien qu’à penser à ce goût de savon, qui lui rappelait un très mauvais souvenir, mais tous les bons conseils que lui prodiguait Jean, étaient de bon aloi depuis qu’il avait fait sa connaissance, alors il s’exécuta, commençant par le plus difficile, ce goût de “ n’y revient pas” puis, il plongea les mains dans la bassine, utilisant la même eau que son ami avait utilisée pour se laver ! Jean se mit à sourire, autant dire qu’il aime bien les mouvements spontanés de son petit protégé !

 

VICTOR, SES AMIS ET SON PAPA ONT DÉCIDÉ DE PRENDRE QUELQUES JOURS DE VACANCES POUR SE RESSOURCER ET VOUS LAISSER À CETTE PREMIÈRE LECTURE, SI TOUTEFOIS, VOTRE APPÉTIT N’A PAS ÉTÉ COUPÉ!

SITE EN CONSTRUCTION.gif
METREUR.gif
TRAVAUX.gif
UnderConstructionGif.gif

Bonjour ! Tu es venu sur le site, cette page a attiré ton attention et je t'en remercie, laisse ton appréciation dans la fenêtre des commentaires ci-dessous et si tu veux que tes amis profitent de ce que tu as vu et lu sur le site, n'hésite pas à leur en faire part ! Sois la bienvenue !

Désolé pour le nombre de commentaires restreints, (5) autorisés sinon il faut payer et je pense que j'ai suffisamment payé depuis 2006 pour que chaque visiteur ait sa tranquillité, aujourdhui, je ne peux faire face, ce qui explique la raison que mon site ne m'appartient pas mais qu'il est la propriété de Wix, qui consent à ce que je l'utilise gratuitement seulement les restrictions sont bien présentes !

Jean-Paul

bottom of page